Entretien avec Souheil Natour, responsable du FDLP
[1]
« Il y a douze camps au Liban dont trois
dans la région de Tyr, deux dans la région
de Saïda, un à Baalbek, trois à Beyrouth.
A Tyr et à Saïda, la majorité des camps vit dans un
environnement chiite sous influence du Hezbollah
qui n’est pas favorable à la gauche. Le Hezbollah
a joué un rôle positif en demandant à ses membres
de ne pas participer à la guerre contre les Palestiniens.
Ceux-ci ne sont pas opposés au Hezbollah
mais il n’y pas de coopération, ni politique, ni militaire,
ni organisationnelle.
Après l’accord de Taef, le Premier ministre Rafic
Hariri a voulu modifier la loi afin d’empêcher les
Palestiniens d’acheter des terrains au Liban. La loi
est passée au Parlement avec l’abstention du Hezbollah.
Le Hezbollah s’est idéologiquement fondé sur la
lutte pour la Palestine laquelle est très importante
en terme de mobilisation politico-idéologique. Mais
pour les Palestiniens en général et ceux réfugiés au
Liban en particulier c’est autre chose : le Hezbollah
est un parti libanais. Ses relations avec les autres
partis libanais passent avant celles avec les réfugiés
palestiniens. Il ne demande aucune aide aux Palestiniens.
Le Hezbollah est favorable à la cause palestinienne
mais il considère que la défense des droits
des Palestiniens est leur affaire.
Jusqu’à maintenant, les organisations sociales de l’OLP
et les gens qui travaillent dans les camps étaient payés
par l’Autorité palestinienne. Il y a aujourd’hui coupure
de l’aide et c’est de ce point de vue la rupture
depuis cinq mois. Par ailleurs les services de l’UNRWA
sont toujours en crise. Mais de plus, les sinistrés
palestiniens et libanais des bombardements israéliens
se réfugient dans les camps. Ainsi, par exemple,
le camp de Rachidiyé - 24.000 personnes - a-t-il
recueilli 1.500 déplacés libanais. Cela, certes, crée
des liens sociaux, mais cela représente aussi un très
lourd fardeau pour des gens en situation déjà plus
que précaire. L’association Najdeh [2] joue un rôle
important dans la distribution d’aides et pour les Libanais
qui viennent dans les camps.
Qui contrôle les camps ? Personne ne les contrôle
tous ; mais les plus fortes organisations de l’OLP (Fatah,
Front démocratique, Front populaire) contrôlent tel
ou tel camp, surtout après le retrait des Syriens qui
disposaient d’un officier dans chacun d’eux. Depuis
la victoire du Hamas aux élections en Palestine,
cependant, des jeunes Palestiniens veulent passer
au Hamas, même s’ils sont toujours des nationalistes
palestiniens. »
Beyrouth, le 31 juillet 2006.
Compte-rendu par Bernard Ravenel et Sylviane de Wangen