À l’issue de la conférence des pays donateurs à Paris, le président palestinien Mahmoud Abbas a souligné hier devant la presse combien la mise en oeuvre de nouvelles constructions dans les colonies israéliennes était un obstacle au processus lancé au début du mois à Annapolis. « Nous avons clairement dit qu’Israël devait arrêter la construction et l’extension de colonies », a-t-il indiqué.
Cette poursuite de l’extension des implantations juives est tellement contradictoire avec la visée de la constitution d’un État palestinien pourtant affirmée par les différents participants à la conférence, que l’Union européenne (UE) et les États-Unis ont réagi en critiquant les décisions israéliennes, estimant qu’elles pourraient effectivement affecter les arrangements d’Annapolis.
Lundi, alors même que se déroulait la conférence de Paris, un haut responsable israélien avait confirmé que les autorités israéliennes allaient autoriser des constructions à l’intérieur de colonies en Cisjordanie. Ces permis de construire seraient « strictement confinés dans les limites actuelles des colonies concernées », a-t-il justifié.
Comment croire dès lors à un prochain démantèlement des colonies si celles existantes sont sans cesse renforcées. Pour les Palestiniens, a fait observer Mahmoud Abbas, « le gel total des constructions » dans ces implantations, réclamé par la « feuille de route » internationale de 2003, est une condition cruciale des négociations.
Le président palestinien a réservé par ailleurs un « accueil favorable » à la proposition de Nicolas Sarkozy d’une force internationale destinée à aider les services de sécurité palestiniens. Le président français avait proposé, à l’ouverture de la conférence de Paris, la création d’une telle force chargée, « le moment venu et lorsque les conditions en seront réunies », de suppléer la police palestinienne.
Si le déploiement d’une force d’interposition internationale entre Israéliens et Palestiniens pouvait être particulièrement bienvenu pour empêcher les agressions armées contre les populations civiles de part et d’autre ou les initiatives en contravention avec les résolutions de la communauté internationale, ce n’est naturellement pas de cela dont il s’agit ici. Le projet de déploiement d’une force européenne s’inscrit dans une logique strictement sécuritaire focalisée uniquement sur la partie palestinienne. Elle jette ainsi une lumière particulièrement crue sur le type de règlement que cherchent à imposer les États-Unis et leurs alliés, prêts, certes, à épauler les Palestiniens pour qu’ils maintiennent l’ordre vaille que vaille dans les territoires, tout en exemptant la partie israélienne de la moindre véritable obligation.