Ramallah est généralement la ville palestinienne à laquelle on accède immédiatement après avoir débarqué de l’avion. Le temps de prendre ses repères sans forcément s’attarder cependant ou le temps de mesurer combien elle a changé depuis son dernier passage.
La vision que l’on en rapporte ne doit pas se limiter aux constructions qui poussent un peu partout ainsi qu’au trafic insupportable de son avenue principale. Ramallah accueille le siège de nombreuses délégations et ONG étrangères, ainsi que l’Autorité Palestinienne. C’est assurément une ville particulière, une ville de Pouvoirs mais cela ne doit pas faire oublier les moments importants de son histoire, notamment les années 2002-2004 durant lesquelles elle a subi le siège de l’armée israélienne. Ramallah, c’est aussi la ville mémoire de la Palestine qui s’attache à son identité et à son Histoire.
Avec le musée consacré à Mahmoud Darwich, deux autres musées importants sont venus en l’année 2017 s’ajouter à la liste des incontournables de Ramallah. L’occasion de consacrer un article dans Pal Sol pour vous encourager à vous y arrêter et prendre le temps de les visiter.
Nous aussi nous aimons la vie…
Le mausolée de Mahmoud Darwich a été élevé après sa mort, en 2008, et inauguré en 2012.
A l’étranger , on connaît souvent le poète écrivain et président de l’Union des écrivains palestiniens mais c’est oublier que ce proche d’Arafat, engagé au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a été aussi un des artisans de la reconnaissance internationale de la Palestine. On sait aussi qu’il démissionne au moment des accords d’Oslo, auxquels il est opposé.
Poète de la Palestine « Il aura été l’homme qui, par le miracle de son poème, a permis à son peuple d’effectuer la traversée de l’infiniment petit l’infiniment grand, de la petite nation à la terre grande et il restera, à ce titre, celui qui aura donné la visibilité culturelle aux siens. » Elias Sanbar, un moment son traducteur en France, dans son très beau Dictionnaire amoureux de la Palestine.
Le musée est aujourd’hui un magnifique bâtiment sur les hauteurs de Ramallah, qui sert aussi de lieu de spectacles et de conférences. Le drapeau palestinien flotte fièrement au haut des marches qui nous mènent à l’entrée.
La partie musée contient beaucoup de photos et vidéos, beaucoup d’objet personnels liés à son travail, et bien sûr sa production littéraire en diverses langues. C’est toute une ambiance dans un univers de vie poétique et politique. La visite du mausolée crée beaucoup d’émotion et elle est une partie essentielle de la Palestine et de son histoire.
L’autre mausolée qui a donné lieu à l’édification d’un musée à Ramallah est celui de Yasser Arafat , situé dans son quartier général Al Moqata’a. Tous les deux ont été conçus par l’architecte libanais Jaafar Touqan.
La Mouqata’a désigne, depuis les Accords d’Oslo de 1993, les bureaux gouvernementaux de l’Autorité palestinienne et le quartier général de l’administration locale palestinienne.
À partir de janvier 1996, Yasser Arafat, nouvellement élu Président de l’Autorité palestinienne, occupa un bureau à la Mouqata’a, partiellement détruite au bulldozer par l’armée israélienne. Il y fut assiégé et maintenu pendant deux ans avant son départ vers un hôpital de la région parisienne en octobre 2004 où il meut un mois plus tard.
On sait que Y. Arafat aurait souhaité être enterré à Jérusalem et que sa demande était d’y être transféré dès que ce sera possible. Il est intéressant de faire la visite du mausolée dans le cadre d’une visite guidée car il recouvre nombre d’aspects symboliques qu’il est important de connaître.
Incontestablement, l’édification du musée en début d’année 2017 apporte un élément essentiel.
L’exposition recouvre toute l’histoire et la lutte des Palestiniens, de la déclaration Balfour signée en novembre 1917 à la seconde intifada des années 2000, en passant par la première guerre israélo-arabe et par la guerre des Six-Jours durant laquelle Jérusalem-Est et la Cisjordanie furent envahis par l’armée israélienne.
Les photos du village de Deir Yassin, dont les maisons furent détruites et la population massacrée par une milice juive le 9 avril 1948, y côtoient le film tourné en 1974, à l’occasion du discours de Yasser Arafat à la tribune des Nations unies. Nous sommes ainsi conviés à un parcours chronologique où se mêlent d’un côté l’histoire palestinienne et de l’autre la vie et le combat de Arafat. Sa présence y est encore très forte.
« Yasser Arafat a écrit les principaux chapitres d’une marche inachevée vers l’indépendance, et sa présence manque aujourd’hui cruellement aux Palestiniens… » résume Nasser al Qidwa, neveu de l’ex-président et responsable de la Fondation Yasser Arafat
L’art n’est pas absent non plus de ce musée et la visite peut durer plusieurs heures, durant lesquelles on croise en particulier de nombreux groupes scolaires palestiniens.
Michel Basileo
Pour le GT Culture