L’UC de Louvain, université de Belgique va mettre fin à sa participation à un projet de « recherche » financé par l’Union Européenne, réalisé en partenariat avec des tortionnaires israéliens.
Luc Sels, le recteur de l’université, a annoncé mercredi que les chercheurs seraient en mesure d’achever la phase actuelle du projet LAW-TRAIN, laquelle se terminera en avril 2018, mais qu’ils ne participeraient pas aux phases à venir.
“LAW-TRAIN ne peut pas être jugé séparément de la composition du groupement,” a déclaré Sels.
“La participation du ministère israélien de la sécurité publique pose effectivement un problème éthique compte tenu du rôle que joue le bras armé du gouvernement israélien en imposant une occupation illégale des territoires palestiniens et la répression qui lui est liée de la population palestinienne.”
Sels a ajouté : “Je ne considère donc pas qu’il soit opportun de se soumettre au suivi de la mise en oeuvre des projets avec un groupement identique.”
La plateforme Charleroi-Palestine, une association belge de solidarité, a qualifié la décision “de magnifique victoire pour toutes les organisations et les personnes qui se sont mobilisées contre cette collaboration avec la police israélienne.”
Travailler avec des tortionnaires
LAW-TRAIN a commencé en mai 2015 avec le but prétendu d’ “harmoniser et de partager les techniques d’interrogation entre les pays concernés afin de faire face aux nouveaux défis de la criminalité transnationale.”
En plus de l’UC de Louvain, LAW-TRAIN implique l’Université israélienne Bar-Ilan, le ministère israélien de la sécurité publique, le ministère belge de la justice, la Garde Civile espagnole, police paramilitaire, et la police roumaine.
L’UE met l’accent sur le respect par LAW-TRAIN de lignes directrices éthiques. Mais des experts juridiques internationaux ont déclaré en juin que LAW-TRAIN viole les règlements de l’UE et le droit international parce que le ministère israélien de la sécurité publique “est responsable ou complice de tortures, d’autres crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.”
Les universitaires et militants belges et palestiniens ont appelé les participants européens, parmi lesquels l’UC de Louvain et l’institut de recherche portugais INESC-ID, à se retirer de LAW-TRAIN.
LAW-TRAIN est financé dans le cadre d’Horizon 2020, un programme de l’UE qui apporte des millions de dollars aux fabricants d’armes israéliens et aux contrevenants aux droits de l’homme sous couvert d’aider la “recherche.”
La charte des droits de l’homme
Sels de l’UC de Louvain a écrit que l’avenir du projet LAW-TRAIN était “une des questions les plus difficiles auxquelles j’ai été immédiatement confronté” en prenant mes fonctions en août. Il a remarqué que “les militants ont demandé que nous mettions immédiatement un terme au projet de recherche y compris à tous les contrats qui y étaient liés.”
Un autre résultat positif est que Sels ait engagé l’UC de Louvain à établir “une charte des droits de l’homme en tant qu’outil d’évaluation de la participation à des projets de recherche.”
Ceci pourrait avoir de larges avantages et encourager d’autres institutions et universitaires à reconsidérer leur propre complicité dans les violations des droits de l’homme par Israël et par d’autres auteurs de violations des droits humains.
Le gouvernement du Portugal s’est déjà retiré l’année dernière de LAW-TRAIN après que des militants ont fait apparaître des inquiétudes quant aux droits de l’homme.
Cornelia Geldermans, procureur hollandaise précédemment inscrite en tant que membre du conseil consultatif de LAW-TRAIN, ne semble plus être impliquée. Mais trois universitaires du R-U sont toujours inscrits comme conseillers.
Violations financées par l’UE
Sels a mis l’accent sur le fait que l’université appliquerait une démarche impartiale aux questions de droits de l’homme, en remarquant que “les droits de l’homme sont aussi piétinés actuellement par certaines organisations palestiniennes.”
Il a raison, et ces violations sont aussi facilitées par l’UE.
Par exemple, l’UE finance EUPOL-COPPS, un programme d’entraînement des forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne qui répriment brutalement l’opposition palestinienne à l’occupation militaire israélienne.
Certains des officiers qui ont dirigé le programme ont été membres auparavant de la Police Royale d’Ulster (RUC), la force sectaire aujourd’hui dissoute, notoirement connue pour ses violations des droits de l’homme en Irlande du Nord sous régime britannique .
LAW-TRAIN n’est pas le seul projet posant problème à être financé par le programme de recherche Horizon 2020. Le projet donne aussi des millions de dollars à Elbit Systems, une société israélienne qui aide l’armée israélienne à se soustraire à une interdiction internationale des armes à sous-munitions.
L’année dernière, Carlos Moedas, le commissaire aux sciences de l’UE, responsable d’Horizon 2020, s’est rendu en Israël.
Bien que l’UE affirme fréquemment qu’elle maintient un « dialogue »sur les droits de l’homme avec Israël, il a été conseillé à Moedas par les fonctionnaires organisant son voyage d’éviter les commentaires sur les activités de colonisation d’Israël quand il rencontrerait le ministre israélien des sciences.
Emanuele Giaufret, l’ambassadeur de l’UE à Tel Aviv, s’est récemment vanté qu’Israël ait empoché jusqu’ici une stupéfiante somme de 534 million de dollars de la part d’ Horizon 2020.
Cette semaine Giaufret a été vu “en train de fêter la Journée des Droits de l’Homme Human Rights Day” avec le ministère israélien de la justice, dont le chef, Ayelet Shaked, a notoirement publié un appel au génocide des Palestiniens.
Giaufret a aussi serré la main de Uri Ariel, un ministre israélien d’extrême droite qui a approuvé un plan pour forcer les Palestiniens à quitter leur pays natal.
Un important spécialiste de l’Holocauste a qualifié le plan soutenu par Ariel de potentiellement génocidaire et a comparé les valeurs de son principal promoteur, un autre législateur israélien, à celle des SS nazis .
Par contre, les militants sont certains d’accueillir la décision de l’UC de Louvain de mettre fin à sa participation à LAW-TRAIN comme une véritable victoire des droits de l’homme en face de la complicité des fonctionnaires de l’UE qui s’intensifie avec -et pour soutenir- les politiques les plus extrêmes d’ Israël.
Des centaines de responsables espagnols appuient le BDS
Cette victoire intervient parmi d’autres signes majeurs d’une prise de conscience européenne croissante de la nécessité de mettre fin à la complicité institutionnelle et gouvernementale avec les crimes israéliens contre les droits de l’homme.
La semaine dernière, le Comité National Palestinien du BDS (CNB) a salué une déclaration signée par des centaines de responsables élus espagnols exprimant leur soutien au mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) comme la seule démarche pour parvenir à une paix juste et durable pour les Palestiniens.
Et à la suite de la décision cette semaine de Donald Trump, Président des USA, de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, les Palestiniens préconisent une accentuation de telles campagnes.
“Les Palestiniens, soutenue par la quasi-totalité du monde arabe et par des millions de gens de conscience partout dans le monde, n’accepteront pas cette toute dernière capitulation des USA devant le programme extrémiste d’Israël,” a déclaré le CNB
“Nous continuerons à mettre l’accent sur l’obtention de nos droits stipulés par l’ONU et la fin du régime d’occupation par Israël, de la colonisation de peuplement et de l’apartheid, au moyen du mouvement mondial de boycott, de désinvestissement et de sanctions.”
Tiré du Blog d’Ali Abunamah
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers