Israël a poursuivi dimanche ses raids aériens à Gaza, qui ont fait près de 300 morts, et donné son feu vert à la mobilisation de milliers de réservistes en vue d’une éventuelle offensive terrestre.
L’opération dite "plomb durci", d’une violence inédite depuis l’occupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, vise selon l’Etat hébreu à mettre fin aux tirs de roquettes sur le sud du pays depuis la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas [1].
Les raids déclenchés samedi ont fait près de 300 morts, en majorité des policiers du Hamas, et plus de 600 blessés, selon un nouveau bilan diffusé dimanche soir par les services d’urgence palestiniens [2]
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a fait état pour sa part de plus de 950 blessés.
Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a autorisé dimanche plus de 100 camions à délivrer de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, a annoncé son ministère.
Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a accusé Israël de "commettre un holocauste au vu et au su du monde entier, qui n’a pas bougé le petit doigt". La "résistance palestinienne se réserve le droit de riposter à cette agression par des opérations de martyre", c’est-à-dire des attentats suicide, a-t-il affirmé.
Au total, une vingtaine de roquettes ont été tirées dimanche depuis la bande de Gaza sur le sud d’Israël, sans faire de victimes. L’une d’elles, de type Grad, a atteint pour la première fois Gan Yavné, près du port d’Ashdod, à plus de 30 kilomètres au nord de Gaza, selon les secours israéliens.
Laissant planer la menace d’une offensive terrestre à Gaza, Israël a mobilisé 6.500 réservistes, a annoncé un haut responsable à l’issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement.
L’armée israélienne "élargira et approfondira ses opérations à Gaza autant que nécessaire", a averti le ministre de la Défense Ehud Barak. "Cela ne sera pas de courte durée et ne sera pas facile".
Israël a commencé à masser des chars et des troupes à la lisière de la bande de Gaza, selon des photographes de l’AFP.
L’aviation a dans le même temps poursuivi ses raids contre ce territoire, visant notamment le "Saraya", un complexe abritant la principale prison de Gaza et un quartier général des services de sécurité du Hamas, et en soirée des ateliers de fabrication de roquettes.
Une mosquée du camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza, a été touchée par un bombardement et deux personnes, dont un bébé, y ont été tuées, a annoncé dimanche soir le chef des services des urgences du territoire, Mouaouiya Hassanein.
Dans l’après-midi, l’aviation a dit avoir mené des raids contre "40 tunnels" de contrebande dans le secteur de Rafah à la frontière du territoire avec l’Egypte. Ces souterrains permettent au Hamas d’introduire des armes dans la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien.
De l’autre côté de la frontière, la police égyptienne a tiré des coups de feu en l’air pour empêcher des dizaines de Palestiniens d’entrer en Egypte au nord du terminal de Rafah. Le Caire a déployé de nouveaux renforts dans ce secteur.
En soirée, un policier égyptien a été tué par balle et un autre blessé à Rafah par des tirs en provenance de la bande de Gaza, selon les services de sécurité égyptiens et des sources médicales, qui ignoraient qui était à l’origine de ces tirs.
Rafah cristallise des tensions de plus en plus palpables entre l’Egypte et le Hamas.
Le mouvement islamiste qui a accusé l’Egypte de complot avec Israël, a réclamé dimanche l’ouverture permanente du terminal de Rafah.
Et le secrétaire général du parti chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé le peuple égyptien à descendre "par millions" dans la rue pour forcer l’ouverture de Rafah.
"La police égyptienne peut-elle tuer des millions d’Egyptiens ? Peuple d’Egypte, vous devez ouvrir le terminal de Rafah avec la force de vos corps", a déclaré le chef d’un mouvement auréolé dans la rue arabe du prestige lié à ses succès contre l’armée israélienne lors de la guerre de 2006 au Liban.
Pour la seconde journée consécutive, de nombreuses manifestations de soutien ont été organisées en Cisjordanie, dans les villes arabes et ailleurs dans le monde.
Conséquence des raids israéliens, la Syrie a estimé que ses négociations indirectes de paix avec Israël, lancées en mai par l’intermédiaire de la Turquie, ne pourraient pas se poursuivre.
"C’est l’agression israélienne contre Gaza elle-même qui ferme la porte à toute action dans le processus politique", a déclaré à l’AFP un responsable syrien.
Au Caire, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a affirmé à l’issue d’un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas que l’Egypte tentait négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui pourrait être suivi d’une trêve similaire à celle qui avait expiré le 19 décembre après avoir été tant bien que mal respectée six mois durant.
Selon l’armée israélienne, environ 230 cibles du Hamas ont été visées en 24 heures à Gaza. Un porte-parole du gouvernement israélien a affirmé que "97%" des victimes des raids appartenaient au Hamas.
