Le pari était audacieux et les interrogations multiples : sans
expérience d’une telle initiative, sans moyens financiers comment
réussir une telle opération ?
Après débat la décision fut finalement prise : la conférence aurait lieu.
Avec les moyens du bord, la mobilisation du village et d’organisations
palestiniennes de lutte contre le Mur et l’aide d’Israéliens et
d’Internationaux, les problèmes de logistique et d’organisation furent résolus. Et bien résolus.
L’hébergement des étrangers était prévu chez des habitants du village,
les repas du soir préparés. Merci à tous nos amis de Bil’in pour leur
accueil extrêmement chaleureux, pour toutes les attentions qu’ils et
elles nous ont manifestées. Nous ne pouvons tous les citer mais tous
ceux qui les ont côtoyés savent à quel point ils se sont mis en quatre
pour nous être agréables.
Merci aussi aux Israéliens qui étaient chargés des transports vers
Bil’in, se débrouillant pour être là à l’arrivée de chaque vol pour nous
conduire au village, revenant prendre ceux qui étaient gardés parfois de
longues heures au contrôle vexatoire, inadmissible, à l’aéroport.
La conférence, qui s’est tenue les 20 et 21 février 2006 dans l’école de
Bil’in, a rassemblé environ 400 personnes, dont une petite centaine
d’internationaux (environ 40 français, dont 35 venus par l’AFPS, de
l’UJFP et de comités locaux, et le maire de Fosses (95)), et une
centaine de pacifistes israéliens de divers mouvements (Gush Shalom,
AIC, International Solidarity Movement, Anarchistes contre le Mur, ...).
Elle se tenait dans l’école - en congé le premier jour - sous une
superbe tente multicolore (fournie par ISM) dressée dans la cour. Il
régnait une belle ambiance, chaleureuse.
De nombreux villages et villes des alentours qui subissent aussi
l’enferment et les annexions territoriales par le mur ont envoyé des
représentants.
Les présentations ont eu lieu en arabe ou en anglais avec traduction
dans les deux sens. Pour les Français ne parlant aucune de ces deux
langues, on a improvisé une traduction anglais-français grâce à une
militante des Anarchistes contre le Mur (AAW).
20 février matin. Séance plénière.
Remarque : Les notes ci-dessous ont été saisies sur place et traduites
de l’anglais. Nous avons essayé d’être le plus fidèles possible. Mais
nous n’avons pas toujours réussi à tout noter. Nous nous en excusons par
avance auprès des intervenants et des lecteurs.
Les participants ont observé une minute de silence en mémoire de ceux
qui sont tombés pour la liberté et l’indépendance.
Abdallah Abou Rahma, coordinateur du comité populaire de village pour la
résistance non violente contre le mur ouvre la conférence en souhaitant
la bienvenue aux participants de tous les pays du monde qui sont venus
aujourd’hui exprimer leur solidarité avec les Palestiniens dans leur
lutte contre l’occupation.
Il insiste sur l’importance du type de lutte commune qui a été
“inventée” par Bil’in il y a juste un an : à la fois non-violente,
commune à tous ceux qui sont opposés à l’occupation militaire, que ce
soient les Palestiniens, les Israéliens pour la paix, ou les
Internationaux, et “de masse” dans leur village où tous les habitants
sont mobilisés. Il indique aussi que le Conseil de village a été d’une
grande aide dans la lutte contre le Mur.
Mohamed Abu Rahma, chef du Comité populaire de village,
remercie tous ceux qui ont répondu à leur invitation, les
représentants des mouvements de solidarité internationale, les
Israéliens, les responsables et les membres des villages environnants.
Il remercie aussi le personnel de l’école et les représentants du
village.
Il souligne la valeur symbolique de la présence et du soutien des
présents.
En effet, il est important de continuer cette lutte contre le
mur, et cette lutte est impossible à mener sans un soutien fort
d’Israéliens et d’Internationaux.
"Les gens d’ici ont beaucoup souffert des colons et de l’armée
israélienne. Nombre d’entre eux ont été blessés, beaucoup ont été
arrêtés. Mais ils continueront à résister pour faire tomber ce mur
honteux.
