D’après ses proches, le jeune homme de 36 ans avait ensuite pris le chemin du poste frontière entre la Jordanie et les Territoires palestiniens. C’est là qu’il aurait été emmené par les autorités israéliennes, qui y disposent d’un poste de contrôle des douanes.
Mustapha Awad aurait alors disparu des radars, jusqu’au 27 juillet, date à laquelle les autorités belges auraient reçu confirmation de son arrestation et de son emprisonnement en Israël.
Mustapha Awad est Belge d’origine palestinienne. Il est né au Liban dans le camp de réfugiés de Ain el Héloué. Apatride, il a été reconnu comme réfugié en Belgique il y a plus de 15 ans, avant d’obtenir la nationalité belge.
Contactée mercredi, l’ambassade d’Israël à Bruxelles n’a dans un premier temps pas souhaité faire de commentaire sur le dossier. Mais ce jeudi, le porte parole de l’ambassade a souhaité nous confirmer que Mustapha Awad avait bien été arrêté, qu’il est accusé d’appartenance à un groupe terroriste, en l’occurrence le Front Populaire de Libération de la Palestine, un groupe armé de gauche. Selon l’ambassade d’Israël, Mustapha Awad aurait aussi suivi des entraînements avec le Hezbollah libanais (mise à jour, ndlr).
C’est aussi ce que la presse israélienne rapportait il y a quelques jours.
Un comité de soutien, Free Mustapha Awad, s’est constitué en Belgique, et une pétition a été lancée. Objectif de ses proches : demander aux autorités belges d’intervenir pour obtenir sa libération. Une délégation de ce comité a été reçue au SPF Affaires étrangères mercredi matin.
Alexis Deswaef, avocat et ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), a accompagné la délégation du comité de soutien mercredi. Il a été délégué par la LDH pour suivre le dossier.
Que sait-on de ce qui s’est passé ?
Alexis Deswaef : C’est à la frontière entre la Jordanie et la Palestine, sur le pont Allenby, que les autorités israéliennes ont arrêté Mustapha Awad, alors qu’il n’était pas en Israël. C’est là qu’il a disparu le 19 juillet. Il a fallu pas mal de temps pour comprendre ce qui était arrivé. C’est seulement le 27 juillet que les autorités belges, et le consulat belge ont reçu la confirmation des autorités israéliennes qu’il a été emprisonné en Israël.
Et c’est effectivement une arrestation tout à fait inhabituelle
Que reprochent les autorités israéliennes à Mustapha Awad ?
Alexis Deswaef : Les motifs de cette arrestation constituent une grande inconnue. Le 16 août, il a visiblement été mis en accusation du chef de terrorisme.
On sait qu’en Israël, cela recouvre énormément de choses, mais visiblement, il est accusé de lien dans un dossier de terrorisme ; ce qui est contesté. Mais on ne sait pas exactement ce que cela vise. Les autorités belges n’en ont pas été informées.
Une nouvelle audience est prévue le 2 ou le 3 septembre. On espère avoir plus de renseignements à cette occasion là, et voir concrètement dans le dossier ce qui lui est reproché, pour pouvoir intervenir.
Quelle est l’attitude des autorités belges dans ce dossier ?
Alexis Deswaef : Mustapha Awad a reçu une première visite du consul de Belgique le 7 août, une visite consulaire sollicitée par les autorités belges auprès des autorités israéliennes, et qui a été accordée. Une deuxième visite a été sollicitée et est prévue dans les jours qui viennent.
Il y a un avocat en Israël qui défend Mustapha Awad, et nous espérons qu’il sera libéré très rapidement. Mais la moindre des choses, c’est que la Belgique obtienne de la part des autorités israéliennes des explications sur les motifs de cette arrestation, et de cette détention.
Et que des comptes soient rendus par rapport à ce qui nous revient comme conditions d’interrogatoire : plus d’une vingtaine d’heures d’auditions, privation de sommeil et de nourriture, mauvais traitements... Ce sont clairement des traitements inhumains équivalents à la torture, et il est absolument inacceptable que les autorités israéliennes agissent de la sorte avec un ressortissant belge. C’est là que les autorités belges doivent faire tout le nécessaire pour mettre fin à ces violations des droits humains , et pour obtenir la libération de Mustapha Awad.