I-CONSTRUIRE UN MOUVEMENT LARGE ET EFFICACE
Après l’agression unilatérale contre l’Irak sans aval international, une nouvelle période s’ouvre. Elle est caractérisée par des changements internationaux (tentatives de délégitimation de l’ONU et du droit international) et régionaux (tentatives, notamment, d’éviter tout Etat arabe fort, face à la puissance israélienne), s’inscrivant dans des stratégies américaine et israélienne convergentes (dénonciation unilatérale du terrorisme auquel est assimilée toute résistance par une force d’occupation pour se « légitimer » ; guerre préventive etc). Cette période, qui a vu aussi se dessiner des ruptures stratégiques fortes entre les Etats-Unis et certains pays européens dont la France, ouvre pour la Palestine une période difficile.
Disons d’emblée que la nouveauté, la complexité et la difficulté de la situation à laquelle nous sommes confrontés nous obligent à accorder une grande attention à la fois à notre débat interne et aux priorités que nous choisissons pour nos initiatives. Il nous faut donc inventer des modalités de fonctionnement collectif qui soient démocratiques et respectueuses des différences.
Un mouvement en réseau structuré autour de plusieurs campagnes
Nous bénéficions d’un patrimoine collectif, fruit de plusieurs décennies d’existence des deux associations (AMFP et AFP). C’est un patrimoine très riche, fait de connaissance sérieuse de la Palestine mais aussi d’Israël, de l’histoire, des politiques de l’ONU, de la France, de l’Europe comme des Etats-Unis ; fait de partenariats construits selon des critères de respect de l’autodétermination, d’efficacité et de démocratie ; d’expérience militante tant sur les terrains humanitaires que politiques ; fait de collectifs d’individus. Depuis la fusion de nos deux associations et la naissance de l’AFPS, il s’est agi à la fois de tenter de faire fructifier ce patrimoine, de tenter de le faire partager à l’ensemble des nouveaux membres de l’association jusqu’à sa Présidence, et en même temps d’intégrer les besoins nouveaux liés à la fois aux exigences de la nouvelle situation en Palestine post-échec programmé de Camp David, d’Intifada, d’offensive coloniale, post-11 septembre 2001, et aux potentialités nouvelles ouvertes par l’accroissement quantitatif et qualitatif sans précédent du mouvement de solidarité dont nous sommes une composante essentielle.
En même temps, s’est développé autour de nous - sans que nous en soyons nécessairement le centre - un vaste mouvement de solidarité, un vaste réseau qui s’articule sur deux piliers nationaux (Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, Coordination nationale des organisations pour une paix juste entre Israéliens et Palestiniens) qui, à travers la mobilisation et le débat, a pu fixer et mener des campagnes précises pour la force de protection internationale et pour la suspension de l’accord d’association Union européenne-Israël. Notons que l’AFP a été à l’origine avec 7 autres ONG de la fondation de la Plateforme, et à l’origine, notamment dans la préparation de la manifestation du 7 octobre 2000, de la Coordination nationale pour une paix juste entre Palestiniens et Israéliens. Cela ne saurait en aucun cas nous conférer d’objectif hégémonique. Cela en revanche souligne notre responsabilité particulière pour contribuer à la fois aux orientations de ces deux coordinations et pour respecter la richesse que constitue la diversité de ses membres. La Plateforme, par exemple, constituée au lendemain des accords d’Oslo pour mettre en cohérence nos initiatives, s’est voulu un mouvement de soutien à une paix juste, donc fondée sur le Droit, pour que les promesses esquissées à Oslo ne restent pas lettre morte. La nature même de ses composantes en a fait une coordination fondée sur trois piliers indissociablement liés : la défense politique du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, la défense de ses droits humains, la solidarité avec les projets de développement (en l’occurrence dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture sur sa terre). En quelque sorte ce sont là les fondements de notre propre engagement.
