Tant les révélations que les façons dont elles sont livrées ont de quoi déconcerter le spectateur.
Le réalisateur, l’Israélien Avi Mograbi, ne s’en cache pas, au contraire. Dès les premières minutes de son documentaire, il s’interroge sur la manière appropriée de faire témoigner le soldat sans l’identifier. Il finit par opter pour des retouches numériques, qui dissimulent les traits du visage tout en préservant l’expression du regard et les rictus.
À entendre ce jeune homme parler de ce qu’il a fait, sans trop d’états d’âme, on comprend aisément qu’il craigne les représailles. En même temps, son récit permet de s’imaginer à sa place, dans le contexte difficile de ce conflit.
On te raconte que dans une maison il y aura un terroriste et tu meurs d’envie que ça arrive, car c’est pour ça que t’as fait 20 mois d’entraînement. Tout homme de plus de 5 ans est un danger. C’est ce que tu ressens.
— Z32
L’étrangeté du procédé cinématographique fait écho à la logique de la guerre, que la copine du soldat n’arrive pas à concevoir, malgré tous ses efforts.
Vous étiez pénétrés de votre mission et heureux de réaliser votre rêve mouillé : tuer des Arabes.
— la copine de Z32
Avi Mograbi essaie lui aussi de comprendre ce soldat, mais ne tente jamais de l’excuser, ni de s’excuser lui-même d’aborder un sujet aussi controversé. Connu pour ses positions critiques face à la droite israélienne, il a auparavant réalisé Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon. Avec Z32, il signe un documentaire audacieux, qui porte à réfléchir.