Seuls quelques Palestiniens voteront à Jérusalem -est
Seule une fraction des Palestiniens qui vivent à Jérusalem -est seront autorisés par les autorités israéliennes à voter dans la ville lors des élections du 25 janvier : 6300 sur les quelque 120 000 électeurs, les autres devront sortir des limites municipales pour pouvoir voter.
Israël occupe Jérusalem -est depuis la guerre de 1967 et y impose sa loi depuis aux Palestiniens qui y vivent.
Jérusalem est au coeur du conflit entre les Israéliens et les Palestiniens.
Les Palestiniens veulent que Jérusalem soir leur capitale. Israël assure qu’il ne renoncera jamais à la partie orientale de la ville qu’il a capturée en 67.
Premier arrivé, premier servi.
La question de l’autorisation du vote des Palestiniens à Jérusalem -est est cruciale. C’est comme l’illustration de qui contrôle actuellement une partie de la ville qui est considérée par le droit international comme un territoire occupé par Israël.
Les Palestiniens estiment qu’environ 115 000 habitants de Jérusalem -est sont inscrits sur les listes électorales.
A l’issue d’un accord entre les deux parties seuls 5.5% seront autorisés à voter à Jérusalem -est.
Comme le temps manque pour décider des zones où les 6300 seront choisis, un système de loterie est mis en place.
Dans les prochains jours les responsables de l’organisation de l’élection se rendront dans les diverses parties de Jérusalem -est et donneront des billets d’électeurs aux habitants qui se présenteront les premiers.
Les électeurs ainsi choisis se rendront dans les 6 bureaux de poste de la ville. Là un responsable leur donnera un bulletin de vote. Il n’y a pas d’isoloir. Les bulletins remplis sont placés dans des boites et envoyés ensuite aux responsables de l’élection palestiniens pour être dépouillés.
C’est -selon des sources proches des négociateurs (du déroulement de l’élection à Jérusalem -est, ndt)- la seule façon de répartir les votes à ce stade tardif.
Une farce
Mais quid des quelque 109 000 Palestiniens de Jérusalem -est qui ne peuvent pas voter ainsi ? Des bureaux de vote spéciaux ont été établis pour eux à l’extérieur des limites municipales telles qu’elles sont définies par Israël.
S’ils veulent voter, ils devront franchir des check-points -qu’Israël a annoncé alléger. Le voyage pour contourner la barrière qu’Israël construit autour de Jérusalem sera long et difficile et l’élection se déroule un jour de travail. Il se peut que de nombreux Jérusalémites décident de ne pas voter.
Cet arrangement est conçu comme un compromis. Cela permet aux Palestiniens de dire qu’ils exercent leur droit de voter sur la terre palestinienne. Cela permet à Israël de dire que les Palestiniens de Jérusalem votent par correspondance d’un pays étranger.
Selon une source palestinienne très bien informée, cet arrangement est une farce. Il affirme qu’Israël a délibérément retardé pendant des mois les rencontres prévues avec les Palestiniens pour discuter des arrangements, jusqu’à la dernière minute, et qu’en conséquence la situation n’est pas conforme aux critères de vote internationaux.
Il y a quelques jours Israël a décidé d’autoriser le vote dans la ville. Selon une source israélienne, Israël fait son possible pour faciliter l’élection, les deux élections précédentes ayant fonctionné correctement sur ce modèle, toujours selon cette source.
C’est peut-être ça l’important pour ceux qui veulent que l’élection ait lieu. La direction palestinienne avait menacé de repousser l’élection si Israël n’autorisait pas les Palestiniens à voter à Jérusalem.
Au moins cet arrangement répond à cette exigence.
Donald Mc Intyre, BBC
"Les restrictions isréliennes à Jérusalem -est sont choquantes"
Véronique de Keyser, chef de la délégation d’observateurs de l’UE, arrivée dans les territoires palestiniens depuis la mi-décembre, évoque le climat préélectoral et les enjeux démocratiques de la campagne palestinienne.
Arrivée dans les territoires palestiniens depuis la mi-décembre, Véronique de Keyser, députée socialiste belge, dirige la délégation des observateurs de l’Union européenne aux élections législatives palestiniennes. Plusieurs dizaines de personnes ont pris leurs quartiers samedi dans les différentes localités de Cisjordanie. Ils y resteront jusqu’au lendemain du scrutin, le 25 janvier.
F. GR :Avez-vous observé beaucoup d’incidents dans le déroulement de la campagne ?
Véronique de Keyser :
Il y a eu plusieurs incidents, pour la plupart à Jérusalem-Est, où des candidats ont été arrêtés par la police israélienne et des réunions interdites. Ils sont moins fréquents qu’en décembre, mais il y en a encore eu ces derniers jours.
Il tiennent aux restrictions apportées par les autorités israéliennes : les candidats doivent demander une autorisation spéciale pour faire campagne, la distribution de propagande est très réglementée. Par exemple, la commission électorale centrale n’étant pas autorisée à agir à Jérusalem-Est, tous les tracts où son sigle figure sont interdits.
Que pensez-vous de ces restrictions ?
Véronique de Keyser :
Personnellement, je les trouve choquantes. Mais je sais comme tout le monde que le vote à Jérusalem-Est constitue une question délicate qui risquait de faire capoter les élections.
J’ai dit aux Palestiniens et aux Israéliens que, s’ils trouvaient un accord, je le tiendrais pour acceptable. Je ne veux donc pas interférer pour compliquer les choses.
Mais je continue à me plaindre du fait que la commission électorale ne puisse pas faire son travail à Jérusalem. Et je tiendrais pour inacceptable que les bulletins de vote y soient différents.
Quelles sont vos relations avec l’Autorité palestinienne ?
Véronique de Keyser :
Excellentes. Je tiens à rendre hommage au courage du président Abbas. On le dit faible, mais il a su faire passer la démocratie avant les intérêts de son parti. En maintenant les élections alors qu’il a eu de multiples prétextes de les annuler, il a pris un risque politique fort au profit de la démocratie. Pourtant, il a subi de fortes pressions de l’intérieur même du Fatah, qui connaît de grosses difficultés internes.
J’ai aussi demandé à pouvoir rencontrer le chef de file de la liste du Fatah, Marwan Barghouti, qui, vous le savez, est en prison en Israël. J’attends une réponse...
Et avec le Hamas, avez-vous des contacts ?
Véronique de Keyser :
Absolument, puisque l’Autorité palestinienne a accepté qu’il participe au scrutin. J’apprécie cela comme un grand geste de démocratie et ce n’est pas à nous de faire des discriminations.
La position de l’Union européenne est claire : nous espérons que tous les partis choisissent la voie politique et abandonnent celle de la violence. Je ne suis donc pas d’accord avec le bannissement du Hamas.
Aurez-vous des observateurs à Gaza, en dépit des menaces d’enlèvement ?
Véronique de Keyser :
Absolument. Mais nous avons pris, comme à Jenine, des précautions particulières, en réduisant les déplacements de nos observateurs et en ne faisant rien sans prévenir l’Autorité palestinienne. Notre ligne rouge, c’est de ne pas accepter de gardes du corps armés.
Entretien réalisé par Françoise Germain-Robin