Notre engagement fondamental est celui du Droit international, dont l’un des fruits est, outre l’ensemble des résolutions spécifiques sur la Palestine, le droit des peuples à l’autodétermination. A côté de notre engagement financier et humain, c’est lui qui fonde toute notre démarche politique. Durant les deux années que nous venons de vivre, il s’est décliné autour d’une double exigence :
protection internationale du peuple palestinien ;
pressions sur Israël à la fois contre l’impunité et par souci d’efficacité réelle et concrète. Pour les Etats européens, cette pression politique passe par l’outil dont ils disposent : l’outil économique. Nous l’avons pour notre part décliné en deux axes. Un axe politique auprès des acteurs politiques : après le succès de la campagne pour le report de la ratification de l’accord d’association UE/Israël, durant les années Netanyahou, puis avec le chèque presque en blanc laissé ensuite à Ehud Barak, il s’est agi d’obtenir la suspension de l’application de cet accord. A la fois conformément à l’article 2 de cet accord relatif au respect des Droits humains, mais aussi conformément à l’intérêt même exprimé par l’UE de zone de paix et de libre-échange (quoi qu’on en pense) en Méditerranée. Un axe citoyen également, longuement débattu puis adopté à notre CA, pour le boycott des produits israéliens, dont l’efficacité recherchée n’est pas économique mais de sensibilisation, reste à penser l’organisation concrète de notre campagne.
Les années 96-99 ont été celles d’un travail de lobbying politique efficace articulant local et national (voire partiellement européen) dans l’unité des ONG de la Plateforme qui à cette occasion est passée de 7 à 30 associations, pour le report de la ratification par le Parlement français de l’accord d’association. Notre force se fondait sur l’articulation entre qualité argumentaire et diversité dans l’unité, donc représentativité. Presque tous les parlementaires ont été alors rencontrés, et nous avons étroitement travaillé alors en étroite collaboration ou bien en lobbying auprès de la Commission des Affaires étrangères, des Ministères concernés, de Miguel Moratinos et de la presse au point qu’ils reprenaient presque mot pour mot nos argumentaires.
Acculés à l’urgence durant ces deux dernières années, entre débats-conférences et manifestations, nous avons quelque peu délaissé ce travail politique militant efficace d’interpellation et de pression, à l’exception notable du meeting de la Mutualité, un vrai succès même si le nombre d’associations associées était moins important que durant la campagne précédente. Il nous faudra donc continuer ce travail et le rendre prioritaire.
Le problème d’ensemble était de traduire les critiques contre la politique du pouvoir israélien en une campagne politique vaste, diffuse, telle qu’elle devienne incontournable pour la politique française et européenne.
Il ne s’agissait pas de rechercher le plus petit dénominateur commun (P.P.D.C) mais bien de rechercher le plus grand dénominateur commun et multiple (P.G.D.C.M.) et de déterminer en même temps la campagne qui doit permettre d’impliquer des couches plus larges de population qui considèrent avec sympathie certains de nos thèmes avancés par le « mouvement » mais qui ne s’identifient pas à tout ou ne participent pas à nos manifestations. Il s’agit de combiner dialectiquement nos actions coordonnées avec les autres associations, partis, syndicats, quand un commun dénominateur peut être trouvé. Mais aussi ne pas hésiter à avancer nos mots d’ordre et nos propositions d’action quand nous les pensons justes, efficaces et réalisables.
Il nous faut aussi travailler à transformer des colères qui pourraient se fourvoyer dans une solidarité de type communautaire ou une lecture confessionnelle du conflit en mobilisations articulées sur la compréhension du fondement politique du conflit.
De ce point de vue, l’événement politique central de l’année 2002 a été le vote du Parlement européen du 10 avril sur la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.
Depuis nous sommes entrés dans une nouvelle phase historique avec la guerre en Irak et la mobilisation citoyenne européenne contre cette guerre.
Quant à la protection internationale du peuple palestinien, il nous faut approfondir notre travail en particulier, mais pas seulement, en nous appuyant sur l’expérience accumulée par les volontaires internationaux des missions civiles pour la protection du peuple palestinien, dont la visibilité en France ou en Europe est très en deçà du possible et du souhaitable.
Un contexte radicalement nouveau
Désormais notre lutte s’insère dans un contexte de globalisation marqué par trois évènements politiques déterminants et nouveaux :
l’invasion de l’Irak par l’unilatéralisme américain ;
la montée du mouvement altermondialiste plus particulièrement centré sur ses objectifs antiguerre et de défense du Droit ;
la contradiction croissante entre les Etats-Unis et l’Union européenne.
Comment faire franchir un saut qualitatif au mouvement de solidarité avec la Palestine qui lui permette de peser suffisamment pour amener l’Europe à une initiative politique forte, qui exerce une pression efficace sur le gouvernement israélien ?
Ce qui suppose pour nous de réinstaller la question palestinienne dans ce cadre mouvant qui peut aussi ouvrir de nouvelles perspectives offertes par la mobilisation de l’opinion contre la guerre et par le processus de différenciation entre Etats-Unis et Europe.
