« Mon nom est Diana Khaled Salah. J’ai 23 ans et suis la fille unique de Khaled. »
« La nuit dernière vers 1 heure, j’ai entendu une explosion de bombe. J’ai vu des soldats israéliens entrer dans la maison. Mon père s’est précipité dans ma chambre. Je lui ai dit : "Père, il y a plein de soldats en bas" .
"Tu plaisantes ?" me dit-il.
"Non lui ai-je répondu. »
« Il est allé voir dans la cuisine. Il est revenu précipitamment et m’a emmenée dans une autre pièce. »
« Notre maison est ouverte, toutes les pièces ont des fenêtres et les fenêtres sont toutes ouvertes. La seule pièce fermée est le salon. Nous nous sommes tous entassés là, mon père, ma mère, Muhammad, Ali et moi. Nous sommes restés pendant trois heures dans un coin de la pièce. Trois longues heures. Nous pouvions entendre les tirs et les pilonnages, ils utilisaient toute sorte d’armes : des tanks, des missiles, des hélicoptères et des fusils M-16. Les tirs traversaient la maison. » [1]
« Nous avions tellement peur mais Père a prononcé une expression arabe : que ce soit l’argent et pas les enfants . Cela signifie qu’il vaut mieux perdre l’argent que nos âmes. Je pleurais mais il a essayé de me remonter le moral en disant : Je ne savais pas que tu étais lâche à ce point. A ce moment précis nous allions tous bien. »
(A ce moment là, Mme Salah interrompt en disant : « Il ne connaissait pas la peur. C’était un homme croyant. Mon mari avait l’habitude de lire le saint Coran et de prier ». Sa voix est plus posée que celle de sa fille).
Diana continue : « Des minutes plus tard, les tirs se sont arrêtés. C’était tellement calme. Nous avons pensé : C’est fini ! »
« Mais les forces d’occupation israéliennes ont alors commencé à crier par haut-parleur : Ouvrez les portes ! Tous les gens doivent sortir du bâtiment ! . Père est allé ouvrir la porte mais il n’a pas pu la bouger. Le verrou de la porte avait été endommagé par les pilonnages et la porte ne pouvait pas s’ouvrir. Il est allé à la fenêtre de sa chambre à coucher, a levé les mains et appelé les soldats en anglais : Nous ne pouvons pas ouvrir la porte ! La porte est endommagée. Je suis un homme pacifique. Nous sommes tous des personnes pacifiques. J’ai mes enfants (ici). Ma fille a la citoyenneté américaine. Moi j’ai uen « green card » et je n’ai pas d’armes. Seuls mes enfants sont ici. Venez et ouvrez la porte. Moi je ne le peux pas . Puis il a crié en arabe : Au secours…au secours…Que quelqu’un vienne et ouvre la porte
« Tout à coup, nous avons entendu crier et la voix de mon père s’est tue. Mère a accouru et trouvé mon père étendu au sol. Il l’a appelé, Khaled, Khaled, qu’est ce qui se passe ? Elle est revenue en pleurant et nous a dit ils ont tué votre père .
« A ce moment, mon petit frère Ali et moi étions toujours dans le coin mais mon frère plus âgé, Muhammad était couché sur le sol. Ma mère m’a demandé : Qu’est ce qu’il a Muhammad ? J’ai répondu : Je ne sais pas. Je ne peux pas le voir d’ici. »J’ai pensé qu’il plaisantait. Nous l’avons appelé. Il n’a pas répondu. Puis nous avons vu du sang sortir de sa bouche. Mais nous pouvions voir qu’il respirait. [2].
Mère a appelé à l’aide et a essayé d’ouvrir la porte mais ils ont commencé à tirer. J’ai crié à ma mère : Maman, s’il te plait n’ouvre pas ! S’il te plait…s’il te plait. Je n’ai plus de père maintenant. Je ne veux pas te perdre aussi. Je ne veux pas être seule !
« Quand ma mère a appelé les soldats à l’aide, ils se sont moqués d’elle et lui ont dit de `la fermer’. Nous avons alors hélé les voisins. Nous pensions que peut être quelqu’un pourrait ouvrir la porte. Un de nos voisins, un garçon de 17 ans est venu et a essayé d’ouvrir la porte. Les soldats l’ont menacé mais il a continué à tirer sur la porte. Mère poussait de l’intérieur et le garçon tirait de l’extérieur. Finalement, la porte s’est ouverte. Nous avons supplié les soldats israéliens de nous laisser sortir les corps de mon père et de mon frère, mais ils ont refusé et menacé de nous tuer aussi. »
La mère alors ajoute : « Nous étions choquées quand, en sortant de l’appartement, nous avons vu une énorme quantité de soldats. Il y avait un sniper à presque chaque 2 mètres. Nous n’étions pourtant pas en guerre ».
Finalement Diana termine son témoignage en disant : « Si je suis palestinienne, ils me tueront…Si je suis américaine, ils me tueront…dois-je être juive pour avoir la vie sauve ? »