Libéré en septembre après treize mois de détention administrative, sans justification, des prisons israéliennes, l’avocat palestinien Salah Hamouri est passé à Quimper remercier ses soutiens locaux. Il a été reçu en mairie.
« Je suis heureux d’avoir en face de moi un homme libre. Nous ne regrettons pas un mot du vœu adopté le 8 février exigeant votre libération immédiate car nous sommes sûrs que l’avocat que vous êtes sera porteur de raison et d’apaisement ». Ludovic Jolivet a salué chaleureusement ce jeudi après-midi, Salah Hamouri, un Français de 32 ans, qui a passé treize mois en détention administrative en Israël.
Nationalité française
Salah Hamouri est né à Jérusalem-Est d’une mère française et d’un père palestinien. « Mon grand-père était breton de Questembert », sourit-il. Il a pourtant la seule nationalité française car les Palestiniens de Jérusalem-Est n’ont pas, comme les habitants de Cisjordanie et de la bande de Gaza, la nationalité palestinienne. Israël considère qu’ils vivent sur son territoire, Jérusalem-Est ayant été annexée en 1967, ce que la communauté internationale ne reconnaît pas. Israël délivre donc aux Palestiniens de Jérusalem-Est des permis de « résidents permanents ».
Blessé à 15 ans
L’avocat, spécialisé dans les droits de l’homme, a eu un engagement précoce dans la défense des droits palestiniens. « J’ai commencé tôt, dit-il. À 15 ans, j’ai pris une balle dans la jambe que j’ai toujours. À 16 ans, j’ai été arrêté pour la première fois ». Suivront des séquences de prison, de militantisme, de séjours en France aussi (il est marié à une Française). Il a passé sept ans en prison entre 2005 et 2011. Les comités de soutien en France se sont alors multipliés dont l’Association France Palestine Solidarité Cornouaille. En 2012, à son retour en France, Salah Hamouri fera un premier détour par Quimper, accueilli par Piero Rainero, Yves Jardin, Christian Pierre… Il est alors aussi reçu en mairie.
Détenu sans justification
Dans la guerre d’usure menée contre les activistes palestiniens, Israël dispose d’un dispositif efficace. En août 2017, Salah Hamouri est une nouvelle fois arrêté. Après un passage en garde à vue, il a été placé en détention administrative.
« Il n’y avait aucune justification à cette détention, si ce n’est un danger pour la sécurité d’Israël. Le dossier a été classé secret. La défense n’avait même pas accès à l’accusation », explique le Palestinien. En France, la mobilisation a une nouvelle fois pris de l’ampleur. « Le travail fait par les Bretons était fort au niveau moral et psychologique pour nous. Cela a aussi mis la pression sur les autorités françaises pour qu’elles interviennent », dit Salah Hamouri. « 157 élus finistériens ont signé pour sa libération, rappelle Piero Rainero. Les communes de Quimper, Brest, Morlaix, Pont-l’Abbé, Douarnenez, Carhaix, Saint-Martin-des-Champs ont adopté un vœu. Finalement, Emmanuel Macron serait intervenu mais plus timidement que pour d’autres Français emprisonnés comme ce journaliste en Turquie, rapidement libéré ».
Salah Hamouri passera treize mois en détention jusqu’à sa libération en septembre dernier, sans plus de motivation que son arrestation.
Pessimiste pour l’avenir
« La politique des autorités israéliennes c’est de nous pousser à quitter le pays, continue le Palestinien. On m’a dit clairement d’aller vivre en France. Pour cela, il y a un autre moyen de pression : la séparation des familles. Ils ont interdit l’entrée en Israël à mon épouse française et à mon fils. Mais je n’ai pas envie de partir. Je retourne en janvier, j’ai toujours ma carte de résident ».
Salah Hamouri se dit aujourd’hui plutôt pessimiste sur l’avenir. L’extrême droite israélienne risque encore de progresser lors des élections en septembre 2019. « Le gouvernement et son allié américain ne veulent ni la paix, ni une solution. Deux illustrations : le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et les freins au droit au retour des réfugiés palestiniens ».
Photo : Salah Hamouri (2e à droite) avec Ludovic Jolivet, maire, les élus Piero Rainero et Matthieu Stervinou et les membres de l’AFPS