- Reuters
Tony Blair laissera peu de regrets chez les Palestiniens et même chez les Israéliens après sa démission, mercredi, de son poste d’émissaire du Quartette pour le Proche-Orient qu’il occupait depuis juin 2007.
Les Palestiniens reprochent à M. Blair avant tout sa partialité supposée en faveur d’Israël. « Nous sommes contents que Tony Blair parte. Il aurait dû démissionner il y a longtemps, a déclaré à l’AFP le négociateur palestinien Mohammad Shtayyeh. Il n’a rien fait pour la cause palestinienne, mais a été utilisé par Israël pour justifier son occupation et ses colonies. » Le haut responsable du Fatah Nabil Chaath s’est lui aussi réjoui de son départ. M. Blair « n’a rien fait pour les Palestiniens pendant huit ans ». « Il n’était pas l’envoyé du quartette, il était un envoyé d’Israël et des États-Unis, et était complètement biaisé », a renchéri Samir Awad, professeur de sciences politiques à l’université de Bir-Zeit, près de Ramallah en Cisjordanie.
Maigres résultats
Composé des États-Unis, de la Russie, de l’Union européenne et de l’Onu, le Quartette a été fondé en 2002 afin de jouer le rôle de médiateur dans le processus de paix israélo-palestinien au point mort depuis plus d’un an. La mission de M. Blair consistait à organiser l’aide internationale aux Palestiniens et piloter des initiatives visant à soutenir l’économie et les institutions palestiniennes en préparation de l’éventuelle création d’un État palestinien. Mais son action a été régulièrement critiquée en raison de l’absence de progrès dans le processus de paix, même s’il n’a lui-même aucun rôle formel dans ces négociations.
De l’avis des Palestiniens comme des Israéliens, il n’aurait d’ailleurs engrangé que de maigres résultats. « Son seul succès est d’avoir fait ouvrir le point de passage vers Israël de Jalameh » près de Jénine, dans le nord-ouest de la Cisjordanie, selon Ali Jarbawi, un ancien ministre palestinien. « Pour obtenir des résultats, il aurait dû tenir tête à Israël et insister pour que des points de passage soient ouverts, que la circulation (en Cisjordanie) soit facilitée et que le siège de Gaza soit levé, mais il ne le voulait pas », a-t-il ajouté.
Côté israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exprimé sa reconnaissance pour les « grands efforts » de M. Blair en faveur de la paix. Mais, pour Tamar Hermann, professeur de sciences politiques à l’université ouverte d’Israël, M. Blair n’a soutenu avec succès « que quelques initiatives économiques isolées » et n’a pas exploité son « potentiel humain et personnel » pour contribuer à un rapprochement israélo-palestinien.