Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a tenté de minimiser la dégradation patente des relations entre son pays et les Etats-Unis, dimanche, durant le conseil des ministres hebdomadaire, alors que les Etats-Unis ont déclenché une offensive diplomatique au sujet des colonies juives. « Les relations entre Israël et les Etats-Unis sont toujours aussi solides… Il est naturel que des alliés ne soient pas d’accord sur tout et l’important, c’est qu’ils le soient sur l’essentiel », a-t-il déclaré.
C’est que l’ambiance n’est guère à l’optimisme dans l’entourage de Benyamin Netanyahou. Certes, Washington a démenti les rumeurs courant à Jérusalem et selon lesquelles l’administration Obama envisagerait des sanctions économiques à l’encontre de l’Etat hébreu. Cependant, selon le quotidien Maariv, qui n’a pas été démenti, des analystes de l’état-major de Tsahal (l’armée) ainsi que de hauts responsables du Ministère israélien de la défense ont été chargés de plancher sur les conséquences d’un possible gel de l’aide militaire américaine (2,8 milliards de dollars par an).
« Le complexe militaro-industriel israélien se prépare au pire sans être sûr qu’il se produira et en sachant que les Etats-Unis mettraient du temps avant d’en arriver à une mesure aussi extrême », explique le spécialiste Allon Ben David. « Quoi qu’il en soit, la leçon donnée par le général de Gaulle en 1967 (ndlr : l’embargo sur les ventes d’armes françaises à Israël après la guerre des Six Jours) n’a pas été oubliée. Toutes les éventualités sont donc envisagées. »
Offensive diplomatique
Au stade actuel de leur travail, les analystes israéliens estiment qu’en cas d’interruption partielle ou totale de l’aide militaire américaine, leur pays parviendrait à préserver l’essentiel de ses systèmes de défense au prix de coupes dans de nombreux autres budgets. Il devrait cependant abandonner les projets innovants trop onéreux et réduire considérablement le train de vie de l’armée.
D’autres analyses du service d’études des Affaires étrangères ainsi que de « think thank » privés israéliens estiment que l’Etat hébreu n’a pas intérêt à exaspérer l’administration américaine puisque « nous avons plus besoin d’eux que l’inverse ».
Quoi qu’il en soit, c’est pour mieux faire comprendre aux responsables israéliens qu’ils se rapprochent de la ligne rouge que l’administration américaine vient de déclencher un « blitz » diplomatique sur l’Etat hébreu. Celui-ci a débuté dimanche avec l’arrivée à Tel-Aviv de l’émissaire américain pour le Proche-Orient Georges Mitchell. Il se poursuivra dans le courant de la semaine par la venue du ministre de la Défense Robert Gates, puis par celles de Fred Hop (l’adjoint de Mitchell) ainsi que de Denis Ross, le conseiller du président américain pour le Proche-Orient. Selon les proches de Benyamin Netanyahou, d’Ehoud Barak ainsi que du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman – qui joue un rôle marginal dans ces contacts en raison de ses positions extrémistes –, les émissaires américains viendraient « discuter du danger iranien, du terrorisme islamique, du Hezbollah, de la Syrie et d’autres problèmes importants ». Mais les commentateurs ne croient guère à cette explication. « Si Barack Obama a décidé de nous envoyer tout ce beau monde, c’est qu’il a décidé de mettre le paquet pour faire plier Israël sur la question qui tient à cœur à la communauté internationale : l’occupation et la colonisation des territoires », estime l’éditorialiste Dan Margalit. La chroniqueuse Orly Azoulaï constate que « c’est la première fois dans l’histoire des relations israélo-américaines que Washington déclenche un tel pont aérien diplomatique ». Et de poursuivre : « Les deux parties discuteront de l’Iran mais le principal de leurs échanges portera sur la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie par Israël qui paralyse la reprise des négociations avec l’Autorité palestinienne ». [1]