Israël est convaincu, grâce à ses services de renseignements, que Téhéran n’a pas renoncé à ses projets d’armement nucléaire. Les prévisions de base d’Israël vont dans le sens que l’Iran, en fin de compte, réalisera son projet de se doter de l’arme nucléaire. A Washington certains pensent que l’Iran poursuivra ses efforts pour devenir une puissance nucléaire, même en cas de changement de régime.
Selon le concept stratégique actuel en Israël, il est inacceptable que l’Iran puisse détenir des armes nucléaires, puisqu’il prône la destruction de l’état hébreu.
Pour prévenir le danger, Israël doit aider la communauté internationale à empêcher que l’Iran atteigne une capacité nucléaire, qui entraînerait une course aux armes nucléaires dans la région. Les activités criminelles du scientifique pakistanais Abdul Khader Khan, qui a vendu ou diffusé des informations nucléaires, ainsi que la menace Nord Coréenne sur la vente de secrets militaires nucléaires, augmentent ces risques.
Dans le même temps, Israël doit déterminer quelle sera la meilleure dissuasion contre l’Iran, et travailler à la mettre en œuvre. Le professeur Shai Feldman avait raison lorsqu’il disait dans son discours d’adieu, en quittant sa fonction de directeur du Centre Jaffee d’Etudes stratégiques de l’Université de Tel Aviv, qu’il existe des possibilités de dissuasion contre l’Iran. Bien que ses déclarations soient extrémistes, l’Iran n’est pas un pays généralement téméraire. Evidemment la vraie différence réside dans la nature du régime dans un Iran qui serait équipé de l’arme nucléaire : s’agit-il d’un régime extrémiste d’ayatollahs, ou d’un régime plus libéral et plus ouvert.
La stratégie dissuasive d’Israël doit inclure plusieurs niveaux de protection. Il ne faut pas tenter de s’opposer seul à l’Iran, mais faire partie d’une plus large organisation. Au regard des développements nucléaires en Iran, Israël doit donner une priorité absolue à la réalisation d’une alliance défensive nucléaire avec les Etats Unis. Les points d’interrogation entourant cette question par le passé sont pour la plupart résolus. La difficulté est de réaliser une telle alliance alors qu’Israël continue ses choix nucléaires vasouilleux.
Simultanément Israël doit s’efforcer d’améliorer ses relations avec l’OTAN. Il ne peut être membre de l’organisation, mais on a de bons modèles pour en devenir associé. Cela renforcera aussi notre capacité de dissuasion. Dans l’ordre des priorités il y a ensuite les efforts qu’Israël doit consentir pour obtenir la paix avec les Palestiniens et avec la Syrie. Le meilleur moyen d’adoucir et de neutraliser l’hostilité iranienne ce sont des accords de paix avec les états arabes.
La Paix avec la Syrie va nécessairement créer une barrière géopolitique entre Israël et l’Iran, c’est pourquoi il s’agit d’un objectif stratégique.
Bien que ces objectifs soient difficiles à réaliser, nous ne devons pas permettre aux extrémistes parmi nous, qui s’intéressent eux aussi à la question iranienne, de déstabiliser les propositions qui amèneraient à un accord de paix régional, ou a un renouvellement de pourparlers multilatéraux avec les Arabes sur la question du contrôle des armements nucléaires.
Du point de vue d’Israël, la solution politique au problème nucléaire iranien est préférable. Mais Israël doit être prêt à la solution militaire en soi, quoiqu’il arrive. Une telle option doit être développée tranquillement, et non pas avec des déclarations belligérantes et démonstrations de force, comme on en a l’habitude de temps en temps ici.
Dans l’option militaire, nous devons construire les forces adaptées, mettre au point les plans, sans oublier d’examiner les méthodes de l’activité clandestine à l’intérieur du territoire iranien. Et nous ne devons pas éluder des questions telles que : Qu’est-ce qu’Israël peut gagner par l’emploi de l’option militaire, et quelle sera la réponse iranienne.
Israël aurait un plan d’attaque de sites nucléaires iraniens
Londres (Reuters) dimanche 13 mars 2005
– Israël a mis au point des plans d’attaque aérienne et terrestre contre des installations nucléaires iraniennes au cas où les efforts diplomatiques ne déboucheraient pas sur un arrêt du programme nucléaire iranien, croit savoir le Sunday Times.
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon et son cabinet restreint ont donné le "feu vert initial" à une attaque unilatérale contre des sites iraniens lors d’une réunion tenue en février, lit-on dans le journal dominical britannique.
Les autorités américaines ont laissé entendre qu’elles ne feraient pas obstacle aux plans israéliens si les efforts diplomatiques de la communauté internationale échouaient, ajoute le Sunday Times.
Les plans israéliens prévoient l’entrée en action de commandos d’élite et des frappes aériennes effectuées par des F-15 utilisant des bombes anti-bunker, à même de percer le blindage d’installations souterraines.
Selon le Sunday Times, les forces israéliennes se sont entraînées en simulant des attaques contre une reproduction de l’installation de Natanz, où les Iraniens ont enrichi de l’uranium.
Téhéran assure que son programme nucléaire actuel est purement civil, ce que contestent les Etats-Unis et Israël. L’Etat juif, dont la République islamique prône l’anéantissement, estime que les Iraniens sont en passe de pouvoir fabriquer une arme nucléaire.
L’Iran a décidé le 15 novembre dernier de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium, le temps de rechercher un règlement négocié avec la "troïka" européenne, constituée de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne.
L’armée de l’air israélienne est déjà intervenue contre des installations nucléaires étrangères, en détruisant en 1981 le réacteur d’Osirak en Irak, pour empêcher le régime de Saddam Hussein de se doter d’armes atomiques.
Israël a tenu à minimiser les informations du Sunday Times. Prié de dire si l’Etat juif pourrait attaquer des installations nucléaires iraniennes, le vice-Premier ministre israélien Shimon Peres a répondu en ces termes : "Je ne pense pas".