Nous vous appelons, s’il vous plaît, à soutenir notre lutte jusqu’à son
terme.
La stabilité dans les villages de Palestine sera une contribution
importante à la stabilité dans d’autres parties du monde.
Nous espérons que bientôt, nous serons libres dans un état palestinien
dans les limites de la ligne verte de 1967 avec Jérusalem comme capitale
et le retour des réfugiés".
Qadoura Fares [1] : La lutte populaire contre Israël
"J’ai toujours respecté ce type de lutte qui met en avant l’amour de la
liberté. C’est une lutte claire pour tous dans le monde. En particulier
dans cette situation difficile, nous avons besoin de ce type de lutte.
En dépit de toutes leurs difficultés, les Palestiniens résistent
toujours, et ils sont avides de liberté.
Les Palestiniens forment un peuple positif et responsable. Ils partagent
leur lutte populaire à travers la 1ère et 2ème Intifada : lutte
populaire et recherche de soutien international. Ils ne se reposent pas,
pour leur lutte, sur les épaules d’organisations. Depuis le tout début,
ils ont participé et pris l’initiative dans leur lutte.
Depuis le tout début, nous avons appelé à ce type de résistance non
violente, car c’est le plus efficace. Mais malheureusement, les médias
israéliens ont raconté partout que les mères envoyaient leurs enfants à
la mort, en première ligne face aux soldats. Et malheureusement, les
médias étrangers ont largement diffusé ces contre vérités. Il nous faut
donc en plus lutter contre ce type de médias jusqu’à ce qu’ils donnent
une image véridique des Palestiniens.
La lutte populaire est notre choix. Elle est arrivée à un point où elle
doit s’étendre.
Toutes les révolutions atteignent un jour un point où il faut
internationaliser la lutte.
Les Israéliens utilisent la force, tuent les enfants. Il y a un grand
nombre d’enfants martyrs, ils représentent cette lutte commune.
Les Européens et les Israéliens le savent bien qui ont subi cette sorte
d’occupation, et ceci explique leur nombre ici à cette réunion.
Au début de cette lutte commune, il y avait cinq Israéliens et six
Internationaux pour résister avec les Palestiniens. Parce que nous avons
su les convaincre de la justesse de ce combat non violent et commun,
voyez combien ils sont plus nombreux maintenant.
Je lance un appel pour que de cet effort résulte un mouvement pour la
paix avec un plan d’action clair et complet".
Uri Avnery - Gush Shalom (extraits)
Je suis ému chaque fois que je viens à Bil’in. Aujourd’hui je suis
encore plus ému car Bil’in est devenu un symbole sur trois plans.
D’abord un symbole du courage des Palestiniens. Ensuite du lien entre
les pacifistes israéliens et les Palestiniens. Enfin du soutien des
mouvements internationaux pour la paix. C’est un symbole pour le futur.
Nous sommes deux peuples, le peuple israélien et le peuple palestinien
ensemble sur une même terre. C’est une situation unique au monde. C’est
différent de l’Afrique du sud, différent de l’Algérie. C’est arrivé dans
des conditions uniques au monde.
Imaginez une personne qui vit au premier étage. Pour sauver sa vie, elle
doit sauter par la fenêtre et elle tombe sur un passant. Celui-ci est
blessé et invalide à vie.
Les juifs il y a 50 ans ont commencé à fuir
l’Europe à cause de la chasse aux juifs, puis de l’holocauste. Les juifs
se sont enfuis en Palestine en ignorant qu’il y avait des Palestiniens.
Le but de notre lutte est de faire la paix et de rendre justice aux
Palestiniens. Depuis on a utilisé le slogan selon lequel la Palestine
est un pays vide et que les Palestiniens n’existent pas : « Une terre
sans peuple pour un peuple sans terre ». C’est pour quoi la lutte des
Palestiniens avec les Israéliens est très importante.