Ce qui suppose donc de :
1- consolider les réseaux déjà constitués de la société civile européenne (en proposant une sorte de « pacte de travail commun » portant sur la force de protection internationale et sur la suspension de l’accord d’association)
2- renforcer cette relation avec le monde politique qui a marqué un « sursaut d’attention » (vote du Parlement européen, reconstitution en France d’un groupe d’études parlementaire « France-Palestine », meeting de la Mutualité et ses suites ).
Non réalisable ? On le dit souvent au départ pour les grands enjeux. Rappelons-nous la C.P.I. qui est en train d’expérimenter l’idée d’une justice administrée non au nom des Etats mais au nom des droits fondamentaux de l’Humanité et qui pourrait finalement mettre sous accusation les dictateurs du monde entier. Des initiatives sont en gestation pour reprendre à propos du conflit israélo-palestinien et des violations multiples perpétrées par le gouvernement israélien, le tribunal Russell pour le Vietnam. Notre association doit les soutenir.
Certes aujourd’hui il est difficile d’être optimiste, mais quelque chose de semblable pourrait arriver sur le front de la Palestine à condition que face à la situation toujours plus dramatique des Palestiniens, à la consolidation du régime d’occupation israélien et au refus du gouvernement Sharon d’envisager un véritable processus de paix, l’opinion internationale européenne, en particulier dans la foulée de la mobilisation contre la guerre en Irak, se mobilise suffisamment pour imposer à l’UE qu’elle prenne des initiatives politiques en les accompagnant de pressions nécessaires sur Israël.
Tels sont les axes centraux, à côté de notre soutien financier aux ONG palestiniennes, qui ont structuré notre mouvement et qui constituent les points d’appui de notre futur engagement tout en les réajustant aux nouveautés du contexte au Moyen-Orient et dans les rapports entre les Etats-Unis et l’Europe.
Un mouvement à construire
Le mouvement de solidarité avec la Palestine en France a connu un développement remarquable au cours des deux années écoulées, à l’image de l’AFPS, seul mouvement national global sur ce sujet mais qui ne représente qu’une partie de la réalité d’un mouvement très segmenté.
En l’état, ce mouvement qui se construit est pluraliste, intergénérationnel, même si cela se voit peu à l’AFPS, interculturel (avec une forte composante de culture ou d’origine arabe, avec une composante faible mais réelle de référence juive), socialement très composite, politiquement très diversifiée (d’une partie de l’extrême gauche à des secteurs de l’U.M.P.). Ce mouvement en réseau ne peut être qu’indépendant des partis. A tous les niveaux, la future AFPS devrait refléter cette pluralité et cette diversité.
Un problème pour l’AFPS est de trouver des formules unitaires qui à l’instar de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine et de la « Coordination nationale » puissent servir de support à ce pluralisme et lui garantissent une efficacité politique. Il conviendra donc à l’avenir, d’être particulièrement attentif au fait d’aller vers des couches et des tranches d’âges de la population avec qui nous n’avions pas forcément l’habitude de travailler ou pas suffisamment. En particulier, il y a urgence à aller vers ces quartiers populaires délaissés de tous et dans lesquels frustrations et ranc ?ur se développent. Il y va de l’efficacité de notre lutte, mais aussi de notre responsabilité de citoyens. La question palestinienne peut et doit devenir un facteur de rassemblement et de lutte contre les fractures et l’intolérance autour de valeurs universelles.
D’où la nécessité pour l’AFPS, en particulier, de proposer rune stratégie claire et une ligne d’action commune qui servent de ciment pour ce mouvement désormais vaste mais qui a encore besoin d’une dynamique d’élargissement.
Aujourd’hui le mouvement pour la Palestine tend à avoir une compétence politique plus grande que le politique organisé, ce qui du même coup accroît sa crédibilité auprès des institutions françaises et européennes.
C’est dans cette perspective que doit continuer à se mener une campagne comme celle visant à la suspension de l’accord d’association, autour de laquelle peut se développer une série d’activités et de campagnes de mobilisation et de sensibilisation qui, à leur tour, peuvent élargir l’éventail des forces mises en mouvement (Campagne internationale pour la protection du peuple palestinien, campagne ICAHD pour la reconstruction de maisons, campagne pour la libération de Marwan Barghouti et des prisonniers politiques ?). L’enjeu stratégique reste toujours l’exigence d’une application du droit international et de l’intervention-pression de l’Union européenne.
