Un gouvernement français résolument pro-israélien
C’est à la demande de la Présidence française que le Parlement a été appelé à voter dès cette session plénière de début décembre sur le « upgrading » dans les relations UE/Israël.
Une telle initiative, prise en toute connaissance de la situation catastrophique des Palestiniens sur le terrain, prouve que la France soutient la politique expansionniste d’Israël.
Une démocratie faussée
Tzipi Livni a fait le déplacement de Bruxelles pour rencontrer les Parlementaires européens 2 jours avant le vote et pouvoir ainsi influencer les hésitants, tandis que la Délégation Générale de la Palestine à Bruxelles n’avait même pas été informée du vote en préparation. Seule une fuite de dernière minute a permis d’informer le réseau.
L’intervention de Tzipi Livni au Parlement
Elle eut lieu juste après que le conseil de l’Atlantique Nord (OTAN) eut entériné un accord renforçant et élargissant ses liens sécuritaires et diplomatiques avec Israël. Cet accord permettra à Israël de coopérer plus étroitement avec l’Otan dans divers domaines, tels que la lutte antiterroriste et l’échange d’informations sécuritaires. Il serait également question d’accroître le nombre des exercices militaires communs et de collaborer dans l’action contre la prolifération des armes nucléaires.
Forte de ce soutien, le discours de Livni a été très tranché : en substance, « votre rôle est de nous aider, mais laissez-nous faire sur le terrain. » !!
« Livni a tenté d’expliquer par ailleurs que Gaza se trouvait sous le contrôle d’une organisation terroriste dont l’existence ne pouvait pas être légitimée par Israël ou par le reste du monde. Elle a laissé entendre qu’Israël pourrait lancer une opération militaire contre cette région "qui risquait de porter encore davantage atteinte à la population locale". Une option dont le gouvernement israélien parle depuis longtemps … »
Un Parlement assez faiblement mobilisé
Mercredi 3 décembre 377 députés sur 785 ont participé au vote, soit 48%
concernant la demande du groupe GUE/NGL tendant à reporter à une date ultérieure le vote sur le rapport De Keyser sur la participation de l’Etat d’Israël aux programmes communautaires () A6-0436/2008 (point 9 du PDOJ) ainsi que le vote sur les propositions de résolution déposées en clotûre du débat sur le même sujet (point 10 du PDOJ).
Interviennent Francis Wurtz, au nom du groupe GUE/NGL, qui motive la demande, Daniel Cohn-Bendit, au nom du groupe Verts/ALE, et José Ignacio Salafranca Sánchez-Neyra, au nom du groupe PPE-DE.
Par VE (194 pour, 173 contre, 10 abstentions), le Parlement approuve la demande.
C’est donc à une courte majorité des présents. C’est remarquable malgré tout, car les groupes ayant défendu le report ne représentent que 38% des Parlementaires.
La mobilisation a été payante
Véronique de Keyser a signalé dans son intervention que « À l’heure où je vous parle, le upgrading politique d’Israël est traité au niveau du Conseil dans la plus grande célérité et la plus grande opacité. Et c’est bien de cet upgrading là dont l’opportunité, aujourd’hui, en ce moment même, interpelle dans le contexte politique de la région et nous vaut des centaines et des centaines de mails des citoyens. Alors il faut que le Conseil fasse la transparence sur les débats en cours et en réponde devant les citoyens européens. »
Bravo et merci à tous ceux qui ont écrit.
Le résultat est cependant bien maigre
Les Députés européens qui ont voté pour le report n’ont pas remis en cause le principe du « rehaussement ». Le report du vote pourrait n’être que d’un mois ( ?) ; il est lié surtout à la situation humanitaire catastrophique à Gaza. Il est très probable que de petits gestes cosmétiques et provisoires de la part d’Israël à Gaza, de même que la promesse, mille fois faite et jamais tenue, de stopper la colonisation, suffiront pour débloquer la situation.
Personne (ou presque) ne parle plus de Droit international, d’occupation, de mur, et à peine de colonisation. Tout cela est bien inquiétant !
La position de notre gouvernement se retrouve dans l’intervention du Président de séance, M. Jouyet :
« Le Conseil a la conviction que ce rehaussement sert les deux parties et pas seulement les intérêts du pays que nous associons plus étroitement à la famille européenne. Il sert l’Europe dans la mesure où il lui permettra de tisser des liens plus étroits, plus confiants, avec des segments nouveaux de la population israélienne, qu’il s’agisse de ses étudiants, de ses chercheurs, de ses entreprises ou de ses techniciens.
L’Europe sera ainsi en mesure de faire la preuve concrète des bienfaits de la coopération multilatérale en termes de paix et de prospérité. Je le dis à Mme De Keyser, un tel enseignement a son prix dans une zone telle que le Proche-Orient. L’Europe pourra ainsi tenir de manière plus forte et plus crédible le langage de vérité que permet la confiance. »….
(Restez calmes !)
QU’ONT FAIT NOS DEPUTES GRAND EST ?
Je n’ai trouvé que la liste de présence sur le site officiel du Parlement européen (à noter l’absence de Marie-Anne Isler-Béguin -Les Verts- qui doit être en déplacement, car elle n’a pas encore répondu à notre lettre).