Le premier à le
réaliser a été Yasser Arafat. Il a compris qu’il n’y avait pas de
solution militaire à ce conflit, seulement des solutions politiques. Et
il a envoyé des émissaires pour discuter avec les mouvements pacifistes
israéliens.
Il y a 20 ans, ont commencé les contacts réguliers entre ces
mouvements pour la paix et l’OLP. Pendant l’invasion du Liban, j’ai
rencontré Arafat à Beyrouth en plein sous les bombardements, et il
parlait de paix entre la Palestine et Israël.
Sommes-nous arrivés à quelque chose ? Au fur et à mesure que le temps
passe, la situation des Palestiniens empire.
Mais je crois en fait que
la situation est en train de changer. Il y a 20 ans, il n’y avait
pratiquement aucun Israélien prêt à accepter l’existence d’un peuple
palestinien. Et maintenant, il n’y a pratiquement plus d’ Israéliens
qui nient l’existence de ces Palestiniens.
On disait que Arafat et l’OLP
étaient des terroristes, dans leur charte ils demandaient la destruction
d’Israël. Maintenant, on dit la même chose du Hamas. Et pourtant il y a
une majorité dans les sondages pour la reconnaissance d’un état
palestinien, et même pour admettre que l’on peut discuter avec le
nouveau pouvoir palestinien.
Maintenant, il nous reste à convaincre les Israéliens que la paix est
possible. C’est difficile car ils ont connu tellement de mensonges, ils
ont eu à souffrir de tant de violences.... Mais je suis sûr que la lutte
que vous menez est capable de les en convaincre.
En ce moment, les gens sont déprimés, mais il n’y aucune raison d’être
déprimé. Car les Palestiniens n’abandonneront jamais leur lutte, et
parce que les gens en Israël commencent à être instruits de ce que vous
faites. Et nous continuerons à les instruire plus encore.
« Chers amis, il est très facile de désespérer. Chacun de nous connaît
des moments de découragement. Mais je suis convaincu que la paix
gagnera, la justice gagnera.
Il y a quelques semaines, j’étais à Berlin.
Dans des magasins, il y avait des morceaux du mur de Berlin en vente. Le
jour viendra, comme ici à Bil’in, dans un Etat palestinien libre, où
quelqu’un pourra acheter un morceau du mur que nous combattons
aujourd’hui.
Chaque fois que je suis à Bil’in, et en d’autres endroits
de la Palestine occupée, je ne puis m’empêcher de penser quel paradis
serait ce pays s’il y avait la paix, une paix basée sur la justice et le
respect mutuel.
Cette paix viendra. Et quand elle sera là, le dernier
souhait de Yasser Arafat, dont ont voit la photo ici, sera réalisé : ses
restes seront ensevelis à Jérusalem. ».
Mustapha Barghouti (al Mubadara- titre de la
communication)
Je veux exprimer ici toute mon estime pour le combat de Bilin, parce
qu’il est devenu un a
symbole de la lutte non violente contre
l’occupation.
Le mur n’est pas seulement un mur. Il est devenu la solution pour les
Israéliens pour résoudre le problème que leur posent les Palestiniens :
ils ont essayé tous les moyens possibles pour les chasser de chez eux.
Ils ont échoué, les Palestiniens sont restés. L’alternative qu’ils ont
trouvée est de les enfermer dans des bantoustans entourés par des murs.
Ce n’est pas seulement un mur, mais l’expression du système d’apartheid
pratiqué par Israël : 80% des Palestiniens ont été interdits de quitter
leurs villages pendant les 5 dernières années. Ce processus a commencé
lorsque les Israéliens ont réalisé que jamais les Palestiniens
n’abandonneraient leur lutte pour la liberté et pour l’indépendance : en
effet les territoires annexés derrière le mur sont exactement ce qu’ils
avaient mis en zone C au moment des accords d’Oslo en 1993. Les
bantoustans étaient implicites déjà dans Oslo.
Mais on ne pourra pas demander aux Palestiniens un compromis sur le
compromis (qui consiste à accepter un état à l’intérieur de la ligne
verte). Ils ne lâcheront pas un pouce du territoire qui a été
internationalement reconnu à Oslo. Le mur doit tomber.