Il nous faut proposer au mouvement qui s’est mobilisé contre la guerre en Irak un prolongement dans la solidarité avec la Palestine, articulé sur la défense de la légalité internationale et d’une paix fondée sur le Droit. C’est un travail à mener notamment au sein du mouvement altermondialiste et de FSE.
II-LES AXES DE NOTRE INTERVENTION : LA PAIX PAR LE DROIT
Une situation toujours plus dramatique
L’essence du conflit israélo-palestinien, comme nous l’avons très souvent écrit (cf. nos brochures sur la colonisation écrites durant les années « Oslo ») repose à la fois sur un double transfert de population (transfert de Palestiniens hors de leur terre ; transfert vers la Palestine d’abord de juifs d’Europe après le génocide et puis de juifs du monde entier), et sur une dépossession de ces terres au profit de la colonisation israélienne. D’où le fait qu’au moins jusqu’à la première Intifada en 1987, le droit au retour a été l’axe central prioritaire de la Résistance palestinienne. La première Intifada a recentré le conflit sur le territoire palestinien lui-même, et mis en évidence à la fois la justesse de la revendication nationale palestinienne et la réalité de la colonisation israélienne qu’Israël envisage comme un fait accompli. Depuis la conquête des territoires occupés en 1967, Israël a tout tenté pour accroître son contrôle des terres et pour modifier la composition démographique à travers l’occupation militaire et la création progressive de colonies. Toute cette politique constitue une violation globale des résolutions du Conseil de sécurité. Aujourd’hui existent 357 colonies avec une population de 385 000 Israéliens en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-est.
Les colonies, les terres confisquées, les routes de contournement et autres terres contrôlées avec la construction du mur par l’armée israélienne comprennent désormais 55% des territoires occupés.
La vie quotidienne pour le peuple palestinien est insupportable : couvre-feu, check-points, exécutions ciblées, punitions collectives de toutes sortes, destructions de maisons, violations systématiques des conventions de Genève sur la protection des civils sous occupation ?
Les accords d’Oslo ouvraient une perspective : celle de l’échange de « la paix contre les territoires ». Les négociations se situaient hors du cadre des Nations unies mais se fondaient sur les résolutions 242 et 338 qui reposent sur le principe d’illégalité de l’acquisition de territoires par la force. Cela supposait un rééquilibrage notamment international, du rapport de forces, qui n’a pas eu lieu. Israël n’a pas respecté les accords signés et la colonisation a doublé en dix ans. A Camp David, lors de la négociation sur les dossiers centraux du conflit (réfugiés, Jérusalem, colonies, territoire, Etat), Ehud Barak (qui au sein du parti travailliste s’était battu contre Oslo) a refusé le principe d’une négociation sur les modalités d’application du Droit international. Il a tout simplement rejeté le Droit international, pour délégitimer l’ANP, les partisans israéliens de la négociation, et toute idée même de négociation. La guerre coloniale, après la « provoc » co-organisée (Barak-Sharon) à Jérusalem pouvait commencer. Pour Ariel Sharon, l’objectif maintes fois réaffirmé est clair : achever ce qui ne l’a été en 1948, à savoir expulsion-dépossession-annexion, déjà largement entamée de facto. Dans son gouvernement d’extrême droite, des ministres prônent la purification ethnique. Il a tout fait pour éradiquer l’ANP. L’historien palestinien Saleh Abdel Jawad parle de « sociocide ».
C’est contre l’occupation que s’est organisée l’Intifada, qui a pris successivement des phases bien diverses. La logique de la violence qu’entraîne la guerre de Sharon ne s’arrêtera pas tant que dure l’occupation. Il en découle deux objectifs centraux complètement liés : la fin de l’occupation des territoires palestiniens et l’établissement d’un Etat palestinien pleinement souverain.
Contre l’occupation, pour un Etat palestinien viable souverain et dans les frontières de 67.
Notre solidarité avec les Palestiniens se fonde sur des principes universels qui sont ceux du droit international et des résolutions de l’ONU. Celles-ci affirment que sur la terre de Palestine vivent désormais deux peuples : un peuple israélien et un peuple palestinien et tous les deux ont droit à un Etat. Elles reconnaissent aussi le droit des Palestiniens au retour.
Or aujourd’hui, il y a un peuple occupant et un peuple occupé, lequel se voit refuser l’exercice du droit à l’autodétermination.
Ainsi, le droit international actuel fixe et légitime le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et constitue la plateforme de lutte du mouvement national palestinien.
