Des médias israéliens font état, mercredi 26 août, de progrès liés à une intervention allemande dans les négociations indirectes entre Israël et le Hamas pour libérer le soldat Gilad Shalit, enlevé en 2006 près de la bande de Gaza. Les journaux notent à ce propos la visite en Egypte d’un dirigeant du Hamas, Mahmoud Zahar. Selon la radio publique israélienne, un haut responsable allemand s’est rendu aussi en Israël et en Egypte. L’Allemagne avait joué les intermédiaires en 2004 et avait obtenu la libération par le Hezbollah libanais d’un homme d’affaires israélien et les restes de trois soldats, en échange de la libération par Israël de 400 prisonniers arabes. En 2008, elle avait aussi joué un rôle dans les négociations qui ont permis la restitution des corps de deux soldats israéliens contre des prisonniers libanais.
Le communiqué commun rendu public, mercredi 26 août, à l’issue de quatre heures de discussions, ne dit rien de leur principale pomme de discorde, la question du gel de la colonisation juive dans les Territoires palestiniens occupés, considéré par le président américain Barack Obama comme le préalable indispensable à une relance du processus de paix israélo-palestinien.
MM. Nétanyahou et Mitchell ont estimé "nécessaire de commencer des négociations constructives entre Israël et les Palestiniens pour avancer vers un accord de paix régional". Ils ont ensuite appelé "toutes les parties à prendre les mesures permettant de faire progresser la paix".
Le premier ministre israélien a cependant fait état de "certains progrès". Selon le quotidien israélien Haaretz, les Américains auraient accepté que la partie est de Jérusalem soit exclue du gel de la colonisation. Si tel est le cas, il s’agirait d’une concession importante, et d’une mauvaise nouvelle pour les Palestiniens, qui ont toujours affirmé leur volonté de faire de Jérusalem-Est la capitale d’un futur Etat indépendant. Jérusalem, a insisté le chef du gouvernement israélien, est la "capitale indivisible et éternelle" d’Israël, "nous n’acceptons aucune restriction à notre souveraineté".
Dans l’esprit de M. Nétanyahou, c’est au tour des Palestiniens de faire un "geste", lui-même estimant avoir fait une concession en acceptant de suspendre les appels d’offres publics pour la construction de logements en Cisjordanie jusqu’au début 2010.
Pour les Américains comme pour les Palestiniens, celle-ci est très insuffisante. Toutes les parties savent que mettre un terme aux projets publics de construction laisserait 60 % des nouveaux logements en dehors de tout accord, car la construction de milliers de logements a déjà été autorisée, et que ce "gel" ne concernerait pas les projets privés.
"JARDINS D’ENFANTS"
Le premier ministre israélien s’est fait l’avocat des colons qui, a-t-il expliqué, doivent pouvoir mener "une vie normale" : ils ont besoin de "jardins d’enfants et de maisons pour leurs familles". Cette référence à une "vie normale" représente un glissement sémantique : jusque-là, les responsables israéliens parlaient de "croissance naturelle", c’est-à-dire démographique. Pour les Palestiniens et plusieurs organisations non gouvernementales, l’une ou l’autre appellation ne vise rien d’autre qu’une colonisation déguisée.
En échange d’une concession américaine sur Jérusalem-Est, M. Nétanyahou aurait accepté d’allonger de six à neuf mois (l’administration Obama demande un an) la période du gel de la colonisation en Cisjordanie, mais il exige des garanties permettant à Israël de reprendre la colonisation si les négociations échouent.
La rencontre de Londres n’est qu’un jalon dans un long processus. Des discussions doivent reprendre la semaine prochaine à New York entre M. Mitchell et le ministre israélien de la défense Ehoud Barak, ainsi qu’Isaac Molho, un avocat qui est l’homme de confiance de M. Nétanyahou. Le processus de paix reprend ainsi lentement, puisque la perspective d’une rencontre entre Barack Obama, Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, semble se confirmer [1].
Cette rencontre pourrait se tenir fin septembre, à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.