Agressions contre les personnes, assassinats, arrestations en nombre, destructions d’habitations, d’écoles, de bâtiments agricoles, abattages d’oliviers, de vignes, blocages des exportations des productions agricoles palestiniennes, invasions militaires incessantes aussi bien en zone A, que B ou C...
Des centaines de blessés dont nombre d’enfants lors de manifestations contre le plan Trump-Netanyahou ou contre l’extension de colonies, notamment au sud de Naplouse.
Des centaines d’arrestations y compris d’enfants au cours des incursions quotidiennes de l’armée. L’occupant ne fait pas de distinction ni entre les zones, ni entre les manifestants…
Des centaines d’hectares de terres agricoles ravagées. Des populations chassées de leurs maisons et de leurs terres. L’Esplanade des Mosquées interdite aux Palestiniens sous prétexte de coronavirus mais accessible aux colons.…
La litanie est longue des exactions et crimes commis par les militaires et les colons avec l’assentiment des autorités israéliennes. Comme d’habitude, oui, mais démultipliés par l’appui inconditionnel et officiel du président américain, et permises, de fait, par les autres puissances mondiales.
Les prédateurs sont lâchés
Suhair Abdi, responsable du département de coordination des données de B’Tselem, ne dit pas autre chose :
Cette violence quotidienne, grave, vise à chasser les Palestiniens de leurs terres et à faire comprendre clairement qui est aux commandes – une attitude pleinement soutenue par la politique officielle d’Israël en Cisjordanie… Les autorités (israéliennes) soutiennent les colons violents et les aident même, dans le but de s’approprier le plus de terres palestiniennes possible. C’est une réalité quotidienne, intolérable, inacceptable, qui doit être mise en lumière.
Depuis la présentation par Trump, à Washington, du « plan du siècle » en présence de Netanyahou, les prédateurs sont lâchés dans les Territoires Palestiniens. Pour achever le travail commencé bien avant le plan de partage.
Dépeçage accéléré
Pendant la campagne électorale, le gouvernement israélien a approuvé la construction de près de 9 000 logements dans les colonies de Cisjordanie dont Jérusalem-Est et E1 [1], avec le soutien tacite de l’administration américaine.
Entre Jérusalem-Est et la Mer Morte, 8 000 bédouins sont en danger d’être déplacés de force, les autorités israéliennes détruisent leurs infrastructures, parmi lesquelles des écoles, des panneaux solaires et des cliniques financés par des bailleurs internationaux, en violation des Conventions de Genève ce qui, en droit international, peut constituer un crime de guerre. Si la France et l’Union européenne se disent opposées à ce plan, comme d’habitude les actes ne suivent pas.
Est à l’œuvre également le nettoyage ethnique de Jérusalem-Est que le prétendu plan de paix veut vider de sa population palestinienne, tout comme il envisage de céder la population du « Triangle » à l’Autorité palestinienne (lire l’ouvrage prémonitoire du romancier palestinien Sayed Kashua, Et il y eut un matin, 2004).
Pendant le déroulement de la campagne électorale « la plus sale » qu’Israël ait jamais connue selon le Président israélien Reuven Rivlin, le dépeçage de la Palestine s’est accéléré. Lire les rapports réguliers de l’OCHA [2], du PCHR [3], de B’Tselem [4] ou simplement les sites d’information palestiniens, donne la mesure de la curée qui se déroule sous nos yeux, dans la plus grande indifférence…
Par temps de Covid-19, les grands de ce monde ont autre chose à penser. Le plan peut être mis en œuvre en toute quiétude sans attendre le prochain gouvernement israélien et dans la plus totale illégalité.
En toute inhumanité
Mais jusqu’où l’inhumanité de l’armée autoproclamée « la plus morale du monde » ira-t-elle quand ses snipers peuvent se vanter de leurs exploits criminels : « Je sais exactement combien de genoux j’ai frappés. J’ai gardé les relevés de chacune de mes séances de tir. 42 tirs au but certifiés », dit l’un d’eux.
Quand, et la vidéo donne la nausée, on voit un bulldozer israélien éperonner le corps sans vie d’un Gazaoui assassiné avant de l’emporter comme il l’aurait fait d’un animal crevé, qu’à Kafr Qadoum, village de Cisjordanie, où se déroulent des manifestations hebdomadaires de résistance non-violente, on a vu un bulldozer foncer dans les rues du village, projetant des blocs de rocher sur les personnes présentes, y compris sur des enfants ! Et on se souvient des paroles glaçantes du conducteur du bulldozer du camp de Jénine en 2002… : « Pendant trois jours, j’ai écrasé ces maisons encore et encore. Je n’ai vu personne à l’intérieur tandis que les maisons s’effondraient, mais s’il y avait eu des gens à l’intérieur, je ne m’en serais pas soucié…. J’en ai tiré beaucoup de satisfaction. J’ai beaucoup aimé. »
On se demande bien pourquoi l’Union Européenne continue à faire comme si Oslo n’était pas mort et refuse de sanctionner Israël alors qu’elle possède tous les leviers nécessaires pour le faire efficacement, se faisant ainsi complice des pires dérives de l’État voyou.