Dans la cour de l’école, l’émotion est palpable. Les professeurs serrent les enfants dans leurs bras. Des retrouvailles après 50 jours de guerre. Nous sommes dans une école de l’UNRWA, l’agence des Nations unie chargée des réfugiés, à Khuza’a, près de Khan Younès. La ville a été complètement rasée par l’armée israélienne durant la guerre. Et chacun ici a perdu un proche ou sa maison.
La rentrée des classes est l’occasion de retrouver un semblant de vie normale. Et de revoir ses camarades de classe comme ses professeurs. « Je suis heureuse car je vois que ma maitresse va bien, elle est vivante », résume Tukha, une fillette de 8 ans, vêtue d’un uniforme rayé.
Son enseignante explique qu’elle a suivi deux jours de formation pour accompagner psychologiquement les élèves durant cette rentrée très particulière. « Les trois premières semaines seront dédiées aux dessins, aux chants, aux jeux, pour tenter de libérer les élèves des traumatismes de la guerre », affirme Linda Abou Taima.
A Gaza, la moitié des élèves (240 000) ont fait leur rentrée dans des écoles de l’UNRWA, mais tous les établissements n’ont pas pu rouvrir. Une école sur cinq accueille toujours des déplacés de la guerre, ceux qui ont perdu leur maison. Ils sont 65 000. Et visiblement tous les parents d’élèves n’étaient pas au courant.
Une école de l’ONU sur cinq encore occupée par des déplacés
A Gaza ville, certains ont eu la mauvaise surprise d’accompagner leurs enfants à l’école le matin et de devoir rebrousser chemin. Soit l’école était encore occupée par les déplacés, soit elle n’était pas en état d’accueillir les enfants.
Dans une de ces écoles qui accueillent des déplacés, un vent de révolte souffle. Brandissant des banderoles en anglais « Donnez nous un logemement ! », les occupants qui viennent pour la plupart de Beit Laya refusent de partir et de laisser la place aux élèves.
Un vieil homme qui se fait porte-parole des déplacés affirme que l’UNRWA veut les forcer à quitter les lieux. « Offrez-nous une solution et nous partirons », dit-il. La plupart des déplacés réclament de l’argent pour pouvoir louer un appartement pendant quelques mois.
Interrogé sur cette rentrée quelque peu chaotique, le directeur de l’UNRWA qui a fait le déplacement à Gaza pour cette rentrée, estime « normal qu’il y ait des difficultés durant les premiers jours ». Selon Pierre Krähenbühl, l’UNRWA va travailler « d’arrache-pied »à résoudre les problèmes. Mais pour lui, « rouvrir une centaine d’écoles trois semaines seulement après la fin d’un conflit aussi brutal que cruel est déjà exceptionnel ».