Deux lettres, restées sans réponse, avaient été envoyées au directeur du magasin dont l’une en recommandé avec avis de réception, demandant un rendez-vous. Un membre de l’AFPS s’est rendu au magasin pour fixer un rendez-vous directement, il a vu le directeur qui lui a déclaré qu’il était sensible au problème palestinien... mais qu’il n’avait pas le pouvoir de décision sur le maintien ou le retrait des produits, que ça dépendait de la direction nationale des magasins. Il avait donc transmis notre correspondance à la direction régionale de Marseille et à celle de Paris qui devraient nous répondre. Il s’est opposé à ce qu’une distribution de tracts ait prochainement lieu devant le magasin, arguant que les conditions économiques actuelles lui imposaient de s’opposer à ce qui pourrait nuire à son magasin et à son personnel...
N’ayant toujours pas obtenu de rendez-vous, nous décidons de mener une action avec notre groupe pour informer la clientèle et rencontrer le directeur de Darty, ce que nous avons fait le 19 mai. Nous avons eu une discussion très courtoise avec ce responsable, discussion qui a duré environ 45 mn.
Déroulement de l’action
Rendez-vous à 14h devant Cora (hypermarché un peu plus loin) pour finaliser le déroulement de l’action. Devant Darty se trouve déjà (avant l’ouverture) un agent des RG !
Nous sommes une douzaine à nous rendre chez Darty, les militants déploient une banderole, des panneaux et commencent la distribution de tracts alors qu’une délégation de 4 personnes entre dans le magasin pour voir le directeur. Il nous accueille dans le magasin, affable, comme s’il nous attendait. Il nous informe qu’il s’est adressé à ses supérieurs (il nous lit tout l’échange et nous le remet).
Nous l’informons sur l’origine du produit qu’il commercialise. Il ne semble pas conscient de ce dernier point, qu’il réfute, insiste sur le fait qu’il est très sensible à la question palestinienne et s’il n’en tenait qu’à lui, il enlèverait le produit, d’autant plus qu’il n’en vend pas (0 vente en 2009 !!) mais que d’une part il doit penser à ses salariés (crise économique oblige) et que Darty a une charte qui contraint de vendre les articles sélectionnés par la direction. Les directeurs de magasins de la chaîne ne sont, selon lui, pas responsables pour ce qui se passe dans les magasins.
Il approuve personnellement le fait que, s’il y a violation du droit international (4e convention de Genève), de l’accord d’association UE-Israël (article 83), il n’est pas correct de vendre des produits de Soda Club ; mais il a surtout été impressionné par l’information que nous lui avons fournie sur la condamnation par la Cour de Justice de l’Union Européenne de Brita GMBH, confirmant le 25 février 2010 que ce produit ne peut bénéficier des accords douaniers préférentiels conclus entre Israël et l’Union Européenne, parce que fabriqué dans un territoire occupé.
De plus, il est tout à fait conscient que ce genre d’actions comme la nôtre détériore l’image de l’enseigne.
Le débat a tourné autour de cette question de responsabilité individuelle : il a affirmé que même sur le plan régional, il ne peut être décidé de vendre ou de ne pas vendre un produit. Nous lui rétorquons que deux magasins Darty l’ont pourtant enlevé de leur gamme (malheureusement nous ne pouvions lui dire exactement quels magasins).
Il téléphone avec un supérieur pour s’informer des suites à son courrier (et aux nôtres transmis à sa hiérarchie) puis nous conseille d’écrire directement au PDG de Darty, ce que Jean-Claude Lefort avait fait, au mois de février déjà. Il s’étonne du fait que ce courrier soit resté sans réponse.
Il nous informe qu’il se rend le soir même à Marseille pour une réunion régionale des directeurs de Darty et pense que la question de la commercialisation des produits Soda Club y sera abordée.
Nous l’avons prié de faire remonter à sa hiérarchie notre demande de mise en conformité de la commercialisation avec le droit international et la législation française en insistant sur le fait que ce que nous voulons c’est le retrait de la vente du produit et non de mettre en difficulté le magasin et que nous préférons que ce problème se règle à l’amiable et non pas avec l’intervention de la justice.
Nous n’avons pas fixé de prochain rendez-vous mais lui avons promis l’envoi de documents supplémentaires et nous l’avons prévenu que nous assurerons le suivi de cette affaire.
Pendant l’entretien, les militants AFPS distribuent des tracts à l’entrée et discutent avec les clients parmi lesquels certains se montrent particulièrement intéressés. Un journaliste du journal local, La Marseillaise, présent, prend des photos. L’agent des RG, toujours présent, prend aussi des photos.
AFPS Alès-Cévennes (21 mai 2010)