Meyer Habib, député UDI des Français de l’étranger, est intervenu, hier, à l’Assemblée nationale, à l’occasion des questions au gouvernement. Sa seule préoccupation : dénoncer le ministre des Affaires étrangères, coupable d’« espérer la libération du Franco-Palestinien Salah Hamouri ». Une déclaration qu’il a ressentie comme « une honte » parce que « Salah Hamouri est un terroriste, pas un prisonnier politique », et de faire l’amalgame entre les attentats qui visaient la communauté juive en France mais surtout à Jérusalem.
Meyer Habib parle de « défaite morale », « faire deux poids deux mesures, c’est perdre d’avance le combat contre le terrorisme ». Venant de la part d’un homme dont le programme électoral se bornait à diffuser des vidéos dans lesquelles on le voyait tout sourire auprès de son ami Benyamin Netanyahou, l’utilisation du mot « morale » pourrait prêter à sourire. Mais, sur sa lancée, il en est venu à ce qui est l’essentiel d’une bataille qui prend corps en France : « l’antisionisme, c’est le nouvel antisémitisme ». Il lui fallait donc remercier Manuel Valls, qui « l’avait courageusement dit », ce qui lui vaut « la haine de tous les islamo-gauchistes qui ont quitté cet hémicycle ». De fait, pendant sa diatribe, les élus du groupe communiste et ceux de la France insoumise ont marqué leur désapprobation en sortant de l’enceinte parlementaire. Meyer Habib a donc dénoncé « provocations et clientélisme (sic), voici insoumis et communistes unis pour l’occasion qui annoncent leur voyage en Israël pour soutenir des terroristes Barghouti et Hamouri », tout en se félicitant de l’interdiction faite à des élus de la République française de se rendre en Israël, comme annoncé par Tel-Aviv.
Le silence des médias français
Ce faisant, Meyer Habib a fait entrer Salah Hamouri à l’Assemblée nationale. Nathalie Loiseau, ministre en charge des affaires européennes, est d’abord revenue sur l’interdiction d’entrer en Israël de parlementaires français. Une « décision souveraine que nous respectons. Est-ce à dire que nous l’approuvons ? Je ne le crois pas ». Surtout, concernant Salah Hamouri, elle a indiqué que « nous avons signalé aux autorités israéliennes toute l’attention que nous portons à cette situation et nous avons fait part de notre préoccupation face au recours extensif à la détention administrative ». Une situation qui ne choque pas Meyer Habib. Pourtant, comme le lui a rappelé la ministre, la conséquence de la détention administrative de Salah Hamouri « est que, arrêté le 23 août dernier, il ignore, son avocat également et nous de même, les charges qui sont retenues contre lui. Nous continuons à demander le plein respect des droits de notre compatriote et, oui, à espérer sa libération rapide. Ces échanges se poursuivent ».
Alors que Salah Hamouri est incarcéré depuis plus de 80 jours, dans une opacité médiatique française quasi totale, la déclaration du gouvernement renforce l’action des comités créés pour sa libération.
Encore une école de Jerusalem-Est fermée par Israël
La police israélienne est entrée dans l’école Zahwat al-Quds de Jérusalem-Est, zone occupée et annexée par Tel-Aviv, et a arrêté le directeur de l’école ainsi que trois professeurs devant les élèves, avant de fermer l’école et de donner l’ordre aux parents de trouver une autre école pour leurs enfants. Ces faits se sont produits au lendemain de l’arrestation de plusieurs enseignants qui étaient en chemin vers l’école, par les forces israéliennes dans les collines au sud d’Hébron, en présence de leurs élèves. Les parents, les enseignants et les élèves ont organisé une manifestation devant l’école pour obtenir sa réouverture.
Photo : Salah Hamouri est incarcéré depuis plus de 80 jours, la déclaration du gouvernement français renforce l’action des comités créés pour sa libération. Magali Bragard