Le 12 novembre, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a confirmé l’obligation d’étiquetage conforme des produits des colonies ; le même jour, la « résolution Maillard » était mise à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale pour le 3 décembre.
Le premier événement marque un pas clair et important vers un refus réel, et non plus seulement proclamé, de toute complicité avec la colonisation des territoires occupés par Israël en 1967, un pas qui devra se prolonger au plus vite par l’interdiction totale de l’importation des produits de ces colonies. L’AFPS y a contribué pas son action constante, et c’est un groupe local de l’AFPS qui avait, au départ, épinglé le producteur de vin à l’origine du litige. Cette victoire est avant tout celle de notre constance, et c’est la première leçon que nous pouvons en tirer.
Quant au vote, le 3 décembre, d’une résolution « approuvant » la définition manipulée dite « IHRA » de l’antisémitisme, devons-nous le considérer comme un échec ? Assurément non : la profonde division de la majorité sur ce texte, et surtout l’exclusion des « exemples » par le porteur de la résolution lui-même, sont des succès réels, que nous avons remportés avec nos partenaires, et dont nous devrons savoir tirer parti. Il faudra toujours rappeler et citer les mots prononcés par Sylvain Maillard à la tribune : « notre résolution, qui exclut les exemples de l’IHRA… ».
De ces six mois de mobilisation, nous pouvons retenir trois leçons.
La première, c’est que le combat que nous menons pour les droits du peuple palestinien est maintenant global. C’est la même stratégie israélienne qui s’attaque à tous les moyens d’existence du peuple palestinien, l’enferme sous blocus, le prive de ses droits, revendique l’annexion de son territoire et veut détruire l’UNRWA, et qui cherche dans le même temps à faire taire les critiques en faisant peser sur celles-ci le soupçon d’antisémitisme. Ce sont souvent les mêmes personnages, Netanyahou lui-même et son ministre de la stratégie Gilad Erdan, que l’on retrouve sur les deux fronts.
La deuxième, c’est que sur ce terrain nous sommes avant tout face à une guerre de propagande. Aucune loi ne réprime spécifiquement l’antisionisme, comme aucune loi n’interdit l’appel au boycott. Les exemples qui ont été exclus de la résolution de l’Assemblée nationale n’avaient déjà pas été adoptés par l’IHRA en 2016. Mais la propagande joue sur l’ambiguïté pour faire entrer le soupçon dans les têtes. A nous de rester forts, convaincants, et de rappeler sans arrêt la vérité.
La troisième leçon que nous devons enfin en tirer, c’est celle de l’anticipation. Nous avons eu la chance de ne pas être pris cette fois par surprise, le calendrier parlementaire nous a donné six mois, et les résultats sont au niveau du temps que nous avons eu pour expliquer et convaincre. Vis-à-vis des prochains coups qui ne manqueront pas d’arriver, il est de la responsabilité de chacune et chacun d’entre nous d’être constamment en veille.
Notre combat se déroule désormais sur trois fronts : vis-à-vis de l’opinion et des lieux de pouvoir pour promouvoir les droits du peuple palestinien, par notre solidarité concrète et nos multiples liens avec la société palestinienne, et enfin notre combat, en France, pour la liberté d’expression et d’action citoyenne.
Nous continuerons à mener notre combat dans le rejet total de toute forme de racisme et dans les alliances les plus larges possible. Pour l’année 2020, après les succès de 2019 – renforcés par la récente décision de la Procureure de la Cour Pénale Internationale -, nous travaillerons à de nouvelles victoires pour les droits du peuple palestinien, forts de nos valeurs de respect du droit, de liberté et d’égalité. A nos succès de l’année 2020 !
Bertrand Heilbronn, 24 décembre 2019