Le marathon de Naplouse aura lieu vendredi, à 8 heures, en Cisjordanie. Une course insolite organisée entre deux checkpoints israéliens. Ils seront 700 à prendre le départ de ce premier marathon de Naplouse. Des Palestiniens, des étudiants de l’université de la ville qui parraine l’événement. Des étrangers aussi, militants de la cause palestinienne, sportifs ou non.
Car ce marathon est d’un genre particulier : il ne fera pas les 42,195 km réglementaires. Les coureurs partiront d’un checkpoint - un point de contrôle de l’armée israélienne - et s’arrêteront au 11e km devant le premier checkpoint sur leur route.
Cet événement sportif est une manifestation politique pour dénoncer les restrictions de circulation imposées aux Palestiniens symbolisées par ces checkpoints. "Les checkpoints nous empêchent de courir, respirer", explique l’organisateur du Marathon de Naplouse également responsable de l’association Project Hope.
Les checkpoints, lieux d’humiliation des Palestiniens
Hakim Sabah a 40 ans. Et il a vu ces checkpoints se multiplier à mesure que les colonies se sont étendues. Ils sont désormais une centaine en Cisjordanie. Provisoires au départ - au tout début une simple jeep - ils sont maintenant permanents, avec caméras de surveillance, miradors, sas de fouilles.
Ils sont devenus, dénonce Hakim Sabah, "un lieu de l’humiliation quotidien des Palestiniens". "C’est une mesure pour étouffer la population palestinienne. Un soldat israélien sur un checkpoint, il s’intéresse pas à mon nom, mais au numéro de ma carte d’identité fournie par l’armée israélienne. C’est pour nous dire que nous ne sommes pas humains, c’est devenu un système d’apartheid."
Dénoncer ce "nouvel apartheid", c’est l’objectif de ce "marathon des checkpoints" qui veut attirer l’attention sur le sort des Palestiniens qui ont un peu disparu de l’agenda international depuis l’arrivée de Trump souligne l’ancien ambassadeur français Denis Bauchard conseiller à l’IFRI, qui s’inquiète de voir circuler désormais en Israël des projets de loi d’annexion de territoires palestiniens.
On est possiblement en train d’assister à la naissance de "l’Intifada des baskets". Car le marathon de Naplouse n’est pas le premier. Il existe déjà le marathon de Bethleem, non pas entre les checkpoints celui-là mais au pied du mur de séparation. Il rassemble depuis 2013, à chaque édition, un peu plus de coureurs et de coureuses. Du coup, les colons israéliens ont répliqué. Ils organisent, eux aussi, un marathon dont la ligne d’arrivée se trouve au pied d’une colonie. Le "marathon des colons" fait 42km et n’est arrêté, lui, par aucun checkpoint. En Israël et en Palestine, on court beaucoup. Pendant que la paix fait du sur place.