Le fait que l’accord de cessez-le-feu était déjà entaché par de nombreuses violations israéliennes (qui avait provoqué la mort de 16 Palestiniens innocents) a été à peine mentionné par les médias.
La même loi du silence a prévalu alors qu’Israël maintenait son bouclage militaire de la Cisjordanie et de Gaza, sa politique d’assassinats, ses démolitions de maisons, ses points de contrôle militaires, ses constructions illégales de colonies, ses arrachages d’arbres, ses expropriations et la construction de ce monstrueux mur de l’Apartheid. Tous ces actes, qui constituent des violations flagrantes de la "feuille de route", ont été généralement passés sous silence. Il en va de même pour les 17 Palestiniens (dont trois enfants) tombés pendant ces trois dernières semaines, soit au cours d’assassinats illégaux, soit tués au hasard par des soldats de Tsahal à la gâchette facile. La presse mondiale ne fera aucune mention de la situation... sauf, bien sûr, lorsque le prochain jeune Palestinien, exaspéré par le drame quotidien où sont plongés sa famille, ses amis et lui-même, rempli de haine pour l’occupant israélien, se fera exploser dans un café très fréquenté ou dans un bus bondé.
Il semble, cependant, que ce soit précisément l’objectif que poursuivent Ariel Sharon et Shaul Mofaz. Personne n’a-t-il remarqué que le Hamas avait juré de venger la mort de chaque Palestinien tombé sous les balles israéliennes ? Comme aucun attentat-suicide n’a eu lieu jusqu’à présent, Sharon augmente la pression. La tentative d’assassinat du chef spirituel du Hamas, samedi dernier, est peut-être la goutte d’eau qui fera déborder le vase... quoique le Hamas soit resté assez réservé jusqu’à présent - encore un fait passé sous silence par les médias internationaux.
Israël maintient la même ligne de défense pour expliquer ses violations permanentes de la "feuille de route" : l’Autorité Palestinenne serait incapable de contrôler les groupes de résistance. En réalité, des rencontres quotidiennes ont lieu entre le cabinet ministériel palestinien et le Hamas, afin de trouver un accord mettant fin au cycle des attentats. Et au même moment, Israël fait tout pour souffler sur les braises. Vingt-quatre Palestiniens sont morts depuis la fin du cessez-le-feu. Combien d’autres tomberont lors de provocations orchestrées par Sharon ? Combien de fois verra-t-on de nouveau ces images insoutenables d’enfants israéliens tués à Jérusalem, et dont la diffusion au journal télévisé provoque une vague incommensurable de pitié et de soutien à Israël et à sa politique d’éradication du peuple palestinien ? Les enfants palestiniens ne sont-ils pas, eux aussi, des victimes innocentes ? Aya Fayad, qui avait huit ans, était-il un terroriste ? Est-ce pour cela qu’on l’a abattu alors qu’il faisait du vélo dans la rue ? Et pourquoi les médias occidentaux n’en ont-ils pas parlé ?
Tant que se poursuit ce conflit dévastateur entre Palestiniens et Israéliens, alors l’attitude passive de la communauté internationale et le parti-pris des médias internationaux porteront la même responsabilité que les deux pays en lutte. Comme l’a parfaitement exprimé une déclaration récente de l’Initiative Nationale Palestinienne, une paix véritable et durable ne peut être signée qu’entre des démocraties avec des représentants soutenus par leur population. Or, les destructions perpétrées par Israël à l’encontre des infrastructures de l’Autorité palestinienne, le fait que l’Etat hébreu ait systématiquement empêché la tenue d’élections démocratiques, tout cela a sapé la possibilité de construire des structures collectives, permettant aux Palestiniens s’évoluer vers une forme de démocratie. Pour que cela soit désormais possible, il faudrait la présence d’une force internationale.
Tant que la communauté internationale refusera de répondre à cet appel du peuple palestinien, il y aura peu de changements dans le cycle des événements au Moyen-Orient. Si Israël continue sur cette voie, en ne montrant pas plus d’intérêt pour la vie de ses propres ressortissants que pour celle des Palestiniens, et multiplie les provocations à l’encontre d’un peuple démoralisé et désespéré, il obtiendra invariablement la même réaction. Les Etats-Unis ont exhorté les Israéliens à mesurer les conséquences de leurs attaques anti-palestiniennes, particulièrement celles dirigées contre des chefs de mouvements radicaux... or, c’est apparemment ce que fait Sharon, avec le machiavélisme qu’on lui connaît.