Solution : (un Etat palestinien sur la)ligne de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, plus la
reconnaissance du droit au retour des réfugiés avec négociations.
C’est maintenant au Hamas de négocier cette solution puisqu’ils ont été
élus par le peuple.
Les élections ont été un modèle de démocratie, de transparence. Bien sûr
personnellement, j’aurais aimé qu’il y ait moins d’élus Hamas, mais
c’est un autre problème.
Maintenant la Palestine a montré qu’elle est la deuxième démocratie au
Moyen Orient.
Elle est même plus démocratique qu’Israël. L’organisation de ces
élections a été un succès de la lutte non-violente, par exemple comment
les Palestiniens et l’Autorité palestinienne ont forcé les Israéliens à
accepter des élections à Jérusalem par des moyens pacifiques. C’est
aussi une part de la lutte contre le Mur.
Les Israéliens ont annoncé qu’ils ne veulent pas discuter avec le Hamas
parce qu’il serait terroriste. Alors je pose la question : pendant un an
ils ont refusé de négociéer avec Abu Mazen qui les attendait de façon
pacifique au parlement. Avant ils avaient refusé de négocier avec
Arafat.
La vérité, c’est qu’ils veulent gagner du temps pour imposer
leur solution unilatérale : récupérer 52% de la Cisjordanie, tout
Jérusalem, plein de colonies, etc.
C’est grave car ils sont en train de
détruire ce que les Palestiniens avaient obtenu, un état libre sur 22%
de la Palestine.
C’est très dangereux. Pour Israël, le temps d’Oslo est
passé. Ils n’ont en plus besoin. Ils avancent.
Il faut boycotter Israël, le plus important exportateur d’équipement
militaire. C’est un outil très important pour les internationaux. Et si
on ne veut pas sanctionner Israël, au moins, il faut sanctionner toute
coopération militaire avec Israël.
Rien au monde ne pourra briser la
résistance palestinienne".
Kais Abu Leila, membre du CPL sur les élections :
"Je suis fier de voir la population de Bil’in qui fait face à ce mur
inhumain. Elle est le symbole de tous les Palestiniens face à une
occupation inhumaine.
Maintenant, notre pays a un régime démocratique.
Ce changement dans le régime palestinien est utilisé comme prétexte par
les Israéliens pour appliquer leur politique unilatérale. Parfois ils
disent “temporaire”, parfois ils disent “unilatéral”, mais dans tous les
cas ils imposent la solution qu’ils ont choisie.
En ce moment, les Israéliens imposent des sanctions à tout un peuple à
cause du Hamas. Mais il faut rappeler que depuis toujours ils imposent
de plus en plus de sanctions pour forcer les Palestiniens à accepter
leur solution unilatérale et injuste.
Il me semble que nous faisons face à une accélération de la violence, à des
sanctions de plus en plus violentes et rapides. Alors, de notre côté,
nous devons nous organiser de mieux en mieux, nous devons partager de
plus en plus la lutte populaire.
J’espère qu’avec cette conférence, je peux dire à tous les comités
populaires de villages de s’unir pour faire face au mur, et de prendre
en compte l’expérience acquise à Bil’in.
Nous demandons une action internationale diplomatique et politique
contre le mur afin qu’Israël suive les résolutions de la Cour
Internationale de Justice de La Haye.
Nous demandons aussi que l’ISM demande l’application des résolutions
de La Haye contre le mur et l’application de sanctions à Israël
puisqu’il ne les applique pas.
Il faut aussi un combat au niveau international pour mettre le mur et
les souffrances qu’il impose au peuple palestinien sur l’agenda de
l’ONU.
Il nous faut absolument nous unir dans la lutte pour la solution de deux
états pour deux peuples vivant en paix de part et d’autre de la
frontière de 1967".
Abdallah Abou Rahma
"Je veux exprimer notre solidarité avec les habitants de la vallée du
Jourdain dont les terres sont en train d’être annexées pendant que nous
sommes ici à Bil’in".
