Le gouvernement sud-africain a décidé d’imposer un étiquetage spécifique distinguant les produits des colonies israéliennes importés des Territoires Palestiniens Occupés (TPO) au lieu du label trompeur « Made in Israel ». L’annonce officielle, faite en août 2012, précise que les TPO ne font pas partie d’Israël. Et le porte-parole ajoute : « Jusqu’à présent, la campagne de boycott a eu un effet économique négligeable, mais la voix d’un gouvernement comme le nôtre pourrait donner un coup de pouce symbolique ».
Tout en demandant fermement l’embargo sur les produits des colonies israéliennes, illégales et condamnées par l’ensemble de la communauté internationale, l’AFPS se félicite de la décision sud-africaine. Elle a depuis longtemps dénoncé la tromperie sur l’origine des produits des colonies. Avec Indecosa-CGT, l’AFPS a porté plainte contre la société OPM, importatrice des gazéificateurs Sodastream, libellés trompeusement « Made in Israel ». Les consommateurs doivent pouvoir choisir librement et pour cela être en mesure de distinguer les produits des colonies.
La réaction rageuse des autorités israéliennes, accusant l’Afrique du Sud de pratiquer l’apartheid (sic) contre Israël, montre l’importance qu’elles attachent à faire « oublier » les frontières de 1967 et à « normaliser » les colonies. Autrement dit à rendre impossible la création d’un Etat palestinien.
La décision sud-africaine n’est pas isolée puisque le ministre des affaires étrangères du Danemark a annoncé que cette mesure était à l’étude. Sans oublier que le Royaume Uni l’a recommandée aux distributeurs depuis 2009.
Et l’Europe ? Et la France ?
Pour l’Europe, notons sur cette question la déclaration du vice premier ministre irlandais le 10 juin dernier, évoquant la possibilité d’une demande d’interdiction des produits des colonies à l’occasion de la présidence irlandaise de l’UE au premier semestre 2013.
Pour la France, on en est encore et toujours au stade de l’étude, de la réflexion au lieu d’agir clairement dans le sens du droit international. Quelques déclarations récentes en attestent :
En juin 2012, en réponse au questionnaire de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, Jean-Marc Ayrault, candidat aux législatives et Premier Ministre en exercice, rappelait qu’Israël « s’exposerait au cas où il ne conformerait pas durablement ses actions à l’égard des Palestiniens au droit international, à l’application des mesures prévues à l’article 2 de l’accord d’association UE-Israël. ». Ce qui signifie en clair la suspension du dit accord. Dont acte.
Mais dans un courrier en réponse à un député, Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères, tout en condamnant de façon totalement illégitime le boycott, déclare : « S’agissant de l’étiquetage des produits fabriqués en Israël, dans les colonies ou dans les Territoires palestiniens, il n’est aujourd’hui pas possible pour le consommateur de distinguer les produits entre eux car les distributeurs ne peuvent être contraints juridiquement à indiquer la provenance des produits qu’ils commercialisent. Dans ce contexte, le Royaume-Uni, en 2009, ainsi que le Danemark et l’Afrique du Sud, en 2012, ont adopté des « codes de conduite » recommandant aux distributeurs d’apposer sur les produits des colonies un étiquetage distinctif.
Dans le souci d’une meilleure information du consommateur, la France étudie actuellement, en lien avec plusieurs de ses partenaires européens, la possibilité de publier un code de conduite similaire, dans le cadre d’une initiative coordonnée. ».
On est très loin du compte … Parce que, malgré la déclaration du Ministre, l’étiquetage de l’origine est en réalité obligatoire pour un certain nombre de produits, et que, pour les autres produits, on ne voit pas pourquoi on tolèrerait un étiquetage qui trompe le consommateur.
Alors que sur le terrain tout s’aggrave de jour en jour, l’Europe va-t-elle enfin agir pour que la colonisation soit sanctionnée ? La France va-t-elle enfin accorder ses actes à ses déclarations ? Ce sont pour nous des exigences incontournables.
Le Bureau National de l’AFPS