Amira a été arrêté le 27 décembre 2017, en Palestine, par des soldats israéliens, alors qu’il participait pacifiquement à un rassemblement à Bethléem en Cisjordanie. Il manifestait contre la détention et les mauvais traitements présumés d’enfants palestiniens prisonniers, parmi lesquels Ahed Tamimi, âgée de 17 ans (âgée de 16 ans quand elle a été arrêtée) placée en détention quelques jours auparavant.
Amira habite et travaille dans le camp de réfugiés d’Aida en Cisjordanie et est le directeur du Centre des Jeunes d’Aida. Amira est aussi à la tête du Comité de Coordination de la Lutte Populaire, un mouvement de résistance populaire créé en 2008. Il a auparavant exercé la fonction de secrétaire général du Syndicat Palestinien des Travailleurs Sociaux et Psychologues.
Je n’ai pas rencontré Amira, mais ses valeurs, sa dignité et sa contribution à défendre les droits humains des enfants palestiniens sont célèbres dans la communauté internationale du travail social. Dans un communiqué publié par l’Association Britannique des Travailleurs Sociaux (ABTS), Amira est décrit comme « un collègue très estimé et respecté, bien connu de nombreux membres de l’ABTS (BASW) ».
Le 4 janvier 2018, quand Raed Amira, le délégué aux droits de l’homme en Palestine de la Fédération Internationale des Travailleurs Sociaux, a fait connaître sur les médias sociaux la nouvelle de l’arrestation d’Amira, j’ai eu immédiatement le sentiment que je devais agir en sa faveur. J’ai lancé une pétition sur change.org pour exiger sa libération immédiate et inconditionnelle au nom des valeurs fondamentales du travail social, et des milliers de travailleurs sociaux du monde entier qui sont résolus à mettre fin à l’injustice, à l’oppression et aux violations des droits de l’homme.
Le 7 janvier, la FITS (IFSW) a publié un communiqué exigeant la libération d’Amira. Plusieurs associations nationales du travail social ont répercuté ce communiqué en Grande-Bretagne, en Nouvelle Zélande, en Palestine, en Turquie, dans la région d’Amérique Latine et en Irlande.
La campagne internationale pour faire libérer Amira se développe rapidement. La pétition a été signée par plus 13.000 travailleurs sociaux et sympathisants du monde entier et a été envoyée au premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahou. Le 15 janvier, la FITS a aussi envoyé des lettres aux organismes compétents à l’ONU, comme Amnesty International, les exhortant à utiliser leurs services respectés pour soutenir le mouvement mondial des travailleurs sociaux et des défenseurs des droits de l’homme.
Amira a comparu six fois depuis son arrestation et le procureur militaire israélien a prolongé plusieurs fois sa détention. Son procès a commencé le 21 février et il fait l’objet de 13 chefs d’inculpation pour avoir participé à cinq rassemblements/manifestations, tels que « avoir participé à une marche non autorisée » et « avoir jeté des pierres sur les forces israéliennes ». Le réseau des tribunaux militaires en Cisjordanie a un taux de condamnation de 99 %
en ce qui concerne les Palestiniens.
Les travailleurs sociaux du monde entier doivent continuer à sensibiliser sur le cas de Munther Amira et être solidaires de tous les travailleurs sociaux qui quotidiennement protègent et défendent les droits des enfants et réfugiés. Les travailleurs sociaux sont des défenseurs des droits de l’homme, ils croient en la paix et en la justice sociale.
Felipe Duarte est chercheur sur le travail social et militant.
Traduit de l’anglais par Y. Jardin pour l’AFPS