Benjamin Netanyahu s’efforce de ménager à la fois l’administration Obama, les Palestiniens et sa propre droite nationaliste. Mais en vain. Cela fait plusieurs jours qu’il affirme être à deux doigts d’un accord avec les Etats-Unis sur un gel temporaire de la construction juive dans les territoires palestiniens. Mais, vendredi, son cabinet a annoncé qu’avant d’appliquer ce gel, le Premier ministre israélien compte encore donner le feu vert à "des centaines" de nouveaux chantiers juifs en Cisjordanie. Il en a informé Washington.
"Inacceptable", a immédiatement réagi le président palestinien Mahmoud Abbas. "La seule chose qui s’en trouvera gelée sera le processus de paix", a déclaré le négociateur palestinien Saèb Arekat.
Selon des sources palestiniennes, l’Autorité palestinienne de M. Abbas envisagerait même, à présent, de s’adresser à l’Union européenne pour qu’elle lance des sanctions contre Israël.
Par ailleurs, dans l’entourage de M. Netanyahu, l’on a admis vendredi que les Etats-Unis n’approuvaient pas non plus ce projet d’accélération avant le gel [1]. Car, à leurs yeux, il contredit l’esprit des tractations en cours sur l’arrêt de l’expansion juive. Mais le parti Likoud de M. Netanyahu se réjouit.
Les Palestiniens sont d’autant plus exaspérés que l’accord sur lequel M. Netanyahu serait en voie de conclure avec les Américains est lui-même déjà irrecevable à leurs yeux. Cet accord sera au centre des entretiens que l’émissaire américain George Mitchell doit reprendre la semaine prochaine à Jérusalem, en vue d’ouvrir la voie à un sommet Obama-Netanyahu-Abbas à la fin de ce mois à New York, en marge de l’assemblée générale des Nations unies. MM. Obama et Netanyahu aimeraient que ce sommet donne le coup d’envoi à la reprise des négociations de paix. Mais M. Abbas a réitéré cette semaine qu’il ne rencontrera pas M. Netanyahu tant que celui-ci n’aura pas totalement gelé la construction juive dans les territoires.
Or, à en croire les sources israéliennes, l’accord imminent entre Israël et les Etats-Unis [2] prévoira un moratoire sur la construction juive en Cisjordanie pour une durée non encore précisée, mais pas plus longue que "quelques mois". Et il ne concernera ni les 2500 unités de logement qui sont déjà à divers stades de construction dans les colonies existantes, ni les "centaines" de nouveaux chantiers auxquels M. Netanyahu devrait prochainement donner sa bénédiction. Israël continuera donc à bâtir sur ces milliers de sites.
Le moratoire ne concernera pas Jérusalem non plus. C’est-à-dire que les travaux de construction se poursuivront également dans les quartiers juifs situés au cœur et autour de la Jérusalem-Est palestinienne qu’Israël considère annexée à jamais à l’Etat juif. Rappelons que la Cisjordanie abrite aujourd’hui déjà quelque 300 000 colons juifs, au milieu de 2,5 millions de Palestiniens. Les quartiers juifs dans et autour de Jérusalem-Est comptent près de 200 000 habitants, face à quelque 250. 000 Hiérosolymitains palestiniens, et en plus des 280 000 juifs de Jérusalem-Ouest.
En échange du gel en Cisjordanie, le Premier ministre israélien attend du président américain qu’il obtienne des "gestes" du monde arabe. Notamment de la part du Maroc, de la Tunisie, du Qatar et d’Oman, avec qui Israël voudrait rétablir les liens économiques qu’il avait dans le passé. Et de la part d’autres pays dans la région dont les compagnies aériennes d’Israël voudraient pouvoir survoler le territoire. Mais le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déjà déclaré que les propositions d’Israël sur la colonisation n’étaient "pas sérieuses" et "pas suffisantes" pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens.