Cette semaine [24 août], Lady Ashton a créé la surprise en se déclarant concernée par le sort d’Abdallah Abu Rahma, un des leaders du mouvement de résistance populaire du petit village de Bil’in en Cisjordanie. La Haute Représentante a précisé que « l’UE considérait le tracé du mur comme illégal là où il était construit sur le territoire Palestinien » et que « l’emprisonnement possible de Mr Abu Rahma était destiné à l’empêcher lui et d’autres Palestiniens d’exercer leur droit légitime de protester contre l’existence de la barrière de séparation d’une manière non-violente » [1].
Cette déclaration est lancée la veille d’une relance des pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens, dans lequel le Quartet jouera un rôle de médiateur. Même si les Etats-Unis occupent une position dominante dans cet ensemble, la déclaration d’Ashton sur le sort d’Abdallah Abu Rahma est de taille à inquiéter les autorités israéliennes. Israël n’a d’ailleurs pas tardé à exprimer sa désapprobation face à cette tentative d’ingérence de l’UE dans son système judiciaire. Mais la véritable crainte d’Israël est de voir l’UE se détacher des positions américaines et emprunter une position plus ferme vis-à-vis de l’occupation israélienne lors des futures négociations.
Des négociations qui s’annoncent chaotiques eu regard de l’actualité de cette semaine. C’est davantage une résignation qu’un réel engagement que Washington avait arraché la semaine passée à l’Autorité Palestinienne. Contraint par les arguments économiques américains, Mahmoud Abbas a finalement accepté tant bien que mal de négocier sans condition préalable. Néanmoins cette semaine l’AP s’est rétractée en annonçant qu’elle se retirerait de la table de négociations si le moratoire sur la colonisation n’était pas prolongé. Depuis une semaine, Mahmoud Abbas a en effet du mal à justifier son geste face à une opinion publique qui l’accuse d’avoir capitulé face aux pressions américaines et israéliennes.
Netanyahou a donc été sommé par l’administration américaine de donner des garanties sur la colonisation. Pour s’en sortir sans par ailleurs froisser les factions d’extrême droite de sa coalition, ce dernier a consenti à un « mini-gel » de la colonisation pour prolonger le moratoire. Ce « mini-gel » ne concernera que les tentatives de colonisation illégales, au cœur de la Cisjordanie, et non les grandes colonies de peuplement comme Ariel, Maale Adoumim, Modiin Illit, etc. Pourtant, ce sont bien ces dernières qui posent le plus de problèmes aux Palestiniens. Pour la plupart englobées par le mur de séparation Israël et reliées entre elles par des routes réservées aux Israéliens, elles morcellent la Cisjordanie en une multitude d’ilots isolés (voir la carte de l’OCHA).
La prise de position de la baronne Ashton est donc loin d’être insignifiante. La Haute Représentante a en effet réaffirmé que l’UE considérait le tracé du mur se situant en territoire palestinien comme illégal. Si elle continue à suivre cette logique, l’UE pourrait maintenant exercer des pressions sur Israël afin qu’il concède davantage qu’un « mini-gel » sur la colonisation. Dans le cas contraire, il est fort à craindre que l’on assiste seulement à des « mini-négociations ».