La travailleuse lavalloise est sur le bateau humanitaire canadien
La déléguée de Québec Solidaire, Manon Massé, en année sabbatique du Centre des femmes de Laval, s’est envolée le 19 juin pour Athènes avec Marie-Ève Rancourt, de la Ligue des droits et libertés.
Les deux femmes font partie de la flottille d’aide internationale pour Gaza, une enclave palestinienne dont les communications, les échanges et le ravitaillement sont coupés avec l’extérieur depuis cinq ans par Israël.
Israël impose ce blocus depuis l’élection du Hamas, un parti qu’il définit - comme le Canada - comme une organisation terroriste.
Au total, 35 autres Canadiens, dont cinq Québécois monteront à bord du bateau canadien pour Gaza, qui devait partir hier ou aujourd’hui.
Objectif de la flottille
« Ce n’est pas la première fois dans ma vie que je prends des risques pour que la justice se réalise, mais sur un bateau, c’est une première », déclare la militante.
« Pour nous, c’est essentiel de briser le blocus israélien. À Gaza, 1,5 million de personnes vivent dans une prison à ciel ouvert, pas plus grande que l’île de Montréal et 95 % de la population ne peut pas sortir », dit-elle.
« Notre objectif est clair : nous apportons du matériel humanitaire sur dix bateaux », explique-t-elle.
Préparation des militants
Les 300 militants originaires de 22 pays, qui participent à l’opération, ont suivi une formation de quatre jours.
« Nous avons été extrêmement bien préparés, chacun de nous a signé un engagement pacifique clair. Je suis extrêmement consciente des risques », indique Manon Massé.
« C’est une chose de se dire pacifiste et non-violent, mais s’en est une autre d’être agressé par une armée. Les militants sur le bateau canadien sont des gens expérimentés », ajoute-t-elle.
Selon ses informations, l’un des participants était à bord de la première flottille pour Gaza, en mai 2010, lorsque l’abordage du navire turc par les commandos israéliens s’était soldé par la mort de neuf militants.
« J’ai besoin de continuer à croire que je vais rencontrer ces gens qui sont si courageux. Entre nous, on se dit : “On se revoit dans une semaine à Gaza”, c’est ce qui nous tient », précise Mme Massé.
Critiques du gouvernement canadien
Manon Massé s’indigne contre le gouvernement conservateur. « D’une part, il signe de multiples ententes avec l’Organisation des Nations Unies, adopte une résolution pour s’assurer de l’approvisionnement sans entrave à Gaza et d’autre part, il ne veut pas aider les Canadiens qui veulent aider les Gazaouis », remarque-t-elle.
Le gouvernement de Stephen Harper a qualifié le projet de la flottille « d’acte provocateur ». « On s’en va à Gaza qui est en territoire palestinien. On ne va pas provoquer Israël », insiste la travailleuse lavalloise.
Pressions importantes
Tout se fait dans le calme en Grèce, selon les dires de Mme Massé, « même si ça joue rough ». Le bateau canadien est surveillé 24h sur 24, car deux embarcations de la flottille ont déjà été sabotées.
Après plusieurs plaintes, sept embarcations, dont le navire canadien, ont été de nouveau inspectées. « Le bateau canadien transporte des médicaments. Des citoyens de Gaza nous ont fait une liste », affirme Manon Massé.
Au total, 15 journalistes vont accompagner les militants pro-palestiniens à bord des bateaux, dont la correspondante de Radio-Canada, Alexandra Szacka. « Elle est notre filet de sécurité, car elle va pouvoir rendre compte de ce qui se passe », conclut Mme Massé.