Contrairement à l’image véhiculée par les medias qui en fait une organisation quasiment infaillible, le Mossad a subi une longue série d’échecs, certains assez surprenants par le grave manque de professionnalisme qu’ils démontrent. A force d’être salués comme les meilleurs du monde, les barbouzes israéliens en oublient de faire leurs devoirs avant d’organiser leurs opérations. Le prix de l’arrogance ….et de l’impunité. Pour ,n’en mentionner que trois : l’assassinat par erreur du Marocain Ahmed Bouchiki à Lillehammer, en Norvège, que les services israéliens avaient pris pour Ali Hassan Salameh, responsable présumé de l’attentat aux J.O. De Munich, en 1972. L’attentat manqué contre le dirigeant du Hamas Khaled Machal en Jordanie (1997). Et l’arrestation en Nouvelle-Zélande de deux agents du Mossad qui avaient tenté d’usurper l’identité d’un citoyen néo-zélandais pour faire un de leurs sales coups.
S’ajoute maintenant l’assassinat à Dubai de Mahmud al-Mabhouh, membre supposé d’un réseau du Hamas impliqué dans plusieurs attentats. Les agents israéliens ont utilisé des passeports anglais, français, allemands et irlandais dont ils avaient changé la photographie à l’insu, évidemment, de leur propriétaire. Rien de très original pour des barbouzes si ce n’est le dilettantisme qui accompagne toute l’opération et l’extrême facilité avec laquelle les agents-assassins israéliens ont été identifiés.
La Grande-Bretagne, la France et l’Irlande n’ont pas apprécié l’usage fait pas le Mossad des passeports de leurs ressortissants, et les ambassadeurs d’Israël à Londres et à Dublin ont été convoqués par les autorités locales. Mais ce n’est là qu’une seule des erreurs graves commises par le Mossad – « selon la presse étrangère », lit-on dans les journaux israéliens car, ici, la loi impose d’ajouter cette précision – et l’éditorialiste du quotidien de poser cinq questions supplémentaires : l’objectif justifiait-il de prendre de tels risques ? Le timing était-il opportun en cette période de tension entre Israël et l’Iran ? A-t-on pris en considération les nouvelles technologies – celles qui ont permis d’identifier raidement les barbouzes ? Et surtout, avait-on le droit de mettre en danger des citoyens israéliens dont on a pris, à leur insu, l’identité pour commettre un crime ?
Usurper l’identité de citoyens pour commettre un méfait est une méthode-type des régimes totalitaires pour qui les citoyens sont par définition u service de l’Etat. Israël semble continuer à faire partie de cette famille et tout paraît indiquer qu’il n’a pas l’intention de modifier cet état de fait. Comme l’indique le spécialiste israélien des services de renseignements Yossi Melman : « On constate qu’existe une méthode appliquée systématiquement : Israël se sert de passeports étrangers pour mener à bien une liquidation et quand il est pris la main dans le sac, il doit s’excuser, promettre de ne plus le faire, et les pays concernés passent l’éponge. »
Et c’est bien le problème : de telles opérations criminelles continueront car la communauté internationale ne veut pas mettre fin à l’impunité dont jouit l’Etat d’Israël.