John Dugard, un avocat sud-africain, déclare également qu’Israël
continue à dominer la vie des Palestiniens dans la bande de Gaza bien
qu’il en ait retiré toutes ses troupes et ses colons en continuant ses
assassinats ciblés et en effectuant des bangs sonores au-dessus de la Bande.
Dugard ajoute aussi que la Feuille de Route pour la Paix au
Moyen-Orient soutenue par les Américains est "désespérément dépassée" et doit être revue.
Itzhak Levanon, l’Ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies a
rejeté les allégations de Dugard en disant qu’il était "mal informé et
imprécis".
Israël avait précédemment rejeté les rapports de Dugard comme étant
pro-palestiniens et en faisant remarquer qu’il a été assigné pour
enquêter seulement sur les violations israéliennes.
La violence des colons a été particulièrement significative dans la
ville cisjordanienne d’Hébron, dit Dugard dans son rapport de 22 pages
préparé pour la Commission annuelle des Droits de l’Homme des Nations
Unies qui commencera la semaine prochaine.
Dugard dit que les colons d’Hébron "terrorisent les quelques
Palestiniens qui n’ont pas quitté la Vieille Ville et attaquent et
traumatisent les enfants qui vont à l’école."
"Il semble que les colons peuvent terroriser les Palestiniens et
détruirent leurs arbres et leur récoltes en toute impunité," dit
Dugard, ajoutant qu’il a été lui-même victime d’abus de la part des
colons alors qu’il visitait la ville en juin 2005.
Le rapport de Dugard "est guidé par un agenda politique clair, et a peu
de relation avec les faits ou les principes existants du droit
international," dit Levanon dans une déclaration envoyée par mail à The
Associated Press.
Dugard prépare ses rapports réguliers pour la Commission des Droits de
l’Homme des Nations Unies pendant ses visites dans la région, mais ne
reçoit aucune coopération du gouvernement israélien.
Le rapport "ignore le fait que le Hamas, considéré comme une
organisation terroriste par l’ensemble des nations, contrôle l’Autorité
Palestinienne et néglige les énormes efforts faits par Israël pour
combattre ce terrorisme tout en préservant la loi humanitaire et les
droits de l’homme," ajoute Levanon.
Dugard déclare que le traitement de Gaza par Israël viole les
Conventions de Genève sur la guerre, qui interdisent "toutes mesures
d’intimidation ou de terrorisme" contre les civils en temps de guerre.
Il évoque le retrait comme une initiative positive, mais dit que
l’armée israélienne exerce un contrôle réel sur la région et est
obligée en tant que puissance d’occupation d’assurer la protection des
civils.
"Les bangs sonores qui terrorisent et traumatisent la population (et
constituent une forme de punition collective) et l’assassinat ciblé des
militants (et des passants innocents) par des missiles tirés du ciel
servent de rappel constant à la population de Gaza qu’elle reste
occupée," dit-il.
Au cours des trois premiers mois après le retrait de Gaza, les
assassinats ciblés par les forces de défense israéliennes ont tué - en
plus des 15 militants - au moins 18 civils et blessé 81 autres,
ajoute-t’il.
Israël utilise depuis longtemps les bangs sonores pour énerver les
Palestiniens en période de tension et de violence et maintient cette
pratique à toute heure du jour et de la nuit depuis son retrait de Gaza
en septembre.
Il réitére également ses précédentes critiques de la politique
israélienne.
La construction ininterrompue de la barrière de Séparation d’Israël,
qu’il nomme "Mur" pour isoler la Cisjordanie, est une violation des
engagements d’Israël envers les droits de l’homme, dit Dugard. Mais
les décisions de la Cour Suprême pour modifier le tracé de la barrière
"ont atténué la souffrance des Palestiniens," ajoute-t’il.
Un autre rapport des Nations Unies indique que les soldats israéliens
ont augmenté le nombre de barrages routiers et de barrières en
Cisjordanie de 25% depuis l’été dernier, accroissant ainsi les
restrictions aux déplacements pour les Palestiniens et rendant ainsi
plus difficile l’accès à leurs propriétés, aux marchés et aux services
médicaux.
