1 - Stéphane Hessel et d’Une Seule Voix
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Bien que ce film soit une oeuvre culturelle et artistique, il est aussi légitime d’en faire une analyse politique. Pour compléter les points de vue, voici la lettre adressée le 15 décembre 2009 par une militante nantaise de l’Afps au producteur et à l’organisateur de la tournée.
"Monsieur,
j’ai assisté, il y a quelques semaines, à une projection du film "Une seule voix" qui montre la tournée que vous avez organisée lors de l’année 2008.
La présentation qui est faite de ce film rappelle que vous aviez en 1994, réussit à reformer en pleine guerre la chorale éclatée de Sarajevo – alors composée de Serbes, de Croates et de Bosniaques – et d’ organiser son évasion, afin de la faire tourner en France, de Sarajevo assiégée par un tunnel, ce qui fait écho à ceux de Gaza. Dans cette chorale des Serbes, des Croates et des Bosniaques
"Autrefois Sarajevo, maintenant le Proche-Orient et toujours la musique comme un manifeste pour la paix". Voila l’idée, la belle idée.
Or, les deux tournées n’ont pas grand chose à voir l’une avec l’autre, me semble-t-il.
A Sarajevo, tous les musiciens étaient ensemble, unis dans un combat commun contre le même agresseur. En particulier, les Serbes de cette tournée avaient fait donc le choix de s’opposer à leur gouvernement nationaliste et étaient, au risque de leur vie, aux côtés des agressés. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux ont payé ce choix de leur vie lorsqu’ils sont retournés ensemble dans Sarajevo assiégé. Rien de tel dans les musiciens israéliens de la tournée "Une seule voix".
La seule dont la position est claire, c’est la jeune Eli parce qu’elle a fait le choix de travailler avec Saz, officiellement et en Israël. D’ailleurs, pour avoir porter sur scène un keffieh, elle est critiquée par d’autres Israéliens.
En revanche, le film montre à plusieurs reprises que toute expression identitaire des Palestiniens, même un simple tee-shirt portant le mot "Palestine" est contestée par les autres Israéliens. Le film montre aussi une scène où un des Israéliens affirme que les écoles israéliennes n’apprennent aux enfants que des chants de paix, contrairement aux écoles palestiniennes ! A aucun moment, on ne voit un juif israélien parler de colonisation, d’occupation, ni de quoique ce soit qui montrerait qu’il a conscience de la réalité de la situation, donc de la responsabilité écrasante de son propre gouvernement.
Dans ces conditions, quoi de surprenant à apprendre par le diffuseur du film que ces mêmes musiciens juifs israéliens ont approuvé, quelques mois plus tard, l’attaque criminelle de leur armée contre Gaza ?
C’est d’autant plus navrant qu’ils existent, ces Israéliens qui auraient pu "joué le rôle" des Serbes de la tournée Sarajevo ; eux n’auraient pas craint de parler politique, eux nomment, comme les Palestiniens, le responsable de la situation, à savoir leur propre gouvernement. Eux, ne parlent de paix qu’en en précisant les conditions, c’est à dire de droits de l’homme, de refus de l’occupation, de libération des territoires occupés. Bref, ils parlent de droit international. Et leurs actions les amènent à être comme les Serbes de Sarajevo, aux côtés des agressés : sur les check-points, face aux buldozers qui détruisent les maisons palestiniennes ou à les reconstruire avec les Palestiniens, dans des rencontres entre "parents endeuillés", en prison pour avoir refuser le service militaire en territoire occupé, etc.*
Bien que ce soit évidemment l’opposé de votre projet, je crains que le film de la tournée ne serve les tentatives actuelles de l’état israélien pour reconstruire son image de marque gravement entachée par les crimes commis l’hiver dernier à Gaza.
Cordialement
M.Hervy
* On en trouve des témoignages détaillés, mêlés à ceux de Palestiniens dans le document "Des voix pour la Paix" du CCFD."