[1] voir aussi Hassane Zerrouki dans l’Humanité du 27 août
Netanyahou veut le beurre et l’argent du beurre colonial
L’abandon de Jérusalem et la démilitarisation du futur État palestinien sont aussi des préalables à toute négociation, affirme le premier ministre israélien, en visite en Europe.
En plus du refus du retrait des territoires occupés, conformément aux résolutions onusiennes, de l’arrêt de la colonisation et du démantèlement des constructions existantes, de la reconnaissance de l’existence d’un État palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale, Benyamin Netanyahou, qui a rencontré mardi (25 août), à Londres, le premier ministre britannique, Gordon Brown, avant de s’entretenir, hier, avec l’émissaire de Barack Obama, George Mitchell, n’a formulé aucune proposition susceptible de permettre la relance des négociations avec les Palestiniens.
À l’issue de sa rencontre avec son homologue britannique, qui le pressait de geler la colonisation, le premier ministre israélien a certes admis que « la question des colonies est un problème ». Mais pour aussitôt lui opposer « le refus des Palestiniens de reconnaître en Israël un État juif ». Et s’il refuse que Jérusalem-Est soit la capitale de l’État palestinien, arguant qu’elle « n’est pas une colonie » et qu’elle est la « capitale indivisible et éternelle » d’Israël, il se fait fort d’exiger des « garanties » (lesquelles et en contrepartie de quoi ?) pour les 500 000 colons juifs installés en Cisjordanie.
En outre, il exige des Palestiniens que leur futur État soit « démilitarisé », à savoir un État dépourvu des attributs de sa souveraineté ! Mieux, Netanyahou a préconisé un accord permettant la poursuite de sa politique d’implantations coloniales tout en acceptant de reprendre des pourparlers de paix avec les Palestiniens. En résumé, il veut le beurre et l’argent du beurre colonial.
Avant de s’envoler vers Berlin, où il doit rencontrer la chancelière allemande, Angela Merkel, Benyamin Netanyahou s’est entretenu, durant quatre heures, dans la matinée d’hier (26), avec l’émissaire d’Obama, George Mitchell. Sans faire état d’un quelconque progrès sur la question de la colonisation.
Dans un communiqué commun, publié à l’issue de la réunion, les deux hommes sont convenus de reprendre les discussions la semaine prochaine, aux États-Unis. « Il est nécessaire de commencer des négociations constructives entre Israël et les Palestiniens pour avancer vers un accord de paix régional », indique ce communiqué, appelant toutes les parties à « prendre les mesures pratiques permettant de faire progresser la paix ». Le communiqué ne mentionne pas la question de la colonisation et n’évoque pas la question du nucléaire iranien. Qui plus est, on ne sait pas si la proposition selon laquelle Netanyahou serait prêt à accepter un gel de la colonisation pour une durée de six mois (et non un arrêt définitif) en échange de l’adoption, par Washington, d’une position plus dure au Conseil de sécurité à l’égard de Téhéran, évoquée par le quotidien britannique The Guardian dans son édition internationale de mercredi, a été traitée au cours de ces discussions. De fait, tout porte à penser que les deux parties se sont séparées sur un désaccord.
Côté palestinien, l’Autorité palestinienne a décidé de prendre les devants : elle veut mettre en place de facto, avant deux ans, son propre État. « Nous avons décidé de faire preuve d’initiative, d’accélérer la fin de l’occupation en travaillant très dur pour mener des actions positives sur le terrain, de façon à voir émerger notre propre État comme un fait qui ne peut être ignoré », a déclaré le premier ministre palestinien, Salam Fayyad. Cela obligerait, a-t-il assuré, Israël à abattre ses cartes !
http://www.humanite.fr/2009-08-27_I...