Il manque la liste nominative des votes qui devrait bientôt être disponible … (?)
En général, nos députés ne font pas preuve d’un grand courage lorsqu’il s’agit du Proche-Orient et se contentent d’observer la discipline de leur groupe.
Vous trouverez en annexe 1 la liste des Députés Grand Est et en annexe 2 la réponse de Nathalie Griesbeck, édifiante pour mesurer le travail qui nous reste à accomplir. A noter que même les Députés qui n’ont pas voté pour le report aiment à nous signaler que « le Parlement a reporté… »
En annexe 3 vous trouverez une réponse type d’un député PS.
ANNEXE 1 : Les Députés Grand Est au Parlement européen
Les députés du grand Est ont-ils répondu à notre courriel ?
Sont-ils pour le report ?
(tableau provisoire qui sera contrôlé et réécrit)
Députés Grand Est au Parlement européen | réponse ? | report ? | Groupe politique |
1. BEAUPUY, Jean Marie | non | non | Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe |
2. BOURSIER, Catherine | oui | oui | Groupe socialiste au Parlement européen |
3. DAUL, Joseph | non | non | Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens |
4. GOLLNISCH, Bruno | non | ? | Non-inscrits |
5. GRIESBECK, Nathalie | oui | non | Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe |
6. HAMON, Benoît | non | oui | Groupe socialiste au Parlement européen |
7. ISLER BÉGUIN, Marie Anne | non | oui | Groupe des Verts/Alliance libre européenne |
8. MATHIEU, Véronique | non | non | Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens |
9. PRIBETICH, Pierre | oui | oui | Groupe socialiste au Parlement européen |
10. TRAUTMANN, Catherine | non | ? |
Chaque groupe désigne un "group co-ordinator", chargé de décider de quelle manière le groupe doit voter au Parlement. Cependant, aucun député n’est contraint par cette décision, et il n’existe aucune sanction officielle induite par un vote différent de celui déterminé par le groupe.
ANNEXE 2 : Réponse de Nathalie Griesbeck
Monsieur,
J’ai bien reçu votre Email et vous en remercie.
En ma qualité de députée européenne, je suis consciente de l’importance que l’Union européenne doit porter à l’apaisement de la région et à un engagement véritable vers un maintien de la trêve ainsi que vers la levée du blocus israélien de Gaza qui va à l’encontre des libertés fondamentales dont devrait jouir tout individu.
Face à la situation que connaît actuellement la population de Gaza, je prends pleinement la mesure de vos inquiétudes en ce qui concerne la participation de l’Etat d’Israël aux programmes communautaires. Je me permets de vous informer que le Parlement européen a voté cette semaine le report des discussions sur l’accord de coopération avec Israël, à une date encore indéterminée.
Dans l’attente d’une discussion au Parlement européen, je serai vigilante à ce que l’aide européenne apportée à la région profite véritablement aux citoyens palestiniens qui subissent le blocus, et qu’elle ne fasse pas l’objet d’actions participant au financement des affrontements dans la zone.
Je puis par ailleurs vous assurer que je resterai très attentive à ce que l’on accompagne le processus de paix qui doit se faire par un dialogue constant et une affirmation des convictions européennes que sont l’humanisme, la paix, la démocratie et le respect des libertés fondamentales, auprès d’Israël et de la Palestine. C’est en ce sens que j’ai reçu il y a deux semaines, au Parlement européen à Strasbourg, Daniel Halevy-Goetschel, Ministre-conseiller de l’Ambassade d’Israël en France, pour lui faire part de mes préoccupations quant à la situation actuelle sur le territoire de Gaza et des engagements que devra prendre l’Etat d’Israël dans le cadre d’une participation aux programmes communautaires, tout en comprenant parfaitement les inquiétudes israéliennes.
Je ne manquerai pas de m’entretenir de vos préoccupations avec François Bayrou et Marielle de Sarnez, ainsi qu’avec mes collègues de la délégation Mouvement démocrate du groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE).
Restant naturellement à votre écoute,
Nathalie Griesbeck.
ANNEXE 3 : Réponse de Pierre PRIBETICH (PS)
Madame, Monsieur,
Lors des débats sur la participation controversée d’Israël aux programmes communautaires, j’ai participé à la prise de décision de la position majoritaire du Groupe socialiste à savoir d’"inviter le gouvernement israélien à lever, pour des raisons humanitaires, le blocus de la bande de Gaza".
Je me suis donc prononcé en faveur d’un report du vote en janvier de manière à discuter avec sérénité de cette éventuelle participation. Ce signe lancé vers Israël dans le cadre de la politique de voisinage vise à assurer la paix et la prospérité dans la région.
Mais au regard de la situation humanitaire actuelle à Gaza et de ses effets dévastateurs, le report, solution certes partielle, permet néanmoins de mettre en lumière la condamnation par l’ensemble du groupe socialiste de cette situation intolérable.
Mes collègues et moi-même restons vigilants par rapport à cette situation difficile.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, mes sincères salutations.
Pierre Pribetich.