Khassem al Khatib, journaliste, sur le rôle des média dans la lutte :
"Lorsque nous venons à Bil’in, nous les journalistes, nous sommes
toujours contents. C’est bien sûr parce que nous sommes solidaires de
cette lutte, mais c’est aussi parce que nous savons qu’il s’y passe
toujours quelque chose de nouveau.
Lorsqu’on discute avec des membres de la Knesset, on se rend compte que
ce qui n’est pas dans les médias n’existe pas. De même pour les
journalistes, si un évènement n’est pas photographié, alors il n’existe
pas.
Il faut donc que nous soyons présents de façon continue et pas seulement
en fonction des circonstances.
Le type de lutte qui s’est développé à Bil’in devrait être pratiqué
partout. Il me semble qu’on le voit peu, même dans les villages voisins.
Si l’on veut obtenir un résultat, il faut que l’on puisse le faire
apparaître un minimum dans les médias".
Abdallah Abou Rahma
"Il y a maintenant d’autres villages qui luttent de la même façon :
Beit-Sira et Abud. Trente personnes sont encore en prison.
Par ailleurs il faudrait aussi organiser la lutte contre les
check-points".
Mohamad el Khatib,, sur la lutte à Bilin
"Il y a exactement un an que nous avons commencé notre lutte contre le
mur et contre la confiscation de notre terre (2300 dunams = 230
hectares).
Nous avons commencé par organiser une manifestation quotidienne pendant
2 mois, puis nous avons décidé d‘en faire une par semaine, le vendredi.
La réaction des Israéliens a été très agressive. 350 personnes ont été
blessées, d’autres ont été arrêtées. Le village a été envahi pendant la
nuit et les soldats ont dit que c’était une punition collective. Puis le
couvre-feu a été décrété.
Mais rien de tout cela n’a pu stopper notre résistance.
On peut se demander : pourquoi Bil’in ? pourquoi cela a-t-il réussi à
durer si longtemps ? pourquoi avons réussi à établir un partenariat ?
Peut-être parce nous avons décidé de continuer notre lutte sans changer
notre vie quotidienne, sans arrêter les cours à l’école, etc. Nous
n’avons forcé personne à se joindre à nous.
Nous continuons aussi parce que nous oeuvrons à l’unité nationale des
Palestiniens d’où qu’ils soient et à quelque parti qu’ils appartiennent.
Dans les manifestations, les drapeaux nationaux ont toujours flotté
plus haut que les drapeaux des partis.
Parce que nous avons compris ce que l’occupation représente pour nous et
pour nos ennemis, nous pouvons nous battre plus efficacement.
La
stratégie de l’occupation est de vider cette terre de ses occupants.
Nous nous appuyons sur tous ceux qui veulent nous soutenir, quelque soit
leur religion ou leur nationalité. C’est ainsi que les pacifistes
israéliens sont nos partenaires. Au début, il y en avait 5 ou 6.
Maintenant, ils sont plus de 110.
Nous savons à quel point la violence des soldats israéliens est
différente lorsqu’ils ont en face d’eux des Israéliens ou des
Internationaux et lorsqu’il n’y a que des Palestiniens.
Alors, nous
avons tiré parti et nous luttons toujours ensemble.
Nous avons aussi compris que les medias veulent des évènements. Alors
nous inventons quelque chose de nouveau chaque semaine.
Notre lutte dure à Bil’in parce que nous comprenons notre ennemi et
comment nous conduire avec lui, et nous avons réussi à montrer aux
médias que la sécurité n’est pas la raison d’être du mur.
Nous n’avons
pas d’autre arme que notre cerveau. Nous montrons que nous sommes les
victimes et que les soldats israéliens sont les agresseurs.
Nous avons
réussi à ce que les médias viennent chaque semaine et qu’ils montrent
la violence israélienne. Par notre combat pacifique, nous réussissons
ainsi à atteindre l’un de nos objectifs. Une fois, nous avons réussi à
éviter que les soldats utilisent leurs armes. Mais ils ont pris nos
oliviers et nous n’avons pas réussi à les en empêcher.
