Témoignages sur la Palestine de Sandrine (AFPS) et Qasem Awad (OLP) (Clermont-Fd et Ambert -63-, les 20 et 21 novembre)
L’AFPS 63 et BDSF 63 ont organisé deux rencontres avec Sandrine et Qasem, les 20 et 21 novembre 2016 à Clermont-Ferrand (Maison de l’Oradou) et à Ambert (Librairie « Tout un monde »).
Vingt-sept adultes de tous âges (dont 10 militant-e-s AFPS) et un bébé franco-palestinien ont participé à Clermont, et 44 personnes (dont 2 AFPS, et 6 demandeurs d’asile), en majorité des jeunes et des femmes, à Ambert.
Sandrine est une jeune militante AFPS 63 qui a séjourné en Cisjordanie en octobre 2016. Encore sous le coup de ce qu’elle a vu en Palestine occupée, elle a raconté ses différentes visites, et notamment celles à des familles de prisonniers politiques qui ont témoigné de la détention administrative arbitraire, des grèves de la faim, des décès par manque de soin, etc. Elle a aussi vu l’attachement des paysans palestiniens à leur terre, qu’ils soignent malgré les menaces permanentes d’expropriation arbitraire. Et la résilience des Bédouins dans un camp avec 35 enfants où l’école a été détruite 13 fois par l’Etat israélien et reconstruite par les habitants. La misère et la violence dans les camps de réfugiés. Dans un village de Palestine, l’ONU a attendu pendant 15 ans pour avoir l’autorisation de l’occupant avant de pouvoir construire un pont métallique dans un village palestinien. Le règne de l’arbitraire est tel que ça rappelle des romans noirs de science fiction, et ceci doit nous pousser à lutter pour sauvegarder les libertés en France où certains nous proposent le modèle israélien !
Qasem Awad, Directeur de la documentation sur les violations israéliennes des droits de l’homme en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, Commission Colonisation et Résistance au Mur de l’OLP, fait une tournée en France à l’initiative de l’AFPS de Suresnes.
Il a présenté (en anglais, avec Sandrine à la traduction) un diaporama et des vidéos sur les colonies israéliennes en territoires palestiniens occupés, la construction du mur, les violations des lois internationales et des droits humains, les destructions de maisons palestiniennes et de camps de Bédouins, les assassinats de jeunes Palestinien(ne)s par l’armée ou les colons.
En 2016, plus de 1.000 maisons détruites, 5.000 sans-abris dont plus de 1.800 enfants, 169 Palestinien(ne)s tués dans la rue, 3.000 incursions israéliennes en zone A théoriquement contrôlée par l’Autorité Palestinienne. 93 camps militaires israéliens en Cisjordanie, et 22 sites de l’industrie chimique la plus toxique. 600.000 colons qui ont des armes et les utilisent impunément. Vols généralisés des terres palestiniennes qui se poursuivent (notamment dans la zone C pour les Bédouins), avec le Mur d’annexion et les check-points qui rendent une vie normale impossible.
Le grignotage des territoires palestiniens et la rupture de la continuité territoriale en Cisjordanie occupée rendent impossible la construction d’un Etat palestinien. Les Palestiniens continuent de résister pour exister et pour leur liberté. Les grandes puissances ne font rien pour sanctionner l’Etat d’Israël et lui versent des aides colossales (notamment l’administration Obama). L’idéologie sioniste du grand Israël pousse à donner une dimension religieuse au conflit.
Qasem a aussi témoigné sur son enfance (à 6 ans il a vu l’assassinat de son premier ami), et sur les conditions de son arrestation à l’âge de 19 ans, les tortures qu’il a subies, de ses 10 ans de prison, de la souffrance de sa famille.
Des débats passionnants et très émouvants ont eu lieu avec les participant-e-s, dont certains étaient bouleversé-e-s, sur la situation en Israël-Palestine, et les perspectives pour avancer vers la justice, la fin de l’apartheid et la paix. Et ce que nous pouvons faire en France dans ce but.
Les questions ont porté sur le rôle des médias en France, et le passage de la Palestine en arrière plan avec les guerres au Proche-Orient, l’élection américaine (où les programmes des deux candidats étaient désastreux pour la Palestine) ; sur la coordination des actions de résistance populaire (si elle existait vraiment, la Palestine serait déjà libre) ; le vol de l’eau, et la gestion des eaux polluées et leur utilisation pour chasser les paysans palestiniens (par exemple à Wadi Fukin) ; la non-application des décisions du Tribunal Pénal International ; les exécutions d’enfants palestiniens ne menaçant pas les soldats ou les colons.
Une longue discussion a eu lieu sur BDS. Les scolaires et étudiants palestiniens (1,2 millions) reçoivent un livret éducatif pour le boycott des produits des colonies. Les Palestiniens ne peuvent pas boycotter tous les produits israéliens car leur souveraineté est inexistante et leur production insuffisante malgré la richesse naturelle de la Palestine : on leur a volé leur terre, leur eau, leur gaz et leur pétrole, et bloqué leurs frontières. Par exemple, pour les produits pharmaceutiques, le marché palestinien est captif des industries israéliennes comme TEVA, du fait des réglementations israéliennes arbitraires, et des obstacles aux importations. Le BDS international est un élément clé pour soutenir la lutte du peuple palestinien.
Un goûter de l’amitié et de la solidarité a été partagé en fin de réunion, autour d’une table de presse. Plusieurs pétitions ont été signées, avec notamment 25 signatures pour soutenir le Collectif BDS 57 poursuivi en justice par la multinationale israélienne TEVA suite à une action BDS. Trois adhésions à l’AFPS 63, et plusieurs promesses d’adhésion. Des projets pour s’organiser en vue d’écrire à des prisonniers palestiniens.