« Nous les Palestiniens nous avons l’impression que nous ne contrôlons pas notre destinée. L’espoir d’une possible solution survient régulièrement mais tombe à l’eau et alors nous recommençons à attendre. L’attente est devenue une partie intégrante de nos vies. C’est à la racine de notre être » dit-il.
‘Avant de quitter les territoires palestiniens pour étudier à l’étranger, le réalisateur du film, Ahmad, joué par Mahmoud Massad, est persuadé de faire un dernier travail : auditionner les acteurs pour la nouvelle fiction du Théâtre National Palestinien.’
‘En cherchant sur Internet des talents d’acteurs, il entreprend un voyage souvent frustrant mais très éclairant avec la journaliste Bissan (Areen Omari) et le caméraman Lumière (Youssef Baroud).’
‘Lors des auditions dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, en Jordanie et en Syrie, Ahmad dit aux futurs acteurs qu’ils doivent jouer le rôle de quelqu’un en attente.’
Masharawi connaît bien le sujet, étant lui-même un réfugié, dans l’incapacité de retourner chez lui dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, ville où il dirigeait un centre de cinéma et culturel ces trois dernières années.
« J’ai donc passé le temps à attendre à l’extérieur pour pouvoir revenir chez moi et faire ce film » dit Masharawi qui, en plus de vingt ans, a fait quelques 20 films.
Malgré le sujet sinistre dont des images de charniers de victimes des massacres dans les camps de réfugiés de Sabra et Shatila au Liban, camp rasé par les Israéliens [1], l’histoire est racontée non sans un léger humour et ironie.
« J’ai moi-même connu l’attente et j’ai passé beaucoup de temps à attendre. Par exemple, alors que j’étais avec ma famille sous un couvre-feu de deux mois à Gaza. Ce n’est pas possible d’être triste pendant deux mois. Et quelquefois on rit. On se raconte des blagues. On essaye de rendre notre vie aussi agréable que possible dans une telle situation ».
Tourné en octobre et novembre dernier au Liban, en Jordanie et en Syrie, le film emploie environ 50 réfugiés palestiniens jouant leur propre rôle.
« On discute beaucoup actuellement en Palestine au sujet des réfugiés, beaucoup de négociations avec Israël, avec l’Amérique, avec l’Union Européenne mais ils parlent tout le temps de chiffres...je voulais avec ce film montrer ce que cela signifie d’être un réfugié palestinien » explique-t-il.
Tandis que Bissan termine ici les vérifications de sa bande son pour les auditions, elle récite mécaniquement les phrases qu’en tant que présentatrice pour la télévision palestinienne, elle répète chaque jour, les phrases ‘clichés’ de l’espoir palestinien : « l’Union Européenne a exprimé l’espoir...le premier ministre palestinien espère que la crise pourra être résolue ».
Malgré le fait que Masharawi dise qu’il ne se considère pas comme un cinéaste politique, il dit que le fait d’être un cinéaste palestinien « est politique du fait du contenu de nos films. »
« Nous n’essayons pas d’être politiques. Nous essayons de raconter nos histoires, nous voulons expliquer notre vie » dit-il.
*Le film de Masharawi est co-produit par la chaîne de télévision germano-française, ARTE, et passe à l’écran à Venise dans la sélection des films d’auteurs. Il sera en compétition cette semaine au Festival du Film de Toronto.