Nous avons réussi à montrer publiquement qu’ils ne sont que des machines
à obéir aux ordres.
C’est nous qui prenons l’initiative".
Nawaf Asuf : La lutte à Salfit, Kalkilyia
"La stratégie israélienne est d’évacuer le peuple palestinien des terres
qu’il possède, par la force, par les blessures.
L’occupation est un corps organisé, donc nous devons être organisés
aussi.
Nous sommes seuls dans notre lutte, nous n’avons personne sur qui nous
appuyer. Même les Nations Unies ne font rien pour que leurs résolutions
soient appliquées.
Et Israël retourne la situation en convaincant le monde entier que ce
sont eux les victimes.
Autre exemple de lutte non-violente à mentionner : la grève de la faim
des prisonniers pendant 26 jours. Ils ont payé le prix : il y en a qui
ont sont morts, ils ont souffert. Ils n’ont pas tout gagné mais ils ont
quand même obtenu certaines de leurs demandes pour le respect des droits
humains.
Pendant qu’ils construisaient le mur à Tulkarem et aussi à Kalkylia, ils
ont envahi les villes et c’était très dangereux de mener quelque action
que ce soit, le risque étant d’être tué.
Des manifestations se sont tenues avec l’aide de pacifistes
internationaux, rappelons nous Naamani [2].
Il y a eu beaucoup de confrontations à Budrus, Tulkarem etc ;
Deux questions aux Israéliens et Internationaux :
1- Quel succès avons-nous obtenu, verticalement et horizontalement dans
notre lutte contre le mur ?
Si nous ne réussissons pas à attirer Internationaux et Israéliens nous
disparaîtrons dans l’obscurité.
Nous voulons que le peuple israélien sache que nous ne sommes pas en
lutte contre les juifs en tant que religion, nous sommes seulement
contre l’occupation.
Il y a eu progression horizontale de notre lutte jusqu’à ce qu’elle
atteigne Salfit et à la fin Bil’in.
Quelqu’un a demandé pourquoi notre lutte ne s’est pas étendue à d’autres
endroits. Je vais répondre à cette question. Nous avons tellement de
difficultés pour étudier, pour trouver à nous nourrir, pour se soigner,
pour aller à l’hôpital. Pour tous les actes de la vie, il faut se
battre. C’est très difficile".
Hani Abou Haikal , Hébron
"Il y avait déjà un mur qui avait
été construit à Hébron, avant que l’on
ne parle du ”Mur”.
Bil’in est un bon exemple. Combat merveilleux.
Leur première expérience dans la résistance non violente.
Hébron est directement occupée.
Après l’armée a donné l’autorisation de rebâtir ce que les colons
avaient détruit. Puis Hébron a été coupée en petits cantons avec des
fermetures constantes. Il faut transporter la nourriture en sacs ;
négociations par l’intermédiaire des Internationaux quand il y a un
malade. Les négociations peuvent durer 2 jours et le patient peut
mourir.
Je demande à tous de faire pression sur les gouvernements pour qu’Israël
arrête cette politique agressive".
Abdallah Abou Rahma
Remercie les ISM de leur soutien et de leur aide. Ils se dépensent sans
compter pour les aider, ce sont nos « soldats cachés », toujours là.
Exemple : Pour la manif d’un certain vendredi, à minuit ils ont fait
ouvrir des boutiques pour acheter des chaînes et ils étaient là à 5
heures du matin et sont enchaînés face aux soldats israéliens.
Neta Golan ISM (International Solidarity Movement)
Trois axes dans l’action des ISM :
– 1 Se joindre aux manifs, car les soldats ont dit que leur ordres ne sont
pas les mêmes selon qu’il y a ou non des Israéliens. Ainsi ils se sont
excusés quand ils ont blessé Naamani, ils ont dit qu’ils ne savaient pas
qu’il était juif !! Au contraire, au village de Safat qui a fait des
manifs sans Internationaux, les soldats israéliens ont tué 3 jeunes.