Cette situation découle du rôle particulier que l’ONU a joué dans la question palestinienne. Ce qui a contrario signifie aussi que toute tentative de sortir du cadre ONU - comme le font les Etats-Unis avec Israël - vise toujours à remettre en cause les droits reconnus au peuple palestinien par la communauté internationale.
L’AFPS soutien la lutte de libération nationale du peuple palestinien qui demande la création d’un Etat palestinien sur les territoires occupés par Israël en juin 1967 (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-est), des frontières sûres et reconnues par les deux Etats et la paix entre Israël et ses voisins arabes, pour une solution politique à Jérusalem à égalité, pour la reconnaissance du droit au retour des réfugiés dont les modalités d’application ne sont négociables que si le Droit est reconnu.
Ces exigences légitimes supposent la fin de l’occupation des territoires palestiniens, le retrait de toutes les colonies, une totale souveraineté de l’Etat palestinien sur son territoire, ses ressources et ses frontières, et Jérusalem comme capitale, une solution juste à la question des réfugiés fondée sur le droit au retour des Palestiniens et la résolution 194.
L’AFPS développe une solidarité politique, morale, économique et humaine avec l’ensemble du peuple palestinien et de ses composants, en Palestine occupée , en exil forcé et en Israël même.
L’AFPS soutient de même le mouvement anti-colonialiste israélien, à commencer par les soldats qui refusent de servir dans les territoires palestiniens occupés.
Dans l’immédiat : protection internationale du peuple palestinien
Aujourd’hui la continuation et l’aggravation de l’occupation militaire israélienne des territoires palestiniens, le début d’une mise en ?uvre d’une logique de déportation-transfert rendent toujours plus urgente et nécessaire l’exigence d’un déploiement d’une force de protection internationale.
C’est tout l’enjeu de la Campagne internationale pour la protection du peuple palestinien qui vient de se mettre en place à Paris et où l’AFPS doit prendre toute sa place.
C’est notamment à ce niveau de protection de la vie toujours plus menacée des Palestiniens qu’il faut dénoncer fortement la détention illégale de Marwan Bargouthi et de tous les prisonniers politiques palestiniens et de continuer à assurer leur défense. En effet, le maintien en détention prolongée de milliers de Palestiniens constitue déjà une première forme d’expulsion de Palestiniens de leur territoire et s’intègre dans une logique de déportation de masse et même de transfert.
En même temps, pour le pouvoir israélien il s’agit à travers le procès de M.Barghouti de détruire la nouvelle génération politique démocratique et laïque du mouvement national palestinien. Par conséquent, la défense politique de M.Barghouti et des prisonniers doit être un axe essentiel de notre travail car c’est l’avenir politique de la Palestine qui est en jeu.
Le rôle de la France
L’AFPS se félicite de la position officielle de la France en faveur de la légalité internationale et de la reconnaissance de la légitimité de l’ANP et de son président élu. Il convient de poursuivre sur cette voie, sans renonciation, sans compromission, sans ambiguïté ni demi-mesure. Cette position doit se traduire par des actes forts .Au-delà des protestations officielles, la France doit peser de manière déterminée pour faire prévaloir le Droit International, elle doit mobiliser tous ces moyens pour l’envoi d’une force de protection internationale du peuple palestinien et pour que les pressions sur Israël, réclamées par le parlement européen lui-même ne restent pas lettre morte dans le mépris de la démocratie. La France doit suspendre sa coopération militaire avec Israël.
La France peut et doit :
intervenir auprès des instances exécutives européennes pour que soit mise en ?uvre la résolution adoptée le 10 avril 2002 par le parlement européen, comme l’ont fait les conseils d’administration d’universités, en proposant la suspension des accords de coopération en matière de recherche scientifique. Il est scandaleux que les ministres de l’Education Nationale et des Affaires Etrangères aient désavoués le CA de Paris 6 comme ils l’ont fait.
Demander au Secrétaire Général des Nations Unies la convocation d’une assemblée générale pour que soient étudiées les sanctions à imposer à Israël en raison du mépris absolu avec lequel ce pays traite les résolutions votées par l’ONU depuis 1967 et pour que la Cour Pénale Internationale soit saisie des crimes de guerre commis par l’armée israélienne.
Cette exigence multiforme de la « protection » des droits des Palestiniens - à commencer par le droit à la vie - pose la question de la capacité du mouvement de solidarité à obliger la France et l’Europe à mener une politique de pression-sanction suffisante sur le pouvoir israélien.
