Israël a conquis et annexé Jérusalem-Est à la faveur de la Guerre des six-jours, en 1967, et fait de la ville sainte sa capitale réunifiée ad vitam aeternam. Mais les Palestiniens revendiquent la partie orientale de la ville comme capitale de leur futur Etat.
Salam Fayyad avait l’intention d’inaugurer une rue dans le quartier de Dahiyat al Salaam, situé dans la partie de la ville annexée en 1967, mais Netanyahu a fermement rappelé lundi aux forces de sécurité israéliennes que toute activité de l’Autorité autonome palestinienne à Jérusalem-Est était interdite [1].
A la place, Fayyad s’est rendu dans un autre quartier situé juste en dehors de la ligne de démarcation municipale d’Israël, où il a visité une école dont la rénovation a été financée par l’Autorité autonome du président Mahmoud Abbas.
Prié par la presse d’expliquer son changement de programme, le Premier ministre palestinien, un ancien économiste de la Banque mondiale bien en cour en Occident, a répondu : "Qu’est-ce que vous attendiez ? C’est ça l’occupation !"
L’annexion par Israël de la partie orientale de Jérusalem et ses faubourgs n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, même pas par les Etats-Unis, pourtant le plus proche allié de l’Etat juif.
CAPITALE ÉTERNELLE DE L’ÉTAT DE PALESTINE
Fayyad s’efforce, dans le cadre de l’autonomie limitée dont dispose l’Autorité palestinienne aux termes des accords d’Oslo de 1993, et avec le soutien de l’Occident, de poser les jalons d’un futur Etat palestinien en Cisjordanie.
Il s’attache notamment à fournir aux quartiers arabes de la ville les services que les autorités municipales israéliennes leur dénient tout en se défendant de toute discrimination envers les résidents palestiniens, alors que ceux-ci payent des impôts locaux.
A Dahiyat al Salaam, Fayyad devait inaugurer une nouvelle artère pavée pour un coût de 96.000 dollars (près de 70.000 euros) grâce à des fonds palestiniens. Le quartier est situé hors du "mur" de sécurité israélien séparant Jérusalem de la Cisjordanie, mais à l’intérieur des frontières municipales israéliennes.
Ce "mur" de béton, censé protéger les Juifs des attentats des groupes extrémistes, donne aux résidents palestiniens l’impression d’être exclus de la vieille ville, où ils ne peuvent habiter que s’ils possèdent des permis de résidence israéliens.
Selon Ghassan Khatib, porte-parole de l’Autorité palestinienne, Fayyad avait pour objectif de mettre en lumière la négligence d’Israël envers les Arabes qui se considèrent comme des citoyens de seconde zone.
"Nous sommes ici pour mener à bien une entreprise sérieuse, la naissance de l’Etat de Palestine", a déclaré Fayyad en visitant l’école.
"Nous sommes ici dans les faubourgs de la ville de Jérusalem qu’Israël a occupée en 1967 et qui ne deviendront rien d’autre que la capitale éternelle de l’Etat de Palestine", a-t-il martelé.