Monsieur le Président Obama,
A Gaza nos blessures sont encore ouvertes, nos droits toujours piétinés. L’offensive qu’Israël a menée pendant 23 jours (28 décembre 2008-19 janvier 2009) a effrayé nos enfants, qui ont peur de retourner à l’école et qui ne se sentent pas en sécurité même au fond de leurs lits. La guerre et le blocus continu ont enlevé aux pères et aux mères la capacité d’assurer leur protection et de subvenir à leurs besoins. En tant que communauté c’est pendant des décennies que nous devrons en subir les conséquences.
Tout comme nos enfants nous trouvons que la justice est oubliée depuis trop longtemps. Pour de nombreuses raisons, nous, Palestiniens, pensions que le monde nous ignorait.
L’attention internationale qui a suivi la guerre contre Gaza nous a donné espoir. L’enquête menée par le juge Goldstone fut cause d’ optimisme. Nous pensons que ce juge et procureur respecté -qui a servi au plus haut niveau et a continument démontré son indépendance dans l’application de la loi- était l’une des rares personnes à avoir le crédit et l’expérience nécessaires pour assurer cette mission légalement complexe et politiquement très lourde. Nous avons fini par croire que le monde s’intéressait vraiment à nous. Mais le message envoyé par votre ambassadrice aux Etats-Unis, Mme Susan Rice, est tout différent : le monde -ou à tout le moins les Etats-unis- s’en moque.
Mme Rice a suggéré qu’il fallait mettre l’accent sur l’avenir et non sur le passé et que la tâche qui nous attendait devait être d’assurer la reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes. Séparer la paix de la justice est une erreur, les deux sont inextricablement liées. S’il est bien une chose que l’histoire nous apprend , c’est que si les puissants ne sont pas contraints à assumer leurs responsabilités, ils continueront à violer la loi et des innocents en paieront le prix.
Au Caire vous avez dit que « l’Amérique ne tournera pas le dos aux aspirations légitimes des Palestiniens à la dignité, à une perspective d’ avenir et à leur état. » Vous avez dit aussi que vous rêviez de l’état de droit et d’une administration équitable de la justice et vous avez ajouté que « ce n’est pas seulement une idée américaine, il s’agit de droits humains et c’est pourquoi nous leur apporterons notre soutien partout ».
Nous attendions ces mots là mais ils impliquent que l’on agisse. La responsabilité de ses actes et la responsabilité criminelle sont des composants essentiels de la justice. Tous les responsables doivent être jugés.
Il faut défendre les droits des victimes ; on ne peut ignorer la souffrance.
Monsieur le Président, comme vous l’avez dit un jour après Martin Luther King : ‘l’arc de l’univers moral est long mais il tend vers la justice, cependant il ne se plie pas seul, il faut sur l’arc la main de chacun d’entre nous ».
Appuyez les recommandations de la Mission d’Enquête des Nations unies.