Publié le 25/01/2017
Ramallah - Ma’an - L’avocate de la commission des prisonniers, Hiba Masalha, rapporte le témoignage de la prisonnière Abla Abdel Wahid al-A’adam, 45 ans, de Beit Oula, dans le district d’Hébron, mariée et mère de neuf enfants, arrêtée le 18/10/2015 et condamnée à trois ans de prison et une amende de 2000 shekels.
Elle précise que ce jour-là, Abla, après avoir fait quelques achats pour ses enfants, se dirige vers l’arrêt de bus situé à bab al-Zaouia, un quartier où de temps à autre des affrontements éclatent entre les jeunes et l’armée d’occupation. Sur son chemin vers le bus, un soldat de la tour de contrôle de Bab al-Zaouia a pointé son fusil vers elle et a tiré plusieurs coups de feu sans raison, Abla s’effondre en sang sur le sol, touchée par une balle dans l’œil droit et une autre à la tête, dans un état semi-comateux, elle ne voit rien mais entend quelques voix.
Les soldats se sont approchés d’elle et l’ont rouée de coups avec leurs crosses de fusils , en criant "à mort, à mort", et en la frappant à la tête et au visage, insensibles à ses blessures qui saignent abondamment, ils s’acharnent sur elle, le visage couvert de sang, les mâchoires supérieure et inférieure fracturées, le nez cassé, et une blessure grave à l’oreille droite, Abla est mal en point, elle ne bouge plus et n’entend plus mais les soldats ont continué à lui porter des coups au dos et à l’épaule avec leurs chaussures militaires.
Elle a expliqué qu’une ambulance est arrivée sur les lieux pour essayer de lui porter secours mais les soldats israéliens ont interdit aux sauveteurs de s’approcher, et après 20 minutes d’attente, les soldats l’ont emmenée à l’hôpital Hadassah à Jérusalem où elle a subi plusieurs opérations et avant même de terminer ses soins, Abla a été transférée dans la prison de "Hasharon" où elle s’est réveillée quelques heures après son arrivée dans la section des prisonnières.
Quelques jours plus tard, l’avocat lui a fait savoir que des inspecteurs l’ont interrogée à l’hôpital Hadassah mais elle ne se souvient pas ni quand ni avec qui et encore moins ce qu’elle a répondu.
Elle a souligné qu’elle criait de douleur quand elle s’est réveillée en prison, et qu’elle a appris de la part des prisonniers qu’elle est arrivée dans un état déplorable, Abla est restée pendant des mois sans pouvoir manger, ni marcher et ni bouger ses mains, ce sont les prisonnières qui la transportent aux toilettes, qui la lavent, lui changent ses vêtements et la font manger de la nourriture liquide.
L’avocate Hiba Masalha a indiqué que l’état de santé actuel de Abla al-Aadam est comme suit :
1. Perdu l’œil droit.
2. blessures et fractures graves du crâne sur le côté droit.
3. nez cassé et perte de l’odorat.
4. des saignements dans l’oreille droite qui ont duré deux mois, résultat elle n’entend plus.
5. fracture de la mâchoire supérieure et inférieure, elle ne peut plus mâcher les aliments, et elle a perdu beaucoup de poids.
6. difficulté de marcher suite aux coups reçu sur son dos.
7. impossibilité de bouger sa main gauche, apparemment en raison d’une luxation à l’épaule.
8. souffre de douleurs et d’inflammation au bas-ventre, avec des difficultés à uriner.
9. souffre de constipation permanente.
10. souffre de mal de tête qui l’empêche de dormir.
11. souffre d’étourdissement permanent qui l’empêche de se tenir debout et maintenir son équilibre.
L’avocate a dit que la prisonnière Abla a été transférée à trois reprises à l’hôpital Hadassah, pour des examens routiniers, les médecins lui ont promis de lui donner rapidement un rendez-vous pour trois interventions nécessaires sur le crâne, l’œil droit et les deux mâchoires, mais à ce jour aucune date n’a été fixée pour ces opérations par les médecins.
Elle a fait remarquer que la prisonnière souffre beaucoup lors de son transport à l’hôpital, car le fourgon (Bosta) s’arrête à la prison de Mescoubieh où elle est mise pendant plusieurs heures dans une cellule, en attendant que les soldats récupèrent d’autres prisonniers.
Et un jour lors d’une halte, ils l’ont mise dans la cellule n°10, et quelques instants après, deux personnes portant des uniformes noirs sont entrés da la cellule, ils l’ont jetée par terre et l’ont sévèrement cognée à coups de pieds sur le dos en l’insultant et en lui crachant sur le visage.
Traduction : Moncef Chahed
Groupe de Travail Prisonniers