Selon el Watan, Le bilan s’alourdit à Ghaza. Le massacre continue :
Les frappes meurtrières de l’aviation israélienne se sont poursuivies hier à Ghaza pour la deuxième journée consécutive, portant le bilan des pertes humaines à 300 morts et plus de 900 blessés en vingt-quatre heures. De mémoire de Palestiniens, cette agression est la plus violente depuis la prise de Ghaza en 1967 suite à la guerre des Six Jours.
Plusieurs raids ont été menés sur les camps de Jabaliya ainsi qu’à Khan Younès et autour de Rafah, où l’aviation israélienne a bombardé des tunnels. Une vingtaine d’obus ont ainsi été tirés pour détruire des passages souterrains aux frontières avec l’Egypte. L’aviation sioniste s’est acharnée à abattre tous les édifices battant pavillon Hamas et autres bâtiments officiels. Selon le quotidien libanais Al Akhbar, les raids israéliens ont ciblé principalement les positions des brigades Azzeddine Al Kassam et les bureaux du Hamas ainsi que des camps d’entraînement.
Elles ont également visé l’ancien siège du président Mahmoud Abbas à Ghaza, dénommé Al Mountada, transformé en QG de l’une des structures de sécurité du parti islamiste. Citant des sources proches du ministère de l’Intérieur du gouvernement Hamas, Al Akhbar indique que la plupart des victimes sont des policiers et autres membres des services de sécurité de Hamas surpris par les bombardements en vaquant à leurs occupations. Parmi les pertes enregistrées, on déplore celle de Toufik Djabr, directeur général de la police à Ghaza, ainsi que de Ismaïl Al Jaabari, responsable de la direction de la sécurité et de la prévention et autres officiers supérieurs de la police palestinienne à Ghaza.
Détermination
De son côté, un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a déclaré à RTL que « 97% des Palestiniens tués ou blessés appartenaient au mouvement islamiste Hamas ».
Cela ne saurait occulter les affreuses images qui défilent à longueur de journée sur les écrans d’Al Jazeera et autres chaînes de télévision ou rapportées par différentes agences de presse et montrant des dizaines de civils tués, dont beaucoup d’enfants.
Pour justifier ce carnage « collatéral », le porte-parole du gouvernement israélien se contentera de dire, faussement compatissant : « Il y a eu malheureusement aussi quelques victimes civiles, car il est impossible dans les conditions de densité qui règnent à Ghaza d’arriver à un résultat de 100%, et nous regrettons chaque perte civile. »
Les avions de guerre israéliens ont bombardé massivement la rue principale de Salah El Din qui relie Beit Hanoun, Beit Lahia et Jabalia, rapporte le bureau de l’APS à Ghaza. « Les avions de guerre israéliens ont également pilonné et détruit le bureau de l’organisation caritative Al Noor à Ghaza », ajoute la même source.
Citons aussi le « saraya », principale prison de Ghaza et autre QG des services de sécurité de Hamas, indique l’AFP. Le bâtiment du « Conseil des ministres » du Hamas à Ghaza a, en outre, été pris pour cible. Les studios de la chaîne de télévision du Hamas, Al Aqsa, n’ont pas été, eux non plus, épargnés par les raids israéliens. Au total, ce sont pas moins de 230 cibles visées par l’armée israélienne. « Nous visons exclusivement des infrastructures et des membres du Hamas, mais tous ceux qui agissent à partir des zones civiles, y compris des mosquées, sont pour nous des cibles », a avoué à l’AFP Avital Leibovitz, une porte-parole de l’armée israélienne.
De son côté, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a souligné que l’opération « Plomb durci » pourrait durer, en précisant qu’une offensive terrestre n’est pas à écarter. « Tsahal élargira et approfondira ses opérations à Ghaza autant que nécessaire », a-t-il averti. A cet effet, 6500 réservistes israéliens ont été mobilisés.
Côté Hamas, et malgré l’ampleur du désastre, le parti islamiste se montre stoïque. « Nous ne céderons pas même s’ils exterminent Ghaza », a déclaré sur un ton dur Ismaïl Haniyeh, rapporte le quotidien londonien Acharq Al Awsat. Une détermination étayée par un communiqué du porte-parole du Hamas à Ghaza, Fawzi Barhoum, qui a assuré que le mouvement « ne se soumettra pas », rapporte l’APS, avant d’ajouter que « la population palestinienne et le mouvement Hamas poursuivront leur résistance contre l’ennemi sioniste ». Pour donner crédit à ces propos, une vingtaine de roquettes ont été tirées depuis la bande de Ghaza et ont touché le sud d’Israël sans faire de victimes. L’une d’elles, de type Grad, s’est abattue sur Gan Yavné, près du port d’Ashdod.
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