Ni tristesse, ni célébration de joie dans les rues de Ramallah. Les Palestiniens font preuve d’une certaine indifférence à l’annonce de la mort de Shimon Peres. Un groupe de jeunes étudiantes palestiniennes confient d’ailleurs connaître Benyamin Netanyahu, l’actuel Premier ministre, et Ariel Sharon, l’ancien, mais pas Shimon Peres.
Pour la plupart des Palestiniens, l’ex-président israélien reste, bien sûr, l’homme qui a négocié et paraphé les accords d’Oslo avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Mais Oslo, signé il y a plus de 20 ans, est désormais sous le feu des critiques : l’Etat palestinien n’est toujours qu’un vague projet et les Palestiniens ne veulent pas se contenter d’une simple autonomie sur 20 % de la Cisjordanie.
Dans son atelier de confection, Fathi al-Mabda se souvient bien de l’image où Shimon Peres, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat signaient les accords d’Oslo en 1993. Mais ce trentenaire est très critique sur ces accords qui n’ont amené qu’une infime autonomie aux Palestiniens :
« On a tout de suite vu que les accords d’Oslo c’était une mauvaise affaire pour les Palestiniens. C’était une bonne chose pour les Israéliens mais pas pour nous. Pas du tout. Peres, pour moi, c’est un diable. Il ressemble à un ange mais c’est un diable qui n’a pas hésité à tuer des Palestiniens un peu partout. Selon moi, c’est un criminel », dit-il.
« Tous les dirigeants israéliens se valent »
Shimon Peres, lauréat 1994 du prix Nobel de la paix, a aussi œuvré pour la réconciliation une fois sa carrière politique terminée, en organisant par exemple des matches de football entre des enfants israéliens et palestiniens.
Mais en refusant d’expulser les premiers colons installés notamment dans la ville d’Hébron en 1968, Shimon Peres reste pour les Palestiniens, l’un des premiers responsables israéliens à avoir accepté la colonisation.
Ensuite, en tant que ministre de la Défense au début des années 1970, il a légalisé un certain nombre de colonies, ce qui a contribué, selon les Palestiniens, à la situation actuelle avec près de 500 000 colons israéliens qui vivent dans les Territoires palestiniens. Impardonnable.
Pour Narmin Saleh, sortie faire quelques courses dans les rues animées de Ramallah, l’image donnée de l’ancien président israélien est très loin de la réalité. « Je ne pense pas que c’était un homme de paix, même si on lui a donné le prix Nobel. Pour moi, en tant que Palestinienne, je trouve que tous les dirigeants israéliens se valent. Et lui n’a rien fait de plus que les autres », lâche-t-elle.
Les Palestiniens ne lui pardonnent pas non plus d’avoir défendu la manière forte lors des soulèvements palestiniens en Cisjordanie ou à Gaza.
Mahmoud Abbas garde une autre image de l’ancien président israélien
Le président de l’Autorité palestinienne a salué ce mercredi « un partenaire courageux pour la paix », qui avait signé les accords d’Oslo avec son prédécesseur Yasser Arafat. Mahmoud Abbas a envoyé une lettre de condoléances à la famille du défunt. Il décrit Shimon Peres comme ayant « mené des efforts soutenus et ininterrompus pour parvenir à la paix depuis Oslo et jusqu’à son dernier souffle ».