– 2 Protéger les enfants qui vont à l’école comme à Hebron
– 3 le 3eme point est la mise sur pied d’une équipe médicale d’urgence.
Quand les enfants voient les soldats envahir les maisons et humilier les
gens, c’est insupportable et certains sortent et lancent des pierres, et
il y a des morts.
Une résistance non-violente est de violer le
couvre-feu, de porter aide aux gens, de leur donner à manger et d’emmener
les blessés à l’hôpital. Et pour çà ils ont aussi besoin des
Internationaux.
En ce moment invasion de Balata.
Action hors de Palestine.
– Boycott d’Israël ou des produits des colonies.
– Mouvement de désinvestissement des entreprises israéliennes ou des
entreprises qui travaillent pour Israël.
Enfin, le plus efficace, c’est les plaintes contre les militaires et les
politiques israéliens (cf, Angleterre, Belgique)
(Ayed Morar ?) SUD HEBRON
Masaryata. 17 petits villages. 3 colonies principales : Carmel, Mahon,
Sothia.
Les gens vivent de la terre. Ils souffrent terriblement des
agressions de colons qui attaquent tout, jeunes, vieux et même les
arbres.
Personne n’est au courant. Taayoush est venu et travaille avec les
militants à porter les problèmes à la vue du monde.
L’activité des
colons a alors été réduite.
La stratégie des colons est de détruire l’économie locale qui repose
essentiellement sur l’élevage.
Alors pour se débarrasser du bétail, ils ont empoisonné les terres : 84
bêtes mortes, 164 presque récupérées. Ils ont aussi empoisonné les
citernes d’eau. Les colons sont les mêmes partout. Leurs capacités de
nuisance peut être limitée si on répand l’information dans nos pays..
Puis avant la pause repas il y eut un hommage à ceux qui sont tombés
dans la lutte contre le Mur.
Des plaques commémoratives ont été remises par des invités de marque
(des Palestiniens + Uri Avnery + le maire de Fosses) à des représentants
des villages concernés.
20 Février après-midi : Les ateliers
Lundi après-midi se sont tenus des ateliers avec des représentants de
Bil’in, Salfit, Hares, Tulkarem, Naplouse, Mas’ha Kalkilia, Budrus, Beit
Likya, Jérusalem, Hébron pour discuter en quoi consistait la lutte
commune (Palestiniens, Israéliens, Internationaux), de ses avantages et
difficultés, et comment surmonter les problèmes rencontrés.
Et un atelier sur la solidarité internationale où nous avons présenté la
lutte menée en France contre le tramway colonial à Jérusalem avec pour
objectif de voir comment on pouvait coordonner des actions avec les
Palestiniens et Israéliens [3].
En soirée était projeté un film - réalisé par Emad Burnat de Bil’in -
retraçant les diverses périodes de la lutte. Les français ont été
remerciés pour leur présence importante et pour avoir financé l’achat
d’une caméra.
Mardi 21 février
Mardi matin des propositions pour l’avenir étaient présentées et
discutées.
Une vingtaine de propositions ont été formulées. Elles seront étudiées
par le Comité populaire, nous espérons en recevoir la liste bientôt.
A été retenue la proposition de mener une action contre le Mur tous les
mois.
Ainsi que la décision de tenir une conférence annuelle dans un village
actif dans la lutte contre le Mur et l’occupation.
L’après-midi nous étions des centaines à nous rendre à la cabane
construite de l’autre côté du Mur, traversant la clôture y compris à un
endroit où elle avait été arrachée.
Un match de foot s’est déroulé sur le terrain aménagé par les habitants.
Des oliviers étaient plantés sur la terre annexée.
Les gens de Bil’in prenaient possession symboliquement de leur terre.
L’armée israélienne était là, sans intervenir. La présence des médias et
des « étrangers » était apparemment dissuasive ce jour-là.
La lutte de Bil’in, Abud, Beit Sira et de tous les autres continue.
Et rendez-vous est pris pour la prochaine conférence.