- © Naji al-Ali
Il est considéré comme le premier caricaturiste à être assassiné pour ses dessins. Naji Salim al-Ali est né 1936 dans le village palestinien de Al-Shajara, en Galilée. Il avait 10 ans lorsque lui et sa famille ont été expulsés de la Palestine vers le camp de Ein Al-Helweh (l’œil de la belle en arabe) au Liban. Il intègre alors un institut professionnel dans la ville libanaise de Tripoli. Il y obtient son diplôme en 1953 et exerce plusieurs métiers, raconte son éditeur.
Naji al-Ali met en scène des pièces de théâtre sarcastiques, qui « traitaient de la situation politique et sociale de la Palestine et des réfugiés », relate Scribest Editions. Il devient ensuite tourneur en Arabie Saoudite (de 1957 à 1959). En 1960, le jeune homme intègre l’Académie libanaise d’art, puis il enseigne cette matière pendant deux ans. En 1963, le Palestinien se rend au Koweït, où il travaille dans la revue d’opposition « Al-Talya » (L’Avant-Garde), puis au sein du journal « Al-Siyassa » (La Politique).
Handala, son "fils"
C’est là que naît sous sa plume Handala, en 1969. Un petit garçon qui refuse de grandir que l’on voit de dos –il n’acceptera de se retourner que lorsque son peuple aura un Etat. A travers ce personnage, qui le suivra toute sa vie durant, le caricaturiste exprimera ses opinions, ses déceptions, ses espoirs. Il racontera l’histoire de son pays, qu’il a vécue en plein cœur.
Il sera par la suite témoin de la guerre civile libanaise et de l’invasion israélienne en 1982, avant de retourner au Koweït, d’où il sera expulsé. Il sera aussi primé à de nombreuses reprises. En près de deux décennies, Naji al-Ali deviendra le dessinateur le plus connu du monde arabe, pourtant très mal connu en Occident, et notamment en France. Dans la présentation du « Livre de Handala » (paru en 2011 aux Editions Scribest et préfacé par Plantu), son homologue français Siné rappelle que le caricaturiste a été tué « à cause des convictions qu’il exprimait à merveille à travers ses dessins et son petit personnage nommé Handala ».
Le 22 juillet 1987 à Londres, Naji al-Ali sera victimes de « balles tragiques », à Londres, alors qu’il se rendait au travail –au quotidien koweïtien « Al-Qabas ». Il succombera à ses blessures cinq semaines plus tard, le 29 août 1987. Il avait 50 ans. Son meurtrier n’a jamais été retrouvé. Vingt-sept années et demie avant l’attentat terroriste dont ont été victimes les dessinateurs de « Charlie Hebdo » le 7 janvier à Paris : Cabu, Charb, Wolinski. Tignous et Honoré.