C’est tout l’enjeu de la bataille pour la suspension de l’accord d’association UE-Israël qui reste l’enjeu central.
Réaffirmer les fondements éthiques et politiques de notre solidarité
Notre association se réclame des principes des droits humains (égalité, anti-racisme,laïcité) et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est dans ce cadre qu’elle agit pour la reconnaissance des droits des Palestiniens.
La défense intransigeante de ces valeurs doit accompagner notre solidarité sous peine d’affaiblissement ou de discrédit moral et politique de cette solidarité elle-même.
De ce point de vue, pour conquérir durablement une majorité de l’opinion publique française déjà acquise selon tous les sondages à la cause palestinienne, le mouvement de solidarité ne peut esquiver certains problèmes.
C’est le cas des dérives anit-juives qui peuvent apparaître à l’occasion des manifestations de soutien à la cause palestinienne. La dénonciation de notre part de tout comportement antisémite s’impose dans le cadre de la réaffirmation de notre condamnation sans concession de toutes les formes de racisme. L’AFPS n’a pas à se justifier. Nos déclarations, nos écrits sont là pour le confirmer. Nous continuerons à dénoncer et combattre les dérives et manifestations racistes. Par ailleurs, devant les menaces physiques , morales et juridiques exercées par certains réseaux inconditionnels de Sharon, visant à baillonner la solidarité grandissante avec les Palestiniens, l’AFPS prendra la défense des militants et organisations qui viendraient à être la cible de ces inconditionnels, dans la mesure, bien entendu, où leurs textes ou actions respectent les principes de notre charte.
L’autre problème posé est celui du rapport entre résistance terrorisme et lutte armée. Là aussi un certain nombre de définitions et de principes doivent utilement être rappelés. Le droit international reconnaît la légitimité et la légalité de la résistance, y compris armée, à l’occupation étrangère - quand il n’existe plus d’autre possibilité d’exprimer ses revendications. De ce point de vue, il ne fait aucun doute que les Palestiniens ont le droit d’utiliser la violence dans leur lutte. En même temps tout mouvement de libération doit réfléchir sur le coût des moyens qu’il choisit dans sa lutte, sur leur efficacité politique.
Quoi qu’il en soit la légitimité de la résistance ne peut permettre de transgresser le Droit International. L’ANP, privée de ses moyens, condamne sans ambiguïté les attentats suicides contre les civils israéliens en Israël.
En même temps on ne peut simplement renvoyer dos-à-dos deux protagonistes sous prétexte que les deux violent le droit humanitaire ? . En effet, la bataille que mènent les Palestiniens est une « lutte juste », une résistance légitime à une occupation illégitime, alors que le gouvernement israélien développe une stratégie de maintien d’une occupation illégale et de terrorisme d’Etat.
Annexe :
AFPS AG 24 /25- 05- 2003
ANNEXE AU RAPPORT D’ORIENTATION
LA MOTION SUIVANTE A ÉTÉ PROPOSÉE ET VOTÉE CONDITIONNELLEMENT PAR L’AG (sous réserve que les conditions financières le permettent) :
Dans les circonstances difficiles que connaît le peuple palestinien, l’AFPS doit, dans tous les domaines où elle intervient, élever ses possibilités d’action à la hauteur des enjeux. C’est pourquoi l’AG décide les mesures suivantes qu’elle charge la nouvelle direction de mettre en ?uvre dès maintenant :
Constitution d’un comité de parrainage de personnalités des milieux politiques, culturels, scientifiques et de représentants de la société civile. L’existence de ce comité devrait renforcer la visibilité de l’AFPS vis à vis de l’opinion publique et des médias, ainsi que nos possibilités d’accès aux hautes sphères de l’Etat. (9 contre et 8 abstentions)
Recrutement d’un permanent de l’AFPS à plein temps ACCOMPAGNANT LE TRAVAIL du Bureau national et responsable devant lui. Le prochain CA en déterminera les fonctions. (4 contre et 16 abstentions)
Affectation des fonds reçus par l’AFPS sans spécification particulière (parrainages ou projets précis) pour des activités politiques et pour leur visibilité sous réserve des possibilités financières.
Développement de la stratégie de communication déjà mise en ?uvre (internet, journal) en insistant d’une part sur les compte-rendus des activités des militants et des groupes, les forums de discussion, et d’autre part en renforçant notre stratégie de suivi et de communication avec les différents médias.