Rencontre avec Samah Jabr
"L’AFPS Nanterre" recevait Samah JABR le 6 mars dernier dans le cadre d’une tournée en France dédiée à la question des femmes en Palestine sous occupation. Le 8 mars en était le prétexte.
Inviter Samah nous semblait d’autant plus intéressant qu’elle est issue d’une famille de 48, expulsée de Jaffa. La narration de la NAKBA se transmettant essentiellement par les femmes, leur confère une place particulière dans les fondements de la résistance à l’occupation pour les générations qui suivent.
Par ailleurs, Samah est originaire de Jérusalem Est, ou elle vit encore aujourd’hui. Annexée par Israël, Jérusalem Est est connue de notre invitée dans tous les aspects inhumains et humiliants de la vie des Palestiniens, dotés du seul statut de résident et confrontés à toutes les entraves de la liberté de mouvement, d’habitat et de travail… en particulier.
Enfin, Samah est psychiatre et psychothérapeute et traite des "traumatismes cachés de la vie sous occupation", à Ramallah. Elle est au cœur des "dégâts" humains, des effets intériorisés de la situation d’occupé, qui privent les palestiniens de leurs droits fondamentaux.
Selon Samah, les femmes palestiniennes sont "les partenaires de la lutte contre l’occupation", pivot de la famille et de l’éducation des enfants. La résistance ne serait pas ce qu’elle est sans la place qu’elles occupent dans la société palestinienne. Elles luttent pour survivre, pour déjouer les pièges imposés par l’occupant soumettant les Palestiniens à l’infériorité de leur condition. D’où une capacité forte à la résilience qui les tient plus éloignées que les hommes des troubles psychologiques générés par la situation d’oppression vécue au quotidien
Ce témoignage nous alerte sur certains regards "occidentaux et impérialistes", dans certains cas "féministes", portés sur les femmes palestiniennes, fondés sur des préjugés, des clichés ou la méconnaissance totale, parce que cachée, du véritable rôle des femmes palestiniennes.
Samah a captivé son public, un débat fourni a permis à notre invitée d’aborder la question de la solidarité des peuples. Celle de cet été, pour Gaza, a été d’un grand réconfort psychologique pour les Palestiniens. C’est un soutien essentiel qui leur redonnent confiance. Mais souvent la solidarité ne s’exprime qu’aux moments des crises, et le sentiment d’abandon est fort. Samah, précisant, toutefois, qu’elle ne parlait pas pour l’AFPS. Toutefois, ces manifestations de solidarité ne peuvent influer sur la politique de l’état d’Israël vis à vis des Palestiniens. Les prises de position de l’Europe, de ses états membres à l’encontre de l’état d’Israël restent le levier efficace pour infléchir la situation.
D’autres questions ont aussi été abordées par Samah, comme les élections de 2006 à Gaza, "très importantes, mais non reconnues", le conflit interne palestinien, la situation de détresse psychologique des prisonniers palestiniens lors de leur sortie de prison, la perte continue de la terre qui réduit l’autonomie politique des palestiniens comme une peau de chagrin ou encore, la nécessaire ouverture de l’OLP à d’autres composantes politiques palestiniennes.
Une cinquantaine de nanterriens ont participé à ce témoignage direct et très fort.
L’AFPS a tenu une table.