Pour la première fois, la Commission d’Ethique de la Knesset a décidé d’interdire à un député de voyager à l’étranger pour un voyage subventionné par une organisation qui soutient le boycott d’Israël.
Le député Yousef Jabareen, membre principalement du Parti de la Liste Arabe Unie [1] a été informé mardi par le président de la commission, Yitzhak Vaknin (du Shas), que la commission avait décidé de rejeter sa demande de partir en avion à l’étranger pour une série de conférences en avril qui doit être financée par la Voix Juive pour la Paix [2]. L’association est mentionnée sur une liste, du Ministère des Affaires Stratégiques, des associations qui soutiennent le BDS, le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions à l’encontre d’Israël.
En janvier, la Commission de la Chambre de la Knesset a appelé la Commission de l’Ethique à envisager d’interdire aux députés d’entreprendre un voyage financé par des associations inscrites sur la liste du Ministère des Affaires Stratégiques. Le président de la Commission de l’Ethique, Vaknin, a confirmé que les membres de la Commission avaient demandé au Ministère des Affaires Stratégiques davantage de renseignements sur la Voix Juive pour la Paix. Une réponse fournie par le Ministre des Affaires Stratégiques, Gilad Erdan, a fait observer que l’organisation « est actuellement considérée comme une des organisations de premier plan du boycott aux Etats-Unis, professant son soutien au BDS en tant qu’outil non-violent qui contraindra l’Etat d’Israël à changer de politique et à renoncer aux « territoires occupés ». »
En écrivant à la commission, Erdan faisait observer : « l‘association tient une assemblée annuelle de ses membres, un évènement au contenu évident lié au BDS concernant l’Etat d’Israël. A son dernier congrès, qui s’est tenu en avril 2017, il y a eu un certain nombre de séances qui ont traité, entre autres, du boycott universitaire d’Israël, de la lutte contre la législation anti-BDS, d’activités renforçant le boycott effectué par les organisations syndicales, et la préparation de campagnes contre Israël sur un certain nombre de fronts ». Erdan a déclaré que l’association a aussi hébergé Rasmea Odeh, qui a été reconnu coupable de l’assassinat terroriste de deux Israéliens dans les années 1960.
Dans une réponse à Haaretz, Jabareen a dit à Haaretz : « la décision de la commission constitue un coup sévère à ma liberté d’action politique en tant qu’élu. Sans le financement par l’association qui lance l’invitation, je n’aurais bien sûr pas été en mesure de voyager, en raison des importantes dépenses pour le voyage et pour la tournée de conférences qui est projetée. C’est une activité qui est une partie fondamentale et intégrante de mon rôle en tant que membre de l’opposition à la Knesset. »
Jabareen a déclaré qu’il envisage de contester la décision de la commission d’interdire ses projets de voyage en déposant une requête devant la Haute Cour de Justice qui contesteraient aussi les règles éthiques qui autorisent l’interdiction. La décision constitue « une énorme violation de la liberté d’expression et de la liberté de l’activité politique des députés », a-t-il dit.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers