Sauf imprévu, les pourparlers de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP) reprendront dans le courant de la semaine. Certes, il ne s’agit pas d’une surprise puisque la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton ainsi que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou l’avaient déjà annoncé vendredi. En outre, cette première phase de discussion censée durer quatre mois se déroulera de manière indirecte : les délégations ne se rencontreront pas physiquement et leurs échanges seront orchestrés par l’émissaire américain pour la paix, George Mitchell [1].
Quoi qu’il en soit cette « bonne nouvelle » survient après une année de gel du processus de paix. A l’instar du chroniqueur israélien Yoav Krakovsky, la plupart des commentateurs politiques des deux camps estiment donc que ce petit pas doit être salué. « Il vaut mieux discuter, même de manière indirecte, que de rester sur ses positions, car, dans la région, le statu quo dégénère rapidement en cycle de violence », estime par exemple l’éditorialiste Ronen Alfassi.
Cependant, personne ne s’attend à ce que les « rencontres de proximité » – telles que les surnomment les diplomates étrangers en poste dans la région – produisent rapidement des résultats. « Si Israël construit une seule maison dans ses colonies de Cisjordanie, publie un seul appel d’offres pour de nouveaux bâtiments à Jérusalem-Est (la partie arabe de la ville) ou ordonne de raser une seule maison palestinienne, nous interromprons immédiatement les négociations », a déclaré le ministre palestinien Saeb Erekat après que le Comité de suivi de la Ligue arabe réuni samedi au Caire eut donné son feu vert à l’Autorité palestinienne (AP) pour reprendre langue avec l’Etat hébreu.
A en croire les médias palestiniens, le même message aurait d’ailleurs été envoyé à la Maison-Blanche où le président Mahmoud Abbas a été invité dans le courant de ce mois. L’AP affirme par ailleurs avoir reçu des garanties américaines selon lesquelles Benyamin Netanyahou et son gouvernement poursuivraient le gel de dix mois des constructions en Cisjordanie et s’abstiendraient de lancer de nouveaux chantiers à Jérusalem-Est.
De fait, sur le terrain, les commissions chargées de délivrer les permis de bâtir ne se sont plus réunies depuis au moins trois semaines, même si les responsables israéliens promettent que « rien n’a changé ». Et qu’ils ajoutent que leur pays « décidera seul de l’usage de son territoire ».
Avant de s’envoler pour l’Egypte où il rencontrera le président Hosni Moubarak avec lequel il discutera de ce dossier ainsi que de ce celui du nucléaire iranien, Benyamin Netanyahou s’est déclaré « prêt à entamer des négociations avec les Palestiniens n’importe où, n’importe quand, et sans conditions préalables ». Quant au président Shimon Peres, il a estimé que le processus de paix est une « nécessité » pour son pays.
Pourtant, l’ambiance n’est pas vraiment au beau fixe entre Jérusalem [2] et Ramallah. Jeudi dernier, un décret présidentiel signé par Mahmoud Abbas a d’ailleurs interdit la vente de produits israéliens en Cisjordanie ainsi que l’utilisation par les consommateurs palestiniens des réseaux téléphoniques GSM de l’Etat hébreu. Dans la foulée, le Ministère israélien des affaires étrangères a lancé une nouvelle campagne accusant l’AP d’appeler à la violence en laissant diffuser par les radiotélévisions palestiniennes officielles « des messages appelant à la haine anti-israélienne et antisémite ».
De son côté, le Hamas a condamné le feu vert donné à l’AP par la Ligue arabe. « C’est un parapluie offert à Israël pour lui permettre de perpétrer de nouveaux crimes », a affirmé sa branche politique dans un communiqué publié à Damas [3]. Les analystes spécialisés dans l’étude de cette organisation constatent cependant que cette dernière n’a pas poursuivi ses attaques récurrentes contre Mahmoud Abbas. Ils expliquent ce changement par le fait que des discussions secrètes en vue d’une réconciliation sont actuellement en cours entre le Fatah (le parti du président de l’AP) et le Hamas.