C’est presque un rituel en Israël. Il arrive en effet régulièrement qu’un ancien haut responsable de la sécurité du pays, thème central de tous les discours politiques, sorte de la réserve longtemps imposée par la fonction pour dire sa façon de penser la politique. Les exemples abondent en provenance de l’Armée de défense d’Israël, qui a irrigué tous les courants partisans du pays, de la gauche à l’extrême droite. Mais les deux organes également prestigieux que sont le Mossad et le Chabak (ancien Shin Beth) responsables respectivement de la sécurité extérieure et intérieure ne sont pas en reste.
Après un long mandat sous les ordres d’Ariel Sharon, d’Ehoud Olmert et de Benyamin Nétanyahou, et un certain nombre de coups tordus inhérents à la fonction, l’ancien patron du Mossad, Meïr Dagan, se lance à son tour dans l’arène. Il avait déjà pris de court le gouvernement israélien, une fois retraité, en disant tout le mal qu’il pensait de l’hypothèse entretenue par Israël d’une frappe préventive visant le programme nucléaire iranien. Il vient de récidiver le 2 juin en assurant qu’Israël devrait accepter l’Initiative arabe de paix (texte en anglais : [1]), une ouverture sans précédent faite en 2002 par la Ligue arabe sous l’impulsion de l’Arabie saoudite et que les gouvernements israéliens successifs ont toujours négligée.
Cette initiative prévoit une normalisation complète avec Israël pour tous les membres de la Ligue arabe (étendue en 2007, à Riyad, à ceux de l’Organisation de la conférence islamique) en échange de la création d’un Etat palestinien dans les lignes qui prévalaient à la veille de la guerre de 1967 (une perspective rejetée par M. Nétanyahou), et d’une solution négociée entre les deux parties pour les réfugiés palestiniens.
Meïr Dagan rejoint donc la cohorte prestigieuse des Efraïm Halevy et Ami Ayalon, anciens patrons de la sécurité d’Israël qui dénoncent depuis plus d’une décennie les choix arrêtés par les gouvernements portés au pouvoir par les Israéliens.
Ce qui peut également se traduire par prêcher dans le désert.