Israël s’est lancé dans une guerre clandestine contre le programme nucléaire controversé d’Iran, révèle le Daily Telegraph dans son édition d’hier. Selon le quotidien britannique, qui cite des sources des services de renseignements américains, Israël a recours à des tueurs à gages, des agents doubles et à des actes de sabotage pour entraver les activités nucléaires de l’Iran. Israël aurait également planifié
d’assassiner de hautes personnalités impliquées dans le programme atomique de Téhéran, indique le journal, qui lie le comportement israélien au changement survenu aux États-Unis après la victoire de Barack Obama. « Les Israéliens savent que la nouvelle administration américaine est contre une attaque militaire aérienne contre les installations nucléaires iraniennes, surtout que le président Obama a tendu la main à Téhéran pour la résolution du conflit, ajoute le Daily Telegraph. Le but de la nouvelle approche israélienne est de ralentir ou d’interrompre le programme nucléaire de la République islamique sans risquer une confrontation directe qui pourrait engendrer une guerre régionale de grande envergure ».
Un ancien agent de la CIA, spécialiste de l’Iran, a affirmé au journal britannique que « le sabotage est destiné à ralentir le programme d’une manière imprévisible ». « Le but est de retarder, retarder, retarder autant que possible, jusqu’à trouver une autre solution ou une autre approche », ajoute-il. De son côté, Reva Bhalla, analyste chez Stratfor, un groupe américain privé de renseignements proche du gouvernement, estime que la tragédie israélienne vise à éliminer des personnes-clés.
Meir Javendafar, expert iranien du groupe d’études Meepas, a déclaré à Reuters que des informations faisaient aussi état de la vente de matériels défectueux au secteur nucléaire iranien et de perturbations de l’alimentation en électricité de Natanz, centre d’enrichissement d’uranium situé en plein cœur du pays. « Je crois qu’une entreprise de
sabotage est en cours. C’est une initiative logique, qui a du sens dans (…) la lutte internationale contre les ambitions nucléaires de l’Iran », a-t-il dit.
À titre d’exemple de la stratégie prêtée à Israël, des observateurs citent des événements comme la mort d’Ardeshire Hassanpour, ingénieur nucléaire d’Ispahan mort chez lui en 2007, apparemment victime d’un gaz toxique.
Interrogé sur l’article du journal, Mark Regev, porte-parole du Premier ministre israélien Ehud Olmert, a répondu : « Nous ne commentons pas publiquement ce type d’allégations, ni dans la situation présente ni dans aucune autre. »
Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, avait réaffirmé hier que l’Iran doté de l’arme nucléaire serait considéré par Israël comme une menace susceptible de provoquer une course aux armements dans la région.
Par ailleurs, Mohammad el-Baradeï, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a en partie imputé à Israël les difficultés rencontrées par l’organisation onusienne pour dissuader l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. « Le régime de non-prolifération nucléaire a perdu sa légitimité aux yeux de l’opinion publique arabe en raison du régime de deux poids, deux mesures dont bénéficie Israël »,
écrit-il dans l’International Herald Tribune. Israël, ajoute-t-il, est le « seul État dans la région qui n’a pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire et qui est considéré comme possédant des armes nucléaires ».