Les responsables palestiniens ont déclaré que les barrages routiers ont
empoisonné la vie des Palestiniens en Cisjordanie ces derniers mois et
ont rendu leur objectif d’établir un état indépendant sur le territoire
de plus en plus vague.
Israël dit que son réseau de checkpoints permanents, de barrières de
béton et de barrages routiers mobiles provisoires sont nécessaires pour
protéger les villes israéliennes et les colonies juives contre des
attaques palestiniennes.
Dans son rapport, le bureau pour la Coordination des Affaires
Humanitaires des Nations-Unies, ou OCHA, a indiqué que le nombre
d’obstacles routiers était de 471 en janvier contre 376 en août
dernier, à l’époque du retrait israélien de Gaza.
L’augmentation la plus importante se situe dans les structures
non-contrôlées - telles que les barrières de béton et les monticules de
terre - et les checkpoints provisoires.
La Banque Mondiale reconnait le système de "fermeture" d’Israël comme
principale cause des problèmes économiques des Palestiniens, et les
Palestiniens se sont longtemps plaints que les barrages routiers
étaient une punition excessive et collective.
"Comme nous le voyons ici, après le retrait de Gaza, les choses se sont
beaucoup aggravées," a dit Saeb Erekat, le chef négociateur
palestinien. "Ca détruit la vie des Palestiniens, l’économie,
l’agriculture, l’éducation et les conditions de santé."
On peut lire dans le rapport : "La Cisjordanie apparaît divisée en
trois secteurs - le nord, le centre et le sud. Les déplacements sont
plus faciles à l’intérieur de ces secteurs, mais les déplacements entre
eux sont entravés par une série de checkpoints et d’autres obstacles
physiques".
Il dit que les barrages routiers ont aidé à créer un système de routes
limitées pour l’usage des Israéliens, tout en dirigeant les
automobilistes palestiniens vers des itinéraires alternatifs où les
déplacements sont restreints. "Les nouveaux obstacles physiques ont
limité l’accès à la terre, aux marchés, aux services et aux relations
sociales"
Il cite un nouveau système de permis limitant l’accès des Palestiniens
de Cisjordanie à la Vallée du Jourdain où beaucoup de fermiers
possèdent des terrains. Les fermiers ont également des difficultés pour
atteindre leurs terres à Salfit, au Nord, et à Hébron, au Sud, alors
que les communautés rurales ont été isolées des villes en raison des
difficultés de déplacement.
Les restrictions de circulation rendent difficile aux fermiers de
transporter leurs produits jusqu’aux marchés de Cisjordanie, empêchent
les habitants d’accéder aux services médicaux et restreignent les
visites de famille.
Erekat indique que les restrictions aux déplacements, couplées à la
construction par Israël de sa barrière de séparation en Cisjordanie
"tuera toute viabilité d’un état indépendant."
Le porte-parole du ministère israélien des Affaires Etrangères, Mark Regev, a
indiqué que l’augmentation des barrages routiers est une réponse "à une
escalade du terrorisme," en notant qu’il y a eu 2 agressions à coups de
couteau et un tir de Palestiniens sur les forces israéliennes en
Cisjordanie en cinq semaines depuis l’élection du Hamas en Palestine.
En revanche, les forces israéliennes ont tué plus de 40 Palestiniens
pendant la même période de cinq semaines, et des centaines ont été
arrêtés, dont plus de 200 enfants.
"Ces actions sur le terrain sont défensives et une réponse à
l’augmentation de la menace". Dit-il. "Elles peuvent être enlevées et,
si tout va bien, ces choses peuvent diminuer si la menace recule."
Israël a promis d’améliorer son système de barrages routier, en
promettant d’utiliser des nouvelles technologies et d’autres mesures
pour limiter la liberté de circulation.
Depuis l’élection du Hamas le 25 janvier dernier, les Palestiniens "ont
été punis" pour leur choix démocratique (selon les termes du Premier
Ministre israélien par intérim, Ehud Olmert), par la fermeture de tous
les passages de frontières de Cisjordanie sauf un, et la fermeture
totale de la Bande de Gaza.