Mahmoud Abbas hausse le ton. Le président de l’Autorité palestinienne a menacé dimanche de saisir la Cour pénale internationale (CPI) si Israël ne reverse pas l’intégralité des 380 millions d’euros (380 millions qui correspondent aux taxes et aux droits de douanes sur les marchandises destinées aux Palestiniens, ndlr) qu’il collecte pour le compte de l’Autorité palestinienne.
"Je ne vais quitter ma maison"
A Gaza, ce blocage de fonds par Israël s’ajoute aux promesses de dons non tenues. Après la guerre de l’été dernier, la communauté internationale avait en effet promis 5,4 milliards de dollars pour aider à la reconstruction. Mais aujourd’hui de nombreux pays n’ont pas honoré cette promesse. Or il y a urgence. Ainsi, dans un récent rapport, l’ONG Oxfam assure qu’il faudra 100 ans pour reconstruire la Bande de Gaza si rien n’est fait pour accélérer le processus. Car sur place, huit mois après la fin du conflit, la situation demeure chaotique comme l’a constaté RMC.
C’est le cas dans le quartier de Chajaya, à l’est de la ville, où lorsque vous entrez, vous avez l’impression que les bombardements ont eu lieu il y a quelques jours : à perte de vue, des habitations soufflées par les explosions et partout des gravats. Au milieu de ces décombres, Mahmoud 75 ans, vit depuis huit mois dans un abri de fortune construit sur les ruines de sa maison. Sa famille s’est installée ailleurs mais pour le vieil homme pas question de quitter Chajaya : "Je ne vais pas quitter ma maison. J’ai passé 50 ans à la construire. Où est l’aide internationale qu’on nous avait promise ?", s’interroge-t-il.
Les contraintes du blocus
Des abris de fortune comme le sien, il y en a des dizaines. D’autres Palestiniens ont installé des chaises, des tentes aux pieds de leur habitation détruite. Et c’est là que les enfants passent la majeure partie de leur journée. C’est le cas de Yasser et ses frères qui ramassent un à un les restes de sa maison. "Malgré toutes ces guerres, nous resterons ici, en Palestine. C’est notre terre. On mourra ici", affirme-t-il.
Mais pour reconstruire, Yasser va devoir acheter du ciment. Or, à cause du blocus, ce produit coûte très cher (près de 20 euros le sac, ndlr) et entre au compte-goutte dans la bande de Gaza. "C’est très cher et tu as de la chance si tu arrives à en avoir un. Aujourd’hui je n’en ai pas trouvé", se désole Nasser. Et quand certaines familles palestiniennes arrivent à en recevoir, beaucoup les revendent au marché noir pour pouvoir acheter notamment de la nourriture.