Soirée débat à Contis avec Tamara Erde
Pour la quatrième année consécutive, le dispositif d’accueil en résidence cinématographique « la Maison Bleue » continue son objectif de soutenir la création en accueillant, à l’automne 2014, quatre projets d’auteurs et scénaristes dans leur étape d’écriture ou de réécriture de long-métrage (fiction, animation, documentaire). Ce dispositif d’accueil en résidence est conduit conjointement par le Conseil Général des Landes, la DRAC Aquitaine, la Communauté de communes de Côte Landes Nature et la commune de Saint-Julien-en-Born, en partenariat avec l’agence ECLA Aquitaine. Ce dispositif « la Maison Bleue » s’appuie sur la dynamique du Festival International de Contis qui avait accueilli en invité d’honneur, la Palestine, en 2014.
Du 17 septembre au 1er octobre et du 19 novembre au 3 décembre 2014, « la Maison Bleue » acueille Tamara Erde pour la poursuite de l’écriture de son premier long métrage de fiction "Un jour, mon père est mort" produit par les Films du Poissons. Mais ce projet là nous en parlerons plus tard, surement …
Tamara Erde est née en 1982 à Tel Aviv. En Israël. Cela fait 5 ans qu’elle n’y vit plus. Tamara est réalisatrice. Elle a 31 ans. Elle parle un français parfait. Elle vient de réaliser un film sur le système de l’éducation nationale israélienne qui privilégie l’Histoire des Juifs, d’Israël, coupant ses enfants de l’Histoire du reste du monde. Elle a été autorisée après bien des difficultés à filmer dans des écoles israéliennes, libres, religieuses et mixtes (israéliens, palestiniens de 48). Mais ce sont les autorités de l’éducation nationale qui ont fait le choix des écoles et surtout des professeurs « dociles ». Mais elle a aussi filmé une école ultra orthodoxe dans la colonie d’Itamar. Le côté école palestinienne n’est pas oublié, bien au contraire. Le film montre la façon dont les enfants, qui seront la prochaine génération d’habitants de cette terre, sont éduqués et informés. Un travail d’une année complète pour un film d’un peu plus d’une heure et demie que le cinéma de Contis a présenté en séance publique le lundi 1er novembre, suivi d’un débat, pratiquement une avant première en France.
Tamara Erde : "Lorsque j’ai montré mon documentaire on m’a demandé si je parlais de l’état d’Israël d’il y a 40 ans. Pourtant c’est bien de la situation d’aujourd’hui dont je parle !" C’est l’ignorance qu’on apprend à ces écoliers, ces collégiens, ces lycéens. Au fil du teaser de ce documentaire, certains de ces enseignants parlent d’une « formidable éducation » donnée en Israël, à partir du moment où on oublie les Arabes. Une professeur arabe explique qu’on réduit au silence ceux et celles qui veulent parler de l’Histoire. Mais ils résistent au nom des enfants à qui ils doivent apporter l’enseignement. Au sein d’un lycée de Tel Aviv, un enseignent évoque un lavage de cerveau avec ces cours reliés uniquement à l’Histoire juive. Il y a comme une militarisation de l’enseignement puisque des enfants qui ne se posent pas de question sont des enfants qui serviront l’armée sans rechigner. Le titre du film en dit déjà long : This is my land.
Près de 100 personnes ont ensuite participé au débat, riche en questions, avec bien sûr les réponses de Tamara Erde claires, précises, concises, et la participation de Madame Florence Delaunay, députée des Landes, qui s’apprêtait à rejoindre Paris pour le vote de la résolution de reconnaissance de Palestine. André Rosevègue spécialiste de l’histoire de la Palestine dans les livres d’école participait au débat mené par Francis Melou, président du groupe Palestine 40/AFPS et aussi avec la participation de Moncef Chahed et Yves Goaër. Le débat a été suivi par une collation et un pot organisé par Betty et Rainer du cinéma et Francis et Jackie de Palestine 40. En un mot : super soirée comme toujours à Contis, mais nous sommes maintenant habitués.
En conclusion : « This is my land » pourrait être un outil extraordinaire pour des soirées film/débat. Tamara Erde nous a confirmé que la version réduite et condensée (à notre avis indispensable pour un débat) est déjà prête, il reste juste à le doubler en Français. Les producteurs cherchent à le faire passer à la télévision, mais là on rentre dans une autre dimension, le contenu semble faire peur.
Quand le film sortira Tamara, si son emploi du temps le lui permet, sera disponible. Très honnêtement, nous avons tous trouvé son travail remarquable. Peut-être penserez-vous que nous sommes tombés sous son charme : possible, mais son film va bien plus loin. Dés qu’il sera disponible en DVD, nous informerons tout le monde.
Le mot de la fin dans ce film prononcé par un jeune lycéen d’Israël : « Qu’un jeune Israélien de 17 ans ne sache pas expliquer le mot « paix » est le problème de ce pays ».