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Une indépendance palestinienne, un geste symbolique voué à l’échec ?
Face au blocage persistant des négociations de paix avec Israël, l’Autorité palestinienne évoque, depuis plusieurs semaines, l’idée de proclamer unilatéralement l’indépendance de leur Etat, avec l’appui de l’ONU. Dans un entretien au Monde, le 11 novembre, le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, expliquait déjà qu’en l’état actuel des choses "les Palestiniens vont bientôt réaliser qu’ils doivent de nouveau réfléchir à la solution d’un seul Etat".
Les discussions entre les deux camps sont au point mort, en grande partie à cause du refus israélien de mettre un terme à la colonisation comme condition préalable à la reprise des pourparlers. Cette initiative palestienne, même si elle n’a quasiment aucune chance d’aboutir, illustre la frustation et la volonté de relancer le processus par un électrochoc. Les Palestiniens, qui bénéficient du soutient de la Ligue arabe, veulent également que le Conseil de sécurité de l’ONU prenne position. "Nous avons décidé de nous adresser au Conseil de sécurité pour essayer d’obtenir son soutien à la création d’un Etat palestinien indépendant ayant Jérusalem pour capitale et dont les frontières seraient celles de juin 1967", a résumé M. Erakat.
Pour l’instant, les responsables palestiniens n’ont pas indiqué quand ils pourraient faire cette annonce auprès du Conseil de sécurité. Selon un diplomate arabe à l’ONU, la démarche doit se faire "à un moment opportun". Entre temps, les Palestiniens multiplient les discussions pour s’assurer du soutien des pays membres du Conseil. "Plus nous nous en approchons, plus nous avons une très bonne chance d’obtenir le soutien, la sympathie et l’encouragement de la communauté internationale", espère le premier ministre, Salam Fayyad. "Nous allons chercher à obtenir l’appui de l’Union européenne ainsi que celui de la Russie et d’autres pays", explique pour sa part Saëb Erakat. Les ministres des affaires étrangères européens doivent évoquer la question, mardi, lors d’une réunion au sommet.
"JE PRÉSUME QUE LES ETATS-UNIS OPPOSERAIENT LEUR VETO"
Au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, chacun des cinq membres permanents possède un droit de véto permettant de bloquer toute initiative. Les Etats-Unis, alliés historiques des Israéliens, sont susceptibles de bloquer toute indépendance de la Palestine. Lundi, le département d’Etat a réagi tout en nuance, estimant que la négociation reste "le meilleur moyen" de faire naître un Etat palestinien. Des sénateurs américains, actuellement en visite en Israël, ont été plus directs, la qualifiant "d’initiative mort-née". "J’espère et je présume que les Etats-Unis opposeraient leur veto", a ajouté le conservateur Joseph Lieberman.
Côté israélien, la levée de bouclier a été immédiate. L’ensemble des responsables gouvernementaux ont affirmé qu’une décision unilatérale serait contre-productive. "Nous voulons des négociations directes", a rappelé Sylvan Shalom, suppléant du premier ministre Benyamin Nétanyahou. Israël souhaite que les discussions reprennent sans condition préalable et dès que possible. "J’espère que la communauté internationale ne coopérera pas avec ce projet et s’exprimera clairement en faveur de l’unique approche possible, à savoir la tenue de négociations directes", a ajouté le ministre chargé des affaires de la diaspora, Yuli Edelstein.
Menaçant, le ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberma, a promis que "tout mouvement unilatéral sera suivi d’un mouvement unilatéral de notre part". Seul Ehoud Barak, ministre de la défense, a mis en paralèlle l’initiative palestinienne et le blocage du processus de paix, estimant que la première gagnera du poids tant que le deuxième sera enlisé. "Cette menace ne se produira pas demain mais il ne faut pas la prendre à la légère", a résumé l’ancien premier ministre.
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