Paris, le 4 octobre 2009
Madame Le Strat
Maire-adjointe
Chargée de l’eau et
de l’assainissement
Hôtel de Ville de Paris
Place de l’Hôtel de Ville
75196 Paris cedex 04
Chère Madame la Maire-adjointe,
Nous apprenons que dans le cadre de la prochaine « Fête des vendanges » à la Butte Montmartre, qui se tiendra du 9 au 11 octobre prochain dans le square Montcenis, au pied du Château d’Eau, les Parisiens et les Parisiennes seront conviés à déguster de l’eau gazeuse réalisée en coopération par la société « Soda Club » et « Eau de Paris ». Or il se trouve que la société « Soda Club » est une entreprise israélienne implantée dans la plus grande colonie israélienne, Ma’ale Adumim, située en pleine Cisjordanie, en territoire palestinien occupé donc.
C’est avec consternation que nous prenons connaissance de cette initiative car vous n’êtes pas sans savoir que les produits de toute colonie ne peuvent en aucun cas avoir droit d’entrée hors taxes dans l’Union européenne au titre qu’ils ne proviennent pas du territoire israélien stricto sensu (voir articles 10 et 83 de l’Accord d’association Union européenne-Israël en oeuvre depuis l’an 2000).
C’est si vrai que les douanes de la République fédérale allemande, au titre de cet accord, viennent de bloquer l’entrée dans le territoire allemand de produits de ladite société « Soda Club » qui ne peuvent bénéficier des dispositions de cet accord concernant les produits israéliens importés dans l’Union européenne.
Votre décision contredit cet Accord d’association dont la Mairie de Paris ni quiconque ne peut s’exonérer.
Si cette initiative est insouciante ou ignorante des réalités, elle n’en manifeste pas moins, que vous le vouliez ou non, de manière oblique mais bien réelle un soutien implicite à la politique de colonisation des autorités israéliennes dont il est demandé de partout qu’elle soit stoppée – tandis que cette colonie de 40.000 personnes croît au contraire chaque jour d’avantage –, ce qui ne saurait être acceptable. Ajoutons, et ce n’est pas le moindre des paradoxes et des scandales, qu’il s’agit de gazéifier de l’eau tandis que précisément l’eau des Palestiniens leur est confisquée par cette colonisation et leur est revendue ensuite à un prix au moins double.
La question qui vous est posée est simple : la colonie de Ma’ale Adumim fait-elle partie ou non d’Israël ? Si ce n’est pas le cas, et ce n’est pas le cas, alors la présence de la société « Soda Club » pour ces fêtes parisiennes ne saurait être ni légitime ni politiquement supportable. J’ajoute que cette initiative, si vous deviez vous obstiner à la maintenir, donnerait prise à des manifestations de
protestation contre cette présence injustifiable dans les conditions actuelles.
Vous prendriez ainsi la responsabilité de perturber sérieusement une grande fête traditionnelle de Paris qui se doit de conserver son caractère convivial.
Admettons que vous ignoriez ce point, et alors la décision d’annuler cette initiative sera prise très rapidement. Admettons que vous n’ignoriez pas ces éléments, et alors la décision politique de la suspendre s’impose.
La Ville de Paris doit être clairement dans le camp de la paix au Proche-Orient !
Ne faites rien pour en éloigner Paris ou ternir son image. Cela suppose, en l’espèce, de reconsidérer votre invitation à cette société des colonies israéliennes dont la présence en Palestine est illégale et qui constitue, surtout aujourd’hui, une provocation consternante : la société des colonies « Soda Club ».
Je vous prie de croire, Madame la Maire-adjointe de Paris, en mes sentiments respectueux.
Jean-Claude Lefort
Président de l’AFPS