Ariel Sharon peut être satisfait.
Une fois de plus, le soutien indéfectible des États-Unis lui a permis d’éviter une condamnation internationale après le massacre perpétré dans la bande de Gaza : le dernier bilan fait état de plus de quatre-vingt-cinq morts, dont de nombreux enfants.
Washington a opposé son veto, mardi à New York, à la résolution présentée par l’Algérie au nom du groupe arabe de l’ONU. Le projet exigeait « la cessation immédiate de toutes les opérations militaires dans le nord de Gaza et le retrait des forces d’occupation israéliennes de cette zone ». Il appelait « Israël, puissance occupante, à assurer l’accès libre et la sécurité des personnels des Nations unies et [...] au respect de l’inviolabilité des installations de l’ONU sur le terrain, y compris de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) ».
Parmi les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies, outre l’opposition américaine, onze ont voté pour le texte et trois se sont abstenus, dont deux pays européens, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. La France a voté pour.
« Il nous paraissait essentiel que le Conseil réagisse rapidement à la détérioration rapide de la situation dans le nord de la bande de Gaza et
lance un appel à la raison », a déclaré l’ambassadeur français, Jean-Marc de La Sablière, en expliquant le vote de la France en faveur de la résolution. « La France, a-t-il dit, reconnaît le droit d’Israël à
se défendre contre les actes terroristes odieux qui frappent sa population. Toutefois, il doit le faire dans le strict respect du droit international. »
Pour l’ambassadeur d’Algérie auprès de l’ONU, Abdallah
Baali, seul membre arabe du Conseil de sécurité, « c’est un triste jour pour les Palestiniens et un triste jour pour la justice ».
L’ambassadeur américain John Danforth a exprimé le veto de son pays en ces termes, après l’échec de la tentative de compromis menée par la Grande-Bretagne et l’Allemagne : « Une nouvelle fois, la résolution est déséquilibrée », car elle accuse Israël et « absout les terroristes »,
a-t-il regretté avant le vote. « Elle manque dangereusement de sincérité du fait de ses nombreuses omissions. Pour ces différentes raisons, la résolution manque de crédibilité et mérite que l’on vote contre. »
En réalité, la seule mention de l’« occupation » est inacceptable pour les États-Unis. Car dans ses considérations préliminaires, le texte condamnait pourtant « tous les actes de violence et de terrorisme,
l’usage excessif et sans discrimination de la force et les destructions ».
Au moment où la résolution de l’ONU était rejetée, dans la nuit de mardi à mercredi des chars israéliens bombardaient le nord de la bande de Gaza, tuant trois Palestiniens et blessant dix enfants, dont certains
grièvement, selon des témoins et des médecins palestiniens.
Un obus de char a tué un jeune dans une habiation de la ville de Beït Lahiya et un autre a tué deux autres personnes, dans la même ville. Un troisième obus
a atteint une maison où dormait une famille. Dix enfants, âgés de six mois à douze ans, ont été blessés, selon des médecins hospitaliers. De source militaire israélienne, on déclarait que les forces israéliennes
avaient ouvert le feu sur un groupe d’individus armés qui avaient tiré une roquette antichar d’une habitation. Mais ces allégations sont à prendre avec prudence.
Il y a quelques jours, vidéo aérienne à l’appui, l’armée israélienne accusait les Palestiniens d’utiliser les
ambulances de l’ONU pour transporter des roquettes. Des accusations démenties par l’ONU, qui affirmait qu’il s’agissait de brancards et non de roquettes. Depuis, l’armée a fait marche arrière et a annoncé qu’elle
